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Déplacés de Barsalogho : A la rencontre de ceux qui se cherchent une seconde vie


Le 22 juin 2019, des hommes armés non identifiés attaquaient Sago, une localité située à une trentaine de Kilomètres de Barsalogho, dans le Sanmatenga, région du Centre-nord. Une quinzaine de personnes ont été mortellement fauchées ce jour-là plongeant la population dans un désarroi total. « On nous tue et nous ne connaissons pas les raisons de ces assassinats. Que devons-nous faire d’autre si nous n’avons pas les moyens de combattre ces gens ? La meilleure solution pour nous, était de fuir », a soupiré Boureima (nom d’emprunt), un déplacé de Bangmiougou, le regard tourné vers l’inconnu. Fuir ! Oui. Ces événements ont donc causé un grand flux des populations des villages de la zone vers la commune de Barsalogho. Environ trente mille personnes déplacées, c’est le chiffre estimatif que nous a livré le maire de la commune de Barsalogho, Abdoulaye Pafadnam. Minute.bf a voulu mieux savoir sur la situation que vivent ces déplacées. Nous sommes allés à leur rencontre. Les populations ne se sentant toujours pas en sécurité sur les sites, nous n’avons pas voulu les exposer davantage en publiant leurs images ou en les citant nommément. Nous avons donc décidé d’utiliser des noms d’emprunt pour les citer dans notre article. Reportage!

Dimanche 7 juillet 2019 à 16h15 minutes ! Notre équipe de reportage embarque dans un véhicule de transport en commun pour la ‘’cité du Cuir et du Koura-koura’’. Après près de deux heures de route, nous voilà à Kaya, chef-lieu du Sanmatenga et de la région du Centre-nord. Nous sommes conduits chez notre hôte d’un soir, Halidou Sawadogo, instituteur de profession qui, pour cause d’insécurité à son poste d’affectation à Titao dans le Nord, se retrouve aujourd’hui dans un chômage technique, à Kaya auprès des siens. Cette insécurité n’épargne rien sur son passage. Élèves, enseignants, agents de santé, représentants de l’Etat, populations, bref, tout le monde en est victime.

« Il y avait des élèves cracks chez nous. L’insécurité a fait qu’ils ont fui, abandonnant les classes », a-t-il dit de façon désespérée. Une situation qui a obligé le corps enseignant de la zone qui était « une cible de ces terroristes », à quitter les lieux. Aujourd’hui, Halidou Sawadogo regrette le fait que l’avenir de ses élèves soit hypothéqué pour cause d’insécurité. « On attend d’être redéployés dans d’autres localités à la rentrée scolaire prochaine pour continuer à servir notre pays », a-t-il laissé entendre. Avec le labeur qui nous attendait le lendemain nous nous laissions aller allègrement dans les bras de Morphée. Il fallait se réveiller très tôt le lendemain pour rallier Barsalogho, cette commune qui, depuis l’année dernière avec la famine qui avait frappé sa population, est devenue tristement célèbre, surtout avec ce flux de déplacés qui ont envahi toutes les écoles, les lycées, les centres de formations, etc.


A 6h du lundi 8 juillet, l’astre du jour dardait déjà ses rayons perçants sur Kaya. Il était l’heure de partir à la rencontre de ceux qui cherchent une nouvelle vie dans la commune de Brasalogho. Nous nous sommes mis en route, avec comme accompagnateur, l’instituteur Halidou Sawadogo, notre hôte. A 6h15 minutes, nous faisions escale à la gare routière de Kaya. Les véhicules communément appelés « dina » étaient à la recherche de clients pour Barsalogho. Le départ, nous indique un adolescent apprenti, était prévu pour 7h30 minutes. Mais, connaissant ces véhicules qui ne démarrent pas avant d’être ‘’pleins à craquer’’, nous avons décidé de rallier Barsalogho à moto. A la sortie nord de Kaya, c’est une voie rouge avec un état de délabrement avancé qui nous accueille. Il fallait faire focus sur la route sans jeter des coups d’yeux ni à gauche ni à droite si toutefois nous voudrions arriver à Barsalogho sains. Des crevasses, des nids de poule, des secousses, bref, la route Kaya-Barsalogho est un vrai tombeau ouvert pour les usagers.


