La Chambre des métiers de l’artisanat du Burkina Faso, l’antre des artisans burkinabè, est une institution à caractère publique et professionnelle. C’est la faitière des artisans professionnels. Germaine Compaoré/Bonkoungou a été portée à la tête de l’institution le 24 juin 2021 avant de prendre officiellement fonction le 09 juillet 2021. Pour mieux connaitre l’institution, son rôle et les défis que la nouvelle présidente entend relever, www.minute.bf a réalisé un entretien avec celle-là même qui tient les rênes de l’institution. La vision de la nouvelle présidente, la problématique de la carte professionnelle de l’artisan pour les artisans et les grands défis de l’institution ont constitué les grandes lignes de l’entretien.
Minute.bf: Comment définissez-vous la Chambre des métiers pour le citoyen lambda ?
Germaine Compaoré/Bonkoungou : La Chambre des métiers est une institution publique à caractère professionnel qui regroupe l’ensemble des artisans du Burkina Faso. Elle a trois principales missions. Elle a une mission représentative, en ce qu’elle constitue l’interface entre les artisans et le gouvernement. Sa deuxième mission est consultative et permet de renseigner le gouvernement. Enfin, elle a une fonction administrative en ce sens qu’elle gère toutes les questions administratives liées aux artisans.
La Chambre des métiers a été créée par décret en 2007. Mais, sa première mandature est intervenue à partir de 2011. De 2011 à 2021, il y a eu deux mandats. Nous sommes élus pour la troisième mandature de la Chambre des métiers.
Vous avez été portée à la tête de cette institution, quelle est votre vision pour cette structure ?
D’abord, permettez-moi de louer le travail de mes prédécesseurs qui ont travaillé à relever pas mal de défis pour la Chambre des métiers. Je viens pour apporter ma contribution à la suite de ce qu’ils ont déjà fait.
Ma vision est de faire de cette institution, une chambre de leaders, une chambre rayonnante. Nous voulons faire de cette institution, une chambre qui sera une référence dans la sous-région. Pour ce faire, nous nous engageons à servir comme il se doit les artisans. Pour cela, nous donnerons le meilleur de nous-mêmes, nous nous donnerons corps et âme pour relever le défi, pour décrocher le meilleur pour l’ensemble des artisans au Burkina Faso.
Comment comptez-vous rassembler les artisans pour pouvoir les accompagner ?
Rassembler les artisans est un des points sur lesquels nous devons redoubler les efforts. Force est de constater que les artisans ne sont pas regroupés comme il se doit dans notre maison commune en ce moment. Aussi, pour pallier cette situation, dans un premier temps, nous allons écouter les différentes branches d’activités pour prendre la mesure de ceux qui connaissent la chambre et ceux qui ne la connaissent pas. Nous allons les inviter tous, sans exception pour que chacun puisse s’exprimer sur ce qu’il sait ou pas de la chambre, ses avantages et autres. Et nous, à notre tour, nous nous attèlerons à pouvoir booster les différentes doléances et préoccupations qu’ils vont nous poser.
Dans ce sens toujours, le projet de mise en place du code communautaire de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), viendra favoriser davantage le regroupement des artisans et les rendre plus professionnels.
Il faut le dire, les artisans se regroupent par structure associative, union ou fédération, mais, sincèrement, ce regroupement n’est pas très cohérent en ce sens qu’on n’arrive pas à retrouver à travers ce type de regroupement un même corps de métier ensemble. On avait des structures à fourre-tout qui pensaient plus à la solidarité qu’aux aspects professionnels. Nous allons maintenant les regrouper par filière professionnelle. Ceux qui mènent la même activité se mettront ensemble à la base, c’est-à-dire de la commune rurale en remontant à la province, au niveau régional et national pour parler le même langage ; pour se reconnaitre du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest ; afin de pouvoir défendre vaillamment leur cause. En ce moment, s’il y a des avantages, chaque structure de la plus petite à la plus grande pourra en bénéficier. Nous allons le faire partout, avec nos représentations au niveau des régions, puisqu’il y a des chambres de métiers régionales et les bureaux consulaires qu’on va mettre à contribution afin qu’ils travaillent à descendre à la base pour mobiliser l’ensemble des artisans. Quand on parle de plus de deux millions d’artisans, nous voulons les voir concrètement. C’est cette bataille que nous allons mener durant notre mandat, pour qu’aucun artisan ne se sente lésé, pour qu’aucun artisan ne se sente mis en marge. Il est de notre devoir de rassembler l’ensemble des acteurs de l’artisanat.
