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vendredi 29 mars 2024

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Attaques du 2 mars: « …..Je ne vais plus rentrer dedans. C’est fini !», Zakaria Karignan (interview)

Minute : Comment êtes-vous arriver à combattre aux côtés de l’armée le jour de l’attaque de l’Etat-major général des Armées.

Z. Karignan : Le jour de l’attaque j’étais dans les environnants quand l’attaque s’est produite. Je n’étais pas dans une banque comme la rumeur l’avait annoncé. J’ai entendu le bruit. Les gens couraient dans tous les sens et je me suis dit qu’il était mieux d’aller voir. Les militaires tiraient et je me suis approché d’un soldat. Je me suis présenté. Je lui ai dit que je suis ex-soldat. Il m’a reconnu. C’était mon promotionnaire. Il tenait une arme collective et non individuelle. C’est ainsi que je me suis proposé de combattre à leur côté. Conscient que son arme était collective, le soldat m’a confié les munitions qui étaient en chaine et il tenait l’arme.

Sous les feux des tirs sans équipements adéquats, c’était quand même très risqué de votre part.

C’est vrai. Je n’avais pas d’équipements. Mais ce ne sont pas les gilets et les casques pare-balles qui font le combat. Ce sont le courage du soldat et la technique de combat de l’individu qui déterminent l’issue d’un combat.

Vous avez été radié des effectifs de l’armée depuis 2011, vous aviez le choix de ne pas combattre non ? 

C’est parce que mon pays était attaqué. Moi, Karignan Zakaria, j’ai choisi l’armée par vocation. Je n’ai pas choisi l’armée pour l’argent. Je n’ai pas choisi l’armée pour avoir une tenue et faire un défilé de mode et me faire voir. J’ai choisi l’armée pour servir ma patrie et la Défendre. J’ai prêté main forte aux militaires et Dieu merci je suis sorti sain et sauf.

Dès les premiers instants, des rumeurs laissaient entendre que vous étiez l’un des assaillants. Est-ce-que vous étiez au courant de ces informations ?

Non ! C’est quand je suis sorti de prison que j’ai appris tout cela.

Avez-vous été arrêtés pendant les combats ?

Non ! J’ai été arrêté lorsque les combats ont cessé. C’est au moment où les autorités commençaient à venir sur les lieux que j’ai été arrêté. En ce moment tout était fini. J’ai été menotté et amené à la gendarmerie.

Quelles ont été vos conditions de détention à la gendarmerie ?

Quand on m’a amené à la gendarmerie, j’ai été auditionné et enfermé par la suite dans une cellule. Je mangeais, dormais et faisais mes besoins dans la cellule pendant mes 17 jours de détention. Je mangeais une seule fois par jour. Je buvais 1 litre et demi d’eau par jour. La nourriture que je mangeais était achetée par mon propre argent. J’étais en possession de 3200 F CFA quand ils m’ont arrêté et c’est cet argent que les gendarmes utilisaient pour me chercher à manger. Imaginons un instant si je n’avais pas cet argent, qui allait me nourrir ? C’est le 20 mars que j’ai été définitivement libéré, mais ils ont confisqué mes téléphones. Jusqu’à présent ils ne me les ont pas remis.

Est-ce-que de la cellule vous étiez en contact avec votre famille et vos amis ?

Non ! Je n’avais pas droit à une visite. Il y a un de mes frères qui a tenté de me rendre visite trois jours après mon arrestation. On lui a dit qu’on ne s’occupe pas de visite mais qu’on s’occupe des morts. Il a été découragé et il est allé rendre compte à mon père. Tout cela m’a été raconté par le frère quand je suis sorti de prison. Le papa a fait des va-et-vient trois fois mais on lui a refusé de me voir.

Avez-vous craint pour votre vie à un certain moment de votre détention ?

Oui, bien sûr ! J’ai craint à un certain moment pour ma vie. Les conditions que je vivais m’ont donné l’impression que ce n’était plus pour sortir vivre mais plutôt pour fixer une date et aller m’abattre. J’avais ce pressentiment. Si quelqu’un me disait que j’allais sortir vivant, j’allais dire à la personne que c’est faux. Mes conditions n’étaient pas trop ça. J’étais détenu avec trois autres personnes. Dans la cellule, je m’étais organisé et je pissais dans des sachets.

Au vu du traitement qui vous a été réservé après votre arrestation, est-ce-que si des attaques se produisent encore, on ne le souhaite pas, serez-vous prêts à répéter le même acte de bravoure ?

(Soupir !!!)  Si cela se reproduit, je ne pense pas que je vais encore combattre. J’ai décidé de rendre service à mon pays. Je suis un militaire radié. Et à l’instar de mes camarades d’infortune, nous posons des actes positifs pour montrer aux populations et à nos chefs militaires que nous sommes toujours prêts pour servir notre pays. S’il n’y a pas de changement et tant que ce sera toujours dans ces conditions, je ne vais plus rentrer dedans. C’est fini.

Avez-vous des regrets ?

Non ! J’ai combattu par obligation de ma conscience. J’ai répondu à l’appel de ma conscience et même si je mourais je jour-là, mon âme allait se reposer en paix parce que j’ai pris une décision juste.

Est-ce-que vous avez un appel particulier à l’endroit des autorités concernant le traitement du dossier des militaires radiés en 2011 ?

Je dis tout simplement que les étiquettes qu’on nous a collées en 2011 pour nous radier, nous ne sommes pas ces genres de personnes. Nous avons toujours servi notre patrie et même après notre radiation, nous continuons de le faire. Le Haut Conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) est en train de faire un travail et il y a une date qui a été donnée pour se pencher sur le dossier. Il s’agit du 15 avril 2018 et nous en tenons à cette date.

Minute.bf

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