Ces femmes ont fui le massacre de Sago pour une destination inconnue

Une voie pourtant très empruntée ces temps-ci. Sur notre chemin, c’est dans un épais nuage de poussière que se perdaient les charrettes, les tricycles, les Dinas, tous genres de moyens de transport qui convoyaient des populations, les visages ridés par la fatigue et la détresse. Elles emportent avec elles leurs bagages et biens. Plusieurs destinations étaient en vue pour ces populations. Kaya, Saaba, Tanmasgo, Réo, Bobo, etc.

Joseph (nom d’emprunt) était à quelque 10 kilomètres après Barsalogho en direction de Dem, une localité située à 7 kilomètres de Kaya. Une charrette pleine d’affaires, de vivres et autres. Il venait de Sago, après avoir passé quelques jours à Barsalogho. Il devrait donc parcourir 50 kilomètres en tractant sa charrette accrochée à son âne pour se rendre à Dem. « J’ai quitté Sago après l’attaque contre les chrétiens. Je suis en train d’aller à Dem », nous a-t-il confié avant de flageller son âne pour marquer son redémarrage pour cette cité réputée pour le maraîchage de ses populations. Rasmané, lui, avait été payé pour convoyer des affaires d’un déplacé et de sa famille à Kaya. A l’aide d’un tricycle, il esquivait les nids de poules sur cette voie rouge parsemée d’embûches. Bref, elles sont nombreuses ces personnes que nous avons rencontrions sur en chemin. Le constat était donc clair : Barsalogho se vidait peu à peu de ses déplacés. Qu’est-ce qui peut bien expliquer cela ? Allons donc à la source.

« … si on part à Kaya et qu’il y a toujours de l’insécurité, nous allons continuer jusqu’à Kosyam»

Après 1h30 de route, nous voilà à Barsalogho. Bourgade sise à 45 km de Kaya. Une commune aujourd’hui envahie par des pauvres hères qui ne savent plus à quel saint se vouer. Certains erraient dans la ville comme des déficients mentaux. La tristesse était le message que nous renvoyait le reflet de leur visage. « J’ai vendu ma moto à 90 milles. J’ai vendu le bétail mais la somme que j’ai actuellement ne nous suffira pas pour le voyage », lance Salifou (nom d’emprunt) au bout du fil. Il ne savait plus où mettre la tête. Il faut obligatoirement quitter Barsalogho, mais avec quel moyen? Salifou était désemparé. Il voulait faire partir toute sa famille vers Kaya par tous les moyens.

Aux encablures de la mairie, les minibus ne faisaient qu’embarquer des déplacés pour Kaya. A quelques mètres de là, nous entendions des hourras de manifestants. Mégaphone en main, Salam Sawadogo, employé de commerce à Barsalogho scandait, avec les autres manifestants : « nous voulons la sécurité ! ».

« Nous sommes des employés de commerce. Si nous ne sommes pas en sécurité et que nous devons fermer nos boutiques à cause de l’insécurité, nous serons tous obligés, avec les déplacés, de quitter Barsalogho pour aller encore devant, vers Kaya, voire encore devant Kaya », a-t-il voulu décliner en quelques mots, les raisons de cette deuxième marche dont la première avait eu lieu le vendredi 5 juillet 2019. « Notre marche, a-t-il poursuivi, n’est pas politique. Nous ne demandons que de l’aide. Des déplacés dorment à la belle étoile ; les centres de santé sont pleins. Ces déplacés viennent seuls, aucun militaire ne les suit. Ils fuient leurs villages sans aucune protection pour venir ici. Il y a des corps toujours exposés à dans la nature. Quand on part pour demander une escorte pour aller chercher ces corps pour inhumation, on nous fait savoir qu’il n’y a pas assez d’éléments dans les services », assène-t-il, l’air remonté contre les autorités.

