jeudi 12 décembre 2024
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CULTURE : « Moah le fils de la folle », l’œuvre qui parle aux cœurs

Premier prix au Grand Prix National des Arts et des Lettres de la Semaine nationale de la Culture 2018 (GPNAL/SNC 2018), Alexis Yaméogo alias Clément Zongo peint les tares de la société dans laquelle nous vivons à travers son roman « Moah le fils de la folle ».
Par sa plume, il éduque et sensibilise la population à être plus sensible à la souffrance des autres. En acceptant nous accorder cet entretien, Alexis Yaméogo dit Clément Zongo nous ouvre les portes de son œuvre. Il nous fait part de sa vie et des motivations qui ont conduit à la production de ce roman.

Minute (M) : Pouvez-vous vous présenter ?
Alexis Yaméogo (A.Y) : Je suis Alexis Yaméogo alias Clément Zongo qui est mon nom de plume.


M : Pourquoi avoir choisi Clément Zongo comme nom de plume ?
A.Y : Clément Zongo parce que c’est un nom plein de symboles qui est une combinaison du prénom de mon papa et du nom de famille de ma maman. C’est ma façon de leur rendre hommage à travers mes écrits.

M : Pouvez-vous nous parler un peu de votre roman « Moah le fils de la folle » ?
A.Y : « Moah le fils de la folle », est une œuvre de fiction mais une fiction qui est partie de la réalité. Pour la petite histoire, cétait un jour au mois de juin 2016 que je suis passé au marché « katr-yaar » de Ouagadougou et j’y ai vu un attroupement de femmes entre les mains desquelles, il y avait un enfant de 2 ou 3 ans qui pleurait et que les femmes essayaient de consoler, de calmer et de chouchouter mais leurs efforts furent vains car l’enfant continuait de pleurer. Et cela suscitait vraiment la curiosité des passants, alors je me suis approché pour en savoir un peu plus et c’était effectivement l’enfant qui pleurait et je me suis rendu compte que sa maman était là et jai compris que c’était en réalité une malade mentale qui, de son côté aussi, essayait de calmer l’enfant. Mais à un moment donné, elle a perdu le contrôle et a voulu forcé l’enfant pour le mettre au dos avec son pagne déchiqueté pratiquement en haillons. Malgré cela, l’enfant continuait de pleurer. Quand j’ai vu les larmes de cet enfant devant sa maman qui se lamentait à la limite, priait l’enfant pour le mettre au dos, je nai pas pu supporter car en ce temps le ciel était gris et il s’apprêtait à pleuvoir, le vent sifflotait et quand je suis rentré chez moi, ça ma beaucoup touché d’autant plus que j’ai pensé à ma petite famille qui était bien au chaud, je n’ai cessé de penser à cet enfant et à sa mère, je me demandais où ils étaient et qui avait pu faire ça à une femme malade mentale. C’est ainsi que deux semaines après, je me suis mis à écrire l’histoire de cet enfant qui n’avait pas de nom et au file de mes écrits, j’ai fini par lui donner le nom Moah.

M : Pourquoi avoir donné le nom « Moah » au personnage principal de votre œuvre ?
A.Y : Pas forcement parce que ça un sens, peut-être une inspiration de l’auteur. Mais beaucoup me disent que Moah vient de la Bible.

M : Vous dites que c’est dans un style poignant que vous dépeignez la société « gombolaise », qu’avez-vous voulu dire par « gombolaise » ?

A.Y : Le « gomboland » est un pays qui existe quelque part, peut être en Afrique peut être ailleurs, peut être aussi nulle part. C’est le fruit de l’esprit. Mais en réalité, chacun de nous peut avoir une idée d’où se trouve le « gomboland » en fonction de son contexte géographique, historique. Le « gomboland » c’est ce pays où nous avons la corruption qui se porte bien, où la gabegie marche 24h sur 24, où le plus riche le devient davantage, où le plus pauvre s’enfonce plus. Voilà un peu ! Où également en lieu et place de la démocratie, c’est une sorte de « démocrature » qui y règne, une dictature déguisée avec des institutions fastoches. Voilà un peu la peinture que je fais. Chacun peut s’y retrouver que ce soit au Burkina ici ou partout ailleurs. En résumé, le « gomboland » c’est un peu le pays des tares au plan politique, économique, social dans laquelle la générosité fait défaut et où les gens sont capables de coucher avec une malade mentale pour avoir des enfants ou bien par mysticisme afin d’avoir plus de pouvoirs, de puissances et dargents. À travers le « gomboland », je cherche à attirer l’attention des gens et à titiller leur conscience pour le changement.

M : Quel est le message que vous avez voulu passer à travers votre œuvre ?
A.Y : Au-delà de l’œuvre, j’ai voulu passer un message de sensibilisation aux gens afin qu’ils soient plus ou moins sensible à la souffrance des autres. Pour moi, nous sommes dans une inégalité à partir du moment où nous ne sommes pas solidaires les uns envers les autres.

M : Depuis combien de temps écrivez-vous ?

A.Y : Je le fais depuis le lycée mais tout à vraiment commencé en 1ere année où jai participé à des concours à l’université et j’en ai remporté plusieurs prix en poésie et en nouvelle.

M : Combien de prix avez-vous remporté ?
A.Y : J’ai à mon compte 7 prix gagnés depuis l’université. Ma dernière récompense date de novembre 2018 au prix concours d’écriture d’article sur l’amitié Chine-Burkina organisé par Sidwaya et l’ambassade de la République populaire de Chine. Il faut aussi dire que ce roman a reçu le 1er prix au GPNAL/SNC 2018.


M : Combien de roman avez-vous écrit ?
A.Y : J’ai à mon actif 2 romans avec un seul édité qui est « Moah le fils de la folle ».

M : Quel est votre dernier mot.
A.Y : Aux jeunes qui désirent écrire, il n’y a pas un autre secret que de lire les œuvres de ceux qui ont bien écrit, comme exemple les œuvres des auteurs africains. L’ écriture puise un peu sa force dans la capacité de l’auteur à imaginer donc pour avoir l’imagination fertile il faut beaucoup lire.

Mireille Sandrine Bado

Minute.bf

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