Dans une note de diffusion restreinte datant du 5 novembre 1987 et declassifiée par le ministère de la défense française, et relayée par le journal Courrier Confidentiel dans sa dernière parution, le capitaine Blaise Compaoré commentait la mort de Sankara et du coup d’État du 15 octobre 1987 en ces termes :
« Les divergences avec Sankara étaient devenues nombreuses depuis un an. Zongo, Lingani et moi-même allions lui demander de démissionner. Nous avions envoyé quelqu’un auprès du père de Sankara afin que celui-ci tente de le raisonner. Cette démarche avant la rupture n’a eu aucun résultat.
Les divergences étaient nombreuses. Le pays, l’Etat et l’armée étaient engagés dans une impasse. Il était entouré d’une bande d’idéologues qui lui faisaient faire n’importe quoi. Il s’était enfermé dans l’exercice du pouvoir personnel.
Il avait créé l’OMR (Organisation marxiste révolutionnaire) composé essentiellement de ses garde du corps qui siégeaient au titre de l’OMR au CNR.
Depuis plusieurs mois, il pratiquait le népotisme en favorisant ses proches. Il avait prévu de nous faire arrêter tous les trois, Zongo, Lingani et moi le jeudi 15 octobre à 20h. Devaient agir Vincent Sigué et d’autres Hommes de main de la garde et de la FIMAT (Force d’intervention du ministère de l’administration territoriale). J’en ai été avisé par des membres de la garde présidentielle qui ont appartenu à mon unité. Connaissant l’homme, j’ai pris cela très au sérieux.
Je n’ai jamais approuvé des actions violentes qu’il avait fait commettre. Mais je n’en ignore aucune et je connaissais donc sa détermination. Il avait fait abattre le colonel Somé, le commandant Guébré, le chef d’état-Major adjoint Sawadogo, le restaurateur d’Abidjan Séraphin Kinda. Il n’a pas hésité à faire déposer une bombe à Yamoussokro. Il était décidé à nous faire exécuter. Je voulais me retirer à Pô. Avec Zongo et Lingani, nous avions pris comme seule disposition de ne jamais nous retrouver ensemble tous les trois au même endroit.
Le 14 au soir, nous avons tenté une dernière fois de le raisonner. Nous nous sommes réunis tous les quatre à 19h30. Il est parti en claquant la porte en disant qu’il ne voulait plus jamais discuter avec nous. Mes hommes savaient le danger qui me menaçait.
Dans l’après-midi du 15 octobre alors que j’étais à mon domicile près de l’ambassade de France, ils ont décidé d’agir avec à leur tête l’un de mes principaux adjoint, un lieutenant.
Ils ont investi le Conseil de l’entente vers 16h avec l’intention d’arrêter Sankara. Quelques uns des gardes du corps de Sankara ont ouvert le feu et mes hommes ont répliqué. Il a été tué à 16h20. C’est à mon domicile que mes hommes m’ont avisé que « l’affaire est réglée ». Je pensais alors qu’il avait été arrêté. Ce n’est qu’en arrivant au conseil de l’entente que j’ai constaté les faits. J’ai été profondément choqué. Et il a fallu des heures avant de réagir. Le seul ordre que j’ai donné était de faire enlever les corps. Je n’ai pas voulu sa mort et c’est vraiment un drame.
Il était allé très loin, n’écoutant plus personne et nous étions tous les trois menacés, Zongo, Lingani et moi. Nous ne voulions que sa démission »
Capitaine Blaise Compaoré
Dans le numéro 249 du 5 octobre 2021, le journal d’investigation Courrier confidentiel a publié plusieurs témoignages en lien avec l’assassinat de Thomas Sankara le 15 octobre 1987 au Conseil de l’entente. Voulez-vous savoir comment le commando est arrivé au Conseil de l’entente ce jour-là, qui étaient présents sur les lieux, qui sont ceux qui sont venus assassiner Thomas Sankara ? Les réponses dans le journal Courrier confidentiel.
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