Les populations de Barsalogho manifestant pour réclamer la sécurité pour elles-mêmes et pour les déplacés


Il est soutenu par Dénis Ouédraogo, lui aussi employé de commerce. Pour ce dernier, l’Etat répond à une question qui ne lui a pas été posée. « Nous n’avons pas besoin de vivres parce que ce n’est pas la famine qui a fait déplacer les populations. C’est l’insécurité et nous voulons que la sécurité soit garantie pour ces populations déplacées, mais aussi pour nous, les populations de Barsalogho. Notre commune est actuellement en déséquilibre total. Si rien n’est fait, nous risquons de nous déplacer à Kaya. Et si on part à Kaya et qu’il y a toujours de l’insécurité, nous allons continuer jusqu’à Kosyam (Ndlr ; palais présidentiel, à Ouagadougou) », vociférait-il.

De son côté, le maire de la commune de Barsalogho, Abdoulaye Pafadnam, reconnaissant la légitimité des manifestations, assure que tout sera mis en œuvre pour qu’au cours de la semaine, la sécurité revienne à Barsalogho. « Nous avons bousculé, nous avons informé, nous avons touché qui de droit pour que les choses bougent », nous a-t-il assuré.

Des déplacés témoignent à Barsalogho

Le maire de Barsalogho qui était revenu à Kaya le soir du dimanche 7 juillet n’avait pas pu effectuer le déplacement dans sa commune le lundi 8 juillet. Il nous trouve donc un guide, son conseiller municipal Poussi Diandé pour nous faciliter l’accès aux différents sites des déplacés.

Le premier site que nous avons pu visiter est l’école Barsalogho Centre. Les enfants s’adonnaient à plusieurs jeux pendant que les femmes s’activaient pour le déjeuner. L’espace était perdu dans la fumée des flammes. Plusieurs foyers de circonstance avaient été disposés en plein milieu de l’école. Chaque famille avait sa marmite au feu où bouillait à grosses bulles la pâte de mil appelée ‘’tô’’. A l’ombre des arbres étaient regroupés les hommes plongés dans un silence assourdissant.

Ces affaires sont exposées dehors parce que les locaux du site d’accueil des déplacés n’arrivaient pas à les contenir

Ce sont des âmes perdues et essoufflées par les évènements endurés. Assis sur la barre de sa charrette, Kouka (nom d’emprunt), la cinquantaine révolue, le regard tourné vers ses enfants avec un air triste, nous lance ces mots de détresse : « Ici, notre situation est des plus difficiles ».

Lire aussi: Insécurité au Sahel : Des centaines de personnes rallient la capitale pour « se sauver »

« Nous avons quitté notre village mais nous ne savions plus où aller. Nous ne pouvons ni aller devant ni repartir chez nous. Si nous n’avons pas de soutien, nous n’allons pas échapper au pire. En réalité, ce sont les tueries qui nous ont contraints à la fuite. Des inconnus venaient tuer en toute impunité les populations. Nous ne connaissons pas les motifs de ces tueries mais chaque jour il y a des assassinats. Si tu es assis et que tu vois qu’on tue tes voisins, la meilleure chose à faire quand on sait qu’on ne peut rien contre ces terroristes, c’est de fuir. C’est ce qui nous a amenés ici à Barsalogho depuis dix jours », a-t-il soutenu avant de lancer un appel aux autorités pour qu’une aide en matière de sécurité leur soit manifestée. « Même étant ici, nous craignons toujours pour notre vie. A quelques kilomètres d’ici, nous continuons d’inhumer des corps, victimes d’assassinats », a-t-il ajouté.

