Cette année, l’on constate un grand retard dans l’organisation des concours directs de la fonction publique. Le mois de Mai était d’habitude consacré aux dépôts et corrections des dossiers de candidature mais cette année, rien n’a été fait et personne n’en parle. Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est ce qui bloque tout le processus ? Y aura-t-il des concours cette année? Dans un article publié dans sa parution de cette semaine à son numéro 46, l’hebdomadaire La Lettre du Faso qui est allé à la rencontre du Secrétaire général du Syndicat national des gestionnaires des ressources humaines (SYNAGRH) nous donne quelques réponses à ces différentes interrogations.
Les concours professionnels et directs de la fonction publique sont aujourd’hui pris en otage par le SYNAGRH, le syndicat des travailleurs des ressources humaines, censé traiter les dossiers de candidature des concours de la fonction publique, qui est en grève « silencieuse » depuis le 6 mai dernier pour exiger la satisfaction de sa plateforme revendicative. « Nous ne nous mettons plus de pression. Au lieu de traiter 20 dossiers, un agent peut venir, traiter un seul et rentrer chez lui », s’exprimait Souleymane Zoromé, SG du SYNAGRH, cité par La Lettre du Faso. Il faisait allusion au traitement des dossiers des concours professionnels.
Cette manière de procéder impacte inéluctablement la chaine du traitement des dossiers de candidature mais aussi, l’agenda des compositions. Mais pourquoi un tel mouvement ? Souleymane Zoromé explique que le SYNAGRH avait entamé, de mai 2016 jusqu’en Aout 2017, « des mouvements et des luttes pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des gestionnaires des ressources humaines en activité au ministère en charge de la fonction publique et dans tous les départements et institutions publiques de l’Etat et des Directions des Ressources humaines ». Des mouvements et luttes qui ont permis au syndicat d’aboutir à la signature d’un protocole d’accord avec le gouvernement le 4 Août 2017.
Dans ce document, le gouvernement prenait l’engagement de satisfaire les revendications d’ordre indemnitaire, matériel et organisationnel en 12 points à la fin du mois de décembre 2017. Des promesses qui n’ont pas été tenues jusqu’à ce jour et le syndicat n’entend plus prendre son mal en patience pendant que « certaines revendications de travailleurs trouvent une solution quand bien même, celles-ci ont été posées bien après » les leurs.
« Le gouvernement veut résoudre les problèmes au cas par cas. Cela n’est pas une bonne méthode et nous la déplorons », s’insurgeait M. Zoromé, rappelant que le syndicat a interpellé le premier ministre le 7 mai dernier sur les points du protocole toujours en souffrance.
Aujourd’hui, le SYNAGRH estimant avoir été « indulgent et compréhensif » depuis 2016, entend maintenant durcir la lutte pour obtenir satisfaction de ses points de revendication. C’est d’ailleurs ce qui expliquerait ce mouvement d’humeur silencieux qui aura certainement des conséquences sur l’organisation des concours cette année.
« L’organisation des concours directs connait un grand retard en ce moment. Normalement, le mois de mai est consacré aux corrections. Les communiqués des concours qui devaient être publiés en mars n’ont pas été effectifs. Ils n’ont pas été rédigés ni signés. Au fait, rien n’est fait. Nous avons l’impression que le gouvernement s’en fout, parce que nous ne faisons pas de grève comme ailleurs », s’est confié M. Zoromé, expliquant que le retard est toujours rattrapable si le syndicat parvient à un accord avec le gouvernement.
Un impact sur les intégrations…
Le retard ne peut pas totalement être rattrapé, s’est-il résigné à dire. Il explique qu’un retard reste un retard et que cela se ressentira même au niveau des intégrations. « Des agents risquent de passer 6 mois sans salaire et cela peut jouer sur leur vie familiale », a-t-il dit.
Pour l’instant, le SYNAGRH qui a même pris part à la conférence nationale des forces vives sur le système de rémunération des agents de l’Etat, demande beaucoup plus de volonté au gouvernement dans le traitement de sa plateforme revendicative qui se résume à : « la création d’une indemnité de responsabilité financière au profit des GRH ; l’indemnité de risque pour la famille d’emploi des GRH ; le renforcement des capacités des GRH dans les DRH et au MFPTPS ; le relèvement du taux d’indemnité d’exploitation du réseau informatique (SIGASPE) servi au GRH ; la tenue de la rencontre annuelle entre les GRH et le ministère en charge de la fonction publique ; la nomination des GRH aux postes de DRH et de SRH dans les ministères et institutions conformément à la logique de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ; l’amélioration des conditions et cadres de travail des agents du MFPTPS et des DRH ; la gestion des personnes des ambassades du Burkina Faso par les gestionnaires des ressources humaines ; la réorganisation des emplois de la famille professionnelle GRH et la création de la catégorie P; la valorisation de l’expertise publique des gestionnaires des ressources humaines ».
En rappel, selon M. Zoromé, les gestionnaires des ressources humaines ont plusieurs responsabilités dans l’administration publique. Ils ont en charge la question des concours, des intégrations, des reclassements, des avancements, des reversements, des retraites, des budgets personnels, des constitutions des carrières, des mots d’étude sur les contentieux, etc.
Par Armand Kinda
Minute.bf
Les GRH ne bloquent pas l’organisation des concours. Ils suspendent seulement leur participation. C’est différent.