Après la fête de la Pâques chez les fidèles chrétiens, il y a une dizaine de jours, une autre fête religieuse se profile à l’horizon. Les fidèles musulmans du Burkina Faso mettent les petits plats dans les grands pour fêter « au mieux », le Ramadan soit le mardi 9 avril ou le mercredi 10 avril 2024. Une fête qui tombe dans un contexte où l’économie burkinabè est contrastée par la crise sécuritaire et son corollaire de cherté des produits. A la veille de la fin du jeûne, une équipe de www.minute.bf a fait le constat, ce lundi 8 avril 2024, dans le marché de Nabi yaar sis au quartier 1 200 logements, pour toucher du doigt la réalité du terrain.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à la veille de la fête de Ramadan, les denrées alimentaires ne manquent pas, mais le pouvoir d’achat est faible. Que ce soit la volaille ou les condiments vendus au marché, les clients se font rare.
Sous le soleil aux environs de 10 heures, nous rallions le marché Nabi Yaar sis au quartier 1200 logements de Ouagadougou. Le premier constat qui nous frappe à l’œil est la faible affluence dans cet espace public. L’engouement y est moindre à quelques heures de la fête de Ramadan. Chemin faisant nous nous arrêtons dans un lieu de vente de volaille. Nous échangeons avec Boureima Dera. Il nous écoute avec un air froid, traduisant l’absence de client. « Je ne comprends pas français. Allez-y voir celui qui a l’habit blanc là », nous lance-t-il, un peu débité par les évènements. Nous allons à la rencontre de celui indiqué. Il s’agit de Ibrahim Sana, un autre commerçant de volaille.
« Bon le marché c’est un peu. Comparé à l’année passée, cette année, il n’y a pas de marché. Mais, il y a quand-même des commandes. Mais c’est petit. Comme le jour de la fête n’est pas encore précis, les gens appellent pour passer des commandes de poulets. Nous vendons les poulets africains entre 3 500 FCFA et 4 500 FCFA, de même que les pintades », nous confie-t-il.
Nous avançons ensuite vers le ranger de vente des condiments. Là aussi, il y a peu d’affluence. C’est du reste ce que nous confie Mme Kaboré. « Est-ce que cette année, il y aura fête même ? », nous lance d’entrée Mme Kaboré, commerçante au marché de Nabi Yaar. « Depuis vous êtes là, avez-vous vu un client ? On n’a jamais vu pareille situation. Les années antérieures, on étalent les condiments à terre, il n’y a même pas temps. Mais cette année c’est comme les jours ordinaires », s’est-elle lâchée un peu déçue, pointant du doigt la situation économique difficile que vivent l’ensemble des Burkinabè. « Je ne suis pas dans la poche des gens, mais ça ne vas vraiment pas. D’année en année, le marché à l’approche des fêtes devient ordinaire. C’est dire que les gens ont mis le côté festif en pause. Mais, on prie que l’an prochain nous trouve en bonne santé et inch’Allah le marché ira mieux », a-t-elle espéré.
Dans un autre lieu de vente vêtements pour enfants, Mme Ouédraogo, se désole du manque d’achat des produits. « Depuis le matin, je n’ai vendu que pour 5 000 F CFA. À la veille d’une fête, c’est trop peu », précise cette dame Ouédraogo qui ne cache pas, elle non plus, sa déception.
« On ne saurait l’expliquer, mais les ressources économiques sont limitées chez les clients. Les charges deviennent assez comparées aux salaires ou autres revenus. Cela peut être dû à la question terroriste, qui faut le dire, épuise nos ressources tant financières, qu’humaines. On espère que cela va se résoudre pour qu’on puisse sortir de cette morosité », s’est exprimé Alidou Ilboudo, rencontré à la sortie du marché Nabi Yaar autour de 11 heures 30 minutes.
En attendant, la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB) a annoncé que la commission lune siégera ce lundi 8 avril pour observer la lune marquant la fin du mois de Ramadan. C’est donc ce soir que les fidèles musulmans seront situés si le Ramadan sera célébré le mardi 9 ou le mercredi 10 avril prochain.
Mathias Kam
Minute.bf