« Nous avons le visage tourné vers Kaya, Bobo ou Léo »

Plusieurs familles étaient hébergées sur ce même site. Parmi elles, des populations de Rokuitin qui n’avaient qu’un seul souhait : Que l’on sécurise les lieux pour leur permettre de repartir chez elles. « Des hommes armés sont venus nous chasser de chez nous. Ils ont attaqué Sago, mais il y avait des habitants de Rokoutin parmi les victimes. Nous avions premièrement fui de chez nous pour nous réfugier à Guiènebila. Il y a eu une deuxième attaque. C’est là que nous avons donc décidé de rejoindre Barsalogho parce que nous ne nous sentions plus en sécurité », explique Ousmane (nom d’emprunt), un conseiller de Rokuitin.

Il souhaite que les autorités prennent des dispositions pour leur permettre de repartir chez eux. « Je suis conseiller et quand j’écoute les gens ici, personne ne veut aller loin. Tout le monde veut repartir à Rokoutin », a-t-il révélé.

Cet homme a décidé de quitter Dablo où des fidèles chrétiens avaient été assassinés. Kaya est sa destination…


Sur un deuxième site où nous nous sommes rendus, se trouvait une famille meurtrie par ces attaques. Trois jeunes ont été arrachés à leur affection, il y a environ une semaine. Ces habitants de Bangmiougou, localité située à 15 kilomètres de Barsalogho, ne savaient plus où mettre la tête. « Il fallait que nous fuyions », balbutie Boureima, la soixantaine révolue, qui avait perdu son fils, ses deux oncles et le fils de son frère aîné. « Ils ont tué nos enfants, Karim et Raguili. Nous avons juste échappé in extremis. Lorsqu’ils sont arrivés à moto, ils ont ouvert le feu sur nous. Chacun fuyait. Peu importe la direction. Pourvu qu’on puisse leur échapper. C’est dans cette débandade qu’ils ont fauché mortellement les enfants de mes deux frères. Ils ont poursuivi leur chasse jusqu’à encore tuer Sougdsi, l’enfant de notre chef, puis, ils ont incendié son engin. Ils ont tué mon fils et mes deux oncles », raconte-t-il. Un évènement qui a eu un impact sur la vie des populations dans le village. Chacun rassemblait ses affaires pour quitter le village.

« Tout le village s’est vidé de ses populations. Nous ne cherchons plus à repartir là-bas. Nous avons le visage tourné vers Kaya, Bobo ou Léo, mais jamais derrière nous. Nous ne pouvons pas rester ici aussi parce que nous ne sommes pas loin d’eux. Nous voulons aller devant », a dit Alidou (nom d’emprunt), frère cadet de Boureima, toujours sous le choc. « Si on tue tes enfants et on blesse d’autres par balle, et on te dit aujourd’hui de repartir là-bas pour cultiver, c’est aller nous jeter dans la gueule du loup. Quand tu vois le corps de ton fils criblé de plus de 20 balles et on vient aujourd’hui te dire de repartir là-bas, c’est vouloir achever tes jours », a-t-il soutenu avec un air déconcerté.

Témoignage émouvant d’un rescapé

L’attaque à Bangmiougou dans cette grande famille a fait plusieurs morts, tous des jeunes tombés à la fleur de l’âge.

