Après l’interpellation du Tribunal sur les vidéos sorties de leur contexte sur les réseaux sociaux, le procès s’est poursuivi avec le témoin Zakaria Koumaré à la barre. Il était en service à la Direction de l’ordonnancement du ministère de l’action humanitaire. Ce dernier a éclairé le Tribunal sur les fonds sortis pour les travaux de manutention de la DGF et du SP-CONASUR.
Le procureur, ainsi que la partie civile ont émis le souhait que le témoin Zakaria Koumaré ne prête pas serment eu égard à son statut. Mais le Tribunal a décidé de faire prêter serment au témoin Koumaré. Levant la main droite, Zakaria Koumaré a juré de dire la vérité, rien que la vérité.
Dans son témoignage, Zakaria Koumaré a indiqué que pour l’année 2023, au titre de la manutention, les dépenses s’élevaient à 62 millions 54 mille FCFA pour la DGF et le SP-CONASUR réunis. Des pièces justificatives y ont même été produites.
Pourtant, des milliards de F CFA ont été détournés et justifiés par la manutention. La chambre a souhaité savoir auprès du témoin comment cela peut-il être possible. « Il n’y a pas eu plus que cela. Les pièces qui ont été fournies à notre niveau justifient 62 millions 54 mille FCFA en 2023 », a-t-il répondu.
Pour autant, pour le mois d’août 2023, a fait savoir le procureur, la sommation fait état de 130 millions de FCFA sortis et justifiés par la manutention. Pis, selon le parquet, des pièces justificatives à son niveau (pièces justificatives fournies à la chambre, ndlr), en 2023, plus de 400 millions de F CFA, ont été justifiés par la manutention.
Poursuivant, le procureur a demandé au témoin comment cela est-il possible que plus de 400 millions de F CFA soient sortis et que seulement 62 millions de F CFA ont été justifiés ?
« Ma responsabilité c’est de vérifier les pièces justificatives, s’ils sont conformes aux fonds débloqués. Franchement, je ne sais pas d’où viennent les 400 millions de F CFA », a répondu M. Koumaré.
« Ce n’est pas possible de prendre des pièces de la manutention pour justifier d’autres services. Ce n’est pas possible », a tranché Zakaria Koumaré, répondant à une question des avocats de la défense sur les pièces justificatives.
« Le montant de la manutention en 2023 dépasse largement ce montant. Mais tout a été justifié. Je ne saurais dire pourquoi le montant justifié, selon le témoin, est en deçà », a répondu le prévenu Salifou Ouédraogo, chargé de justifier les pièces de la manutention.
Amidou Tiegnan confronté, a indiqué que c’est effectivement 44 millions de F CFA qu’ils ont pu justifier. « Je n’ai pas eu le temps de calculer ce qu’on a pas pu justifier », a-t-il déclaré. Il a indiqué que les montants justifiés ont été « surévalués ». « Je ne suis qu’un exécutant. Ce qu’on me dit de faire, je fais », a-t-il ajouté, précisant que « ces pratiques ont existé au moins depuis 2017 ».
La chambre revenant au témoin a cherché à comprendre pourquoi les ressources de l’État sont déposées dans un compte fictif, sans arrêt de création. « Il peut arriver qu’on crée un compte sans l’arrêté, vu certaines urgences, quitte à ce que la régularisation soit faite plus tard. C’est l’autorité qui décide. Il n’y a pas de délai », a-t-il précisé.
Le témoin Koumaré a fait savoir que le fonds de déblocage au ministère de l’action humanitaire s’élève à 7 milliards 230 millions de F CFA pour 2023 et 2024, sur le compte PRO-SOC géré par Amidou Tiegnan. Le compte « le plus alimenté ». Sur ce montant, seulement 44 millions de F CFA étaient destinés à la manutention. Le reste concerne les autres activités.
L’audience se poursuit…
Minute.bf