mercredi 5 février 2025
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Fermeture lycée Zinda : L’AESO n’est pas d’accord

Suite à des manifestations scolaires, une décision du Conseil des ministres du 24 mai 2021 ordonnait la fermeture du lycée Philippe Zinda Kaboré après le saccage du bureau et de la voiture du proviseur. Dans une note publiée le 27 août 2021, le ministère de l’Éducation nationale, de l’Alphabétisation et de la promotion des Langues nationales (MENAPLN) laisse apercevoir que le lycée restera fermé pour la rentrée scolaire prochaine (2021-2022). www.minute.bf a contacté William Thiombiano, le responsable syndical de l’Association des Élèves du Secondaire de Ouagadougou (AESO) du lycée Zinda, qui a exprimé sa « profonde désolation ». Il accuse les dirigeants de vouloir « détruire l’éducation ».

www.minute.bf: Comment appréhendez-vous la fermeture du Lycée Zinda ?

William Thiombiano : Avant tout propos, j’aimerai rendre un hommage à toutes les victimes et aux personnes qui sont tombées pendant nos luttes (manifestations contre les réformes scolaires). Revenant à votre question, nous avons appris la fermeture du Lycée Zinda avec une profonde désolation. De par cette décision, nous mesurons le cynisme de nos dirigeants actuels. Cela témoigne également à quel point ils (les dirigeants) sont motivés à détruire l’éducation du Burkina, parce que, pour un lycée de la taille du Zinda qui compte près de 4 000 élèves, dire qu’ils seront déployés dans environs 74 autres établissements alors que nous connaissons bien le nombre pléthorique de ces différents établissements, c’est un peu difficile.

Moi j’étais en terminale. Dieu merci, j’ai eu le BAC ! Mais nous étions près de 64 élèves. Alors, dans les lycées où les camarades seront redéployés, n’y a-t-il pas d’élèves là-bas ? Si chaque classe a au moins 64 élèves, pourront-ils trouver des places pour ceux qui seront redéployés quand on connaît les nombres pléthoriques dans les différents établissements où les enseignants se plaignent ? Tout professeur est à l’aise de transmettre son cours s’il est dans une classe aérée. Il a une certaine facilité de transmettre son savoir quand le nombre d’élèves est limité. Mais ajouter un nombre pléthorique à une classe pléthorique, c’est détruire l’éducation de nos camarades du Zinda et réduire le niveau de compréhension des différents camarades dans les lycées qui devront recevoir les élèves du Zinda.

La fermeture du Zinda fait suite aux manifestations des élèves sous le leadership de l’AESO. Avez-vous un sentiment de culpabilité ?

Sentiment de culpabilité ? Ce mot n’existe pas dans notre dictionnaire. L’AESO est une structure autonome à caractère syndical, qui a pour rôle de se battre pour les intérêts matériels et moraux des élèves. Nous avons lutté au cours de l’année scolaire écoulée contre lesdites réformes. Certains de nos camarades ont été arrêtés pendant ces luttes. Certains ont été conduits en justice, avant d’être reconnus non-coupables des faits à eux reprochés par rapport aux évènements du Zinda. Donc, dire que l’AESO a un sentiment de culpabilité, je dis non ! L’AESO ne regrette pas ses actions. L’AESO est là pour se battre pour les élèves et elle continuera à se battre pour préserver leurs intérêts.

William Thiombiano, responsable syndical de l’Association des Élèves du Secondaire de Ouagadougou (AESO) du lycée Zinda

Que reprochez vous au ministre Ouaro?

Nous estimons qu’on parle de ministre de l’Éducation lorsque celui-ci est prêt à écouter les élèves. Nous avons eu à lutter, il n’a même pas été capable de dire: vous élèves, venez on va discuter, venez on va trouver une solution pour ramener au calme la violence qui se trouvait dans le milieu scolaire. De par son comportement et de par les actions qu’il a posées, nous nous sommes dit que ce ministre n’est pas là pour une bonne avancée de l’éducation. Toute action qu’il prend, c’est pour détruire l’éducation des enfants du peuple. Quand je parle des enfants du peuple, c’est tous les élèves qui fréquentent les lycées publics. Le ministre en prenant ses fonctions le 18 octobre 2018, il a supprimé les examens blancs alors que tout le monde connaît l’importance de ces examens blancs pour notre avenir. Il a mis en place un certain nombre de réformes impopulaires. Nous avions dit que ces mesures allaient conduire au bas échelle le taux des différents examens. Effectivement nous avons eu raison, les résultats nous ont donné raison. Un taux de réussite de moins de 30% au BEPC, pareil au Bac.

Quelle action entendez-vous poser suite à la fermeture du lycée Zinda?

Comme toute association, nous allons nous réunir en AG et selon la décision des camarades, nous allons les mettre en application.

Est-ce à dire que dans les jours à venir vous allez clairement donner votre position au ministre sur cette question?

Dès la mise en œuvre de ces réformes, nous sommes sortis pour dire que nous ne sommes pas d’accord. Nous avons d’abord fait des déclarations pour préciser notre position. Nous sommes ensuite sortis dans les rues et nous avons cherché à rencontrer le ministre. Mais il ne nous a pas reçus. La fermeture du lycée ne pourra pas changer notre position sur ces réformes.

Les jours à venir, nous allons agir selon les décisions qui seront prises à notre assemblée générale. Mais dès à présent,  en tant que membres de l’AESO, nous ne sommes pas d’accord pour cette fermeture. C’est une décision impopulaire et inopportune.

Les assises nationales se tiendront bientôt. Quel est votre degré d’implication ?

Nous n’avons pas été impliqués dans les travaux de ces assises nationales. Nous n’y avons pas été conviés. Nous parlons d’éducation; dans ce cas de figure, qui est concerné par l’éducation? Ce sont les enfants du peuple, les élèves. Mais quand on parle d’assises nationales, alors que les acteurs eux-mêmes ne sont pas concernés, il y a problème.

Lorsque vous prenez un film, il y a les acteurs principaux et les acteurs secondaires. Ces derniers, ce sont les professeurs, les enseignants, les parents d’élèves. Les acteurs principaux, ceux qui sont là du début jusqu’à la fin du film, ce sont les élèves. Il ne faudrait pas qu’ils soient étonnés de prendre des décisions au cours de ces assises qui n’avantagent pas les élèves et qui ne rencontrent pas leur assentiment. Il ne faudrait pas qu’ils soient étonnés de voir encore les élèves dans les rues, puisqu’ils n’ont pas été associés. Les élèves n’ont pas donné leur point de vue. Il faut que le ministre nous donne l’occasion de nous exprimer, de donner notre point de vue sur ce qui est en train d’être fait pour nous.

Propos recueillis par Franck Koala

Minute.bf

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