Des déplacés, majoritairement des femmes et des enfants, entassés sur les sites

Issouf (nom d’emprunt), lui, a échappé comme par miracle à ce massacre dont a été victime des membres de sa famille. Ce jeune homme de 27 ans qui a pris une balle à son bras gauche nous a raconté ce qu’il a vécu en quelques minutes de la furie de ces terroristes. « Mes frères et moi, nous étions assis sous un arbre en train de causer. Nous avons subitement été envahis par des motocyclistes. Ils s’étaient remorqués à deux sur trois motos. Dès qu’ils sont arrivés à notre niveau, ils ont ouvert le feu sur nous. Nous avons fui. Mon grand frère a été mortellement fauché sur place. Moi j’ai pu m’infiltrer dans un troupeau de bœufs. De là-bas j’ai été intercepté par un autre motocycliste. J’ai sauté dans la cour du voisin. Ils ont commencé à tirer. J’ai fui encore et j’ai continué dans la cour d’un autre voisin. Je me suis introduit dans une maison et je me suis couvert d’une natte. Ils ont fait des tirs en rafale à la porte et un d’entre eux, en fulfuldé, a dit de replier. C’est comme cela que j’ai eu la vie sauve même si j’ai reçu une balle au bras », a-t-il relaté, l’air absent.

Lire aussi: Arbinda : L’enfer d’autres Burkinabè!

Son frère Issa (nom d’emprunt) que nous avons aussi rencontré déplore le fait qu’aucune autorité ne soit venue leur rendre visite durant leur séjour sur les sites d’accueils pour déplacés. « Nous avons fui comme des animaux sans pouvoir emporter quoi que ce soit. Depuis qu’on est là aucune autorité n’est venue nous voir. On n’a vu aucun ministre durant notre séjour. Même pas les forces de défense et de sécurité pour nous rassurer », a-t-il déploré. Pour ce déplacé toujours meurtri par la situation, les autorités devraient traiter tous les Burkinabè sur un même pied en garantissant à tous la sécurité.

« Ceux qui avaient fui dans l’affaire de Yirgou sont bien sécurisés aujourd’hui. Chacun de nous a fui des exactions. Nous sommes tous des Burkinabè et nous devons avoir le même traitement si toutefois on nous considérait comme tel. Mais nous ne voyons rien. Pour aller enterrer nos frères qui ont été assassinés, nous avons demandé à ce que les forces de défense et de sécurité nous accompagnent.
Nous nous y sommes rendus avec un tricycle pour ramener les corps à Barsalogho pour l’enterrement comme l’exigeait nos FDS. Mais quand nous sommes arrivés, nous n’avons pas pu traverser le marigot avec le tricycle. Nous avons poursuivi le trajet à pied. Arrivés sur les lieux, nous avons trouvé tous les corps de nos frères en putréfaction. Seulement deux personnes d’entre nous n’ont pas vomi ce jour. Les corps pestaient à des centaines de mètres. Les balles avaient perforé leurs têtes qui avaient pris une dimension extrême. Nous avons juste creusé des tombes de circonstance pour les inhumer sur place
», s’est-il indigné.

Des déplacés « qui se déplacent » encore…pour leur propre sécurité

Les déplacés sur les sites à Barsalogho, ne voyant aucune patrouille des FDS depuis tout ce temps, disent ne plus se sentir en sécurité. Si certains d’entre eux s’évaporent dans la nature dès que la nuit tombe parce qu’ils craignent toujours pour leur vie, d’autres ont fait un choix irréversible. Rester sur les sites c’est souscrire à sa mort, selon eux. Ils ont donc opté pour d’autres destinations. La cité du cuir serait leur plus proche destination et asile.

« J’envoie ma famille actuellement à Kaya. Ma femme, ma mère, mes enfants vont tous prendre le dina aujourd’hui », nous a confié Yacouba. Un tour à la petite gare de circonstance, nous voilà face à un minibus dans lequel étaient serrés des déplacés, en majorité des femmes. A observer leur comportement, l’on se rend compte qu’ils s’étouffaient dans le bus. Foulard et pagne leur servent d’éventail. Un siège pour une personne supportait désormais le poids de deux, voire trois personnes. Il fallait, malgré ce calvaire, quitter Barsalogho avant la tombée de la nuit.

Pendant que le soleil était au plein milieu de nos têtes, Idrissa Ouédraogo, le conducteur du « dina » s’activait à charger son véhicule des affaires des déplacés. Bidons de 20 litres vides, des nattes en paille ou en tige de mil, des grands sacs, des baluchons, des chèvres, des vélos, des motos, et même des humains, tous cohabiteront pendant le trajet sur le porte-bagage du véhicule.


