Une forte délégation composée essentiellement de chefs peuls et de leaders d’opinion de la région de l’Est a été reçue en audience, le mardi 9 mars 2021 à Ouagadougou, par le ministre d’Etat chargé de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale, Zéphirin Diabré. Il s’est agi pour les visiteurs, de saluer la création d’un ministère dédié à la réconciliation nationale et de faire part au ministre Diabré des menaces dont est victime la communauté peule en rapport avec « les attaques des terroristes » mais aussi « des autres communautés et de certaines forces d’autodéfense ».
« La situation sécuritaire va de mieux en mieux. Les exactions que la communauté peule avait l’impression de subir ont également diminué. La communauté peule circule aujourd’hui librement sur la plupart des axes de la région, même s’il persiste encore quelques actes de certaines communautés ou de certaines forces d’autodéfense, qui ressemblent fort bien à de la stigmatisation » : tel est le message que la délégation des chefs peuls de la région de l’Est ont porté au ministre en charge de la réconciliation nationale, Zéphirin Diabré.
Revenant sur l’insécurité dans ladite région en lien avec la situation de la communauté peule, Issouf Diallo, leader d’opinion et porte-parole de la délégation a laissé entendre que sa communauté « se sent beaucoup menacée » parce que « d’abord victime des attaques directes des terroristes au même titre que les autres communautés, mais aussi, fait face à la furie d’autres communautés ou de certaines forces d’autodéfense qui, à cause des amalgames créés par les terroristes, ont commencé à avoir des suspicions entre les différentes communautés, particulièrement, entre celle peule et les autres communautés ».
En outre, parlant par exemple des Kogleweogo (groupe d’autodefense) et des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), il dit aujourd’hui constater que dans certains cas « où (des) passagers peuls étaient descendus par les VDP et qu’on les gardait pendant des heures, ce sont les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) qui interviennent elles-mêmes pour ordonner leur libération s’ils ont leur pièce (d’identité, ndlr) ». Il reconnaît donc qu’il y a « une sorte d’apaisement » de la situation à l’Est. Cependant, tout en saluant la création du ministère en charge de la réconciliation nationale, la délégation des chefs peuls de l’Est a donné sa lecture de la situation à l’Est au ministre Diabré.
Le discernement, l’union pour aboutir à la réconciliation
Les visiteurs du jour ont demandé au ministre d’État de s’investir auprès du gouvernement, auprès des collaborateurs et acteurs de la sécurité sur le terrain « pour permettre à la communauté peule non seulement de vivre en paix avec les autres communautés, mais aussi de participer à la paix et à la cohésion sociale ».
« La formule de la réconciliation est simple, c’est d’abord de faire le discernement sur ce qui est en train de se faire », pense le leader d’opinion Issouf Diallo pour qui, face à la pression des forces terroristes qui usent « d’amalgames » pour « diviser les communautés entre elles », il faut que « tous les acteurs comprennent et acceptent qu’il n’y a pas une communauté qui s’est dressée contre les autres. Il y a des bandits qui se sont dressés contre toutes les communautés et qui cherchent à diviser ». Ce dernier est convaincu que « si l’on arrive à comprendre cela, la réconciliation viendra d’elle-même parce que les communautés auront compris et feront face, ensemble, à la terreur ».
Enfin, si la délégation des chefs peuls de l’Est a indiqué que des questions comme Tanwalbougou n’ont pas été à l’ordre du jour de cette rencontre, elle a rassuré le ministre d’État de tout son engagement à le soutenir dans ses activités afin que la paix et la cohésion reviennent au Burkina Faso et dans la région de l’Est en particulier.
Franck Michaël KOLA
Minute.bf