Vidéo- Les ambitions de Germaine Compaoré à la tête de la Chambre des métiers du Burkina Faso
Comment comptez-vous vous y prendre pour rendre plus accessible la carte de l’artisan à la majorité des artisans au cours de votre mandature?
Effectivement, à consulter le registre de métier on se rend compte que le pourcentage de détenteurs de la carte de l’artisan est encore faible. On ne voudrait même pas nous exprimer par rapport au nombre d’artisans détenteurs de la carte professionnelle d’artisan par rapport au nombre d’artisans au Burkina Faso. C’est là encore une bataille que nous devons mener afin de renverser la tendance. En effet, avoir la carte professionnelle d’artisan ne relève pas d’une volonté en quelque sorte comme d’aucuns le pensent. Mais nous dirons que c’est une obligation pour les artisans. Cependant, ce qui pourrait entraver l’appropriation de cette carte par les artisans, pourrait être le prix de la carte. Bon nombre d’artisans trouvent que le prix d’acquisition de la carte n’est pas à leur portée, mais nous allons continuer la sensibilisation pour leur montrer le bienfondé de la carte et la nécessité de l’avoir. Cependant, nous allons voir avec les élus ce qu’il y a de mieux à faire. S’il y a lieu de réduire aussi au grand maximum le prix de la carte pour les artisans nous le ferons afin qu’ils puissent accéder à cette carte professionnelle d’artisan. Pour nous, un artisan aujourd’hui doit être détenteur de sa carte professionnelle d’artisan. C’est ce qui justifie, où qu’il soit, qu’il exerce dans une branche donnée de l’artisanat. Bon nombre d’artisans témoignent des bienfaits de la carte professionnelle. Les artisans eux-mêmes, surtout ceux qui participent aux différentes expositions, reconnaissent que la carte d’artisan est comme un laissé passer pour eux.
Après l’organisation des artisans, nous voulons plus professionnaliser les artisans à travers le renforcement de leurs capacités parce que nous voulons une chambre professionnelle car la chambre des métiers est une institution publique à caractère professionnel et ses membres doivent être des professionnels également.
Ainsi, nous allons nous baser sur le renforcement des capacités de nos membres pour qu’ils puissent donner de meilleurs produits, des produits de qualité qui iront au-delà de nos frontières et rehausser l’image du Burkina Faso. Vous le savez, pour qu’un artisan soit compétitif sur le plan international il faut que ses produits soient de qualité. De ce fait, nous allons renforcer les capacités d’un grand nombre de nos artisans. Nous allons partir à la recherche de marché pour eux. Ces marchés, nous allons les rechercher au niveau local et international. Nous pensons, à travers cela, faire en sorte que les produits de nos artisans que nous apprécions tant puissent être mis sur le marché à tout moment et que les commandes les inondent à chaque fois. De ce fait, nos artisans seront tout le temps à l’œuvre.Après tout cela, nous allons travailler à rassembler l’ensemble des artisans par leur identification. Nous allons les motiver par des formations, des marchés mis à leur disposition. En effet, c’est au même moment, profitant de ces formations qu’on peut sensibiliser les artisans pour que chacun puisse être détenteur de sa carte professionnelle d’artisan. Cela est d’autant plus important que c’est uniquement ceux qui détiennent la carte d’artisan qui pourront bénéficier des avantages que nous allons mettre à la disposition de la faitière des artisans. Voici en quelques lignes ce que nous voulons faire.
Nous allons aller à la rencontre des autorités du pays pour montrer la nécessité réelle de soutenir ce secteur, un secteur porteur qui regroupe un bon nombre de citoyens burkinabè qui font un travail noble et qui représentent valablement l’image du Burkina Faso.
Quel message avez-vous à l’endroit des artisans burkinabè ?
Mon dernier mot c’est de vous remercier pour l’initiative de comprendre ce que nous avons comme ambition. Par le même temps, nous allons profiter de votre ligne pour communiquer davantage avec ceux ou celles qui exercent une