En quête d’une seconde vie

Ce conducteur qui traversait Barsalogho il n’y a pas très longtemps pour aller chercher des passagers dans d’autres localités a maintenant réduit sa course à cette commune qui accueille aujourd’hui un très grand nombre de déplacés. « Autrefois, quand je venais, je continuais à Onkuni pour chercher des passagers. Je repartais à Kaya le lendemain. Maintenant, avec la situation d’insécurité, je reste à Barsalogho où souvent je me vois dans l’obligation de faire plusieurs voyages parce que les populations se déplacent beaucoup ces temps-ci », nous a-t-il dit.

2019, une « année noire » pour la commune de Barsalogho


Abdoulaye Pafadnam, maire de Barsalogho: « Ma commune se porte très mal »

« Ma commune se porte très mal », soupire le maire de Barsalagho, Abdoulaye Pafadnam, qui pense que l’année 2019 restera dans l’histoire de sa commune. « Nous considérons 2019 comme une année noire parce que depuis les attaques de Yirgou en début d’année, très honnêtement nous avons parlé très peu de développement. Nous avons passé le temps à parler de sécurité, voir comment nous prendrons en charge les déplacés, et tout ce qui s’ensuit », a déploré cet élu local qui donne « raison » à ces populations qui marchent pour réclamer la sécurité. « C’est un acte patriotique de marcher de façon pacifique », selon lui. Il confie ensuite que du 22 juin au 8 juillet 2019, sa commune a enregistré 29 assassinats causés par des hommes armés non identifiés. « Tout a commencé le 22 juin avec l’attaque de Sago où il y a eu 15 morts. Deux jours après, il y a eu Rokuitin, Bangmiougou, Korko, Wambsouya, etc. Cela a causé le déplacement de 31 villages à Barsalogho. Vous comprenez maintenant pourquoi les populations se disent inquiètes de l’insécurité », a-t-il relaté tout en promettant que tout sera mise en oeuvre pour que la sécurité revienne dans sa commune.

Lire aussi: « Nous avons pu dégager des axes » qui étaient contrôlés par des terroristes (Moïse Miningou)

Les populations déplacées dans la commune de Barsalogho sont estimées à une trentaine de milliers de personnes. Et le maire les a invitées à s’armer de courage, à garder beaucoup espoir et à « croire en nos dirigeants, aux forces de défense et de sécurité ».

Aux environs de 13h de ce lundi, nous enfourchons notre motocyclette pour replier à Ouagadougou. Nous venons de prendre congé de ces populations en quête d’une seconde vie. Aux environs de 14h30, nous arrivons enfin à Kaya où nous avons repris un véhicule de transport en commun à 16h pour regagner la capitale burkinabè aux environs de 18h40 minutes.

Armand Kinda

De retour de Barsalogho

Minute.bf

7 Commentaires

  1. C’est très triste. On dirait que ces personnes sont des souscitoyens. Que Dieu vous aide. Les politicians ce qui les regarde cè campagne pour être reelu.

  2. Pitié. Pendant ce temps le député de votre province et ministre de energie dit que ce k Roch a fait aucun chef d’Etat ne l’a encore fait. Vous l’avez voté et il se sucre dans votre dos. Votre souffrance derange son appetit. Chaque peuple mérite ses dirigeants. Mes larmes coulent

  3. Merci d’aller à la recherche de l’information, mais il faut noter que Barsalogho se trouve à 45km de Kaya, pas 70km comme vous l’avez mentionné dans votre reportage.

  4. Que Dieu nous vienne en aide. Merci à l’equipe minute.bf pour le travail d’information. J’etais a Barsalogho. J’avoue que ce n’est pas simple de quitter ouaga pour faire gros reportage labas. Dieu nous Vienna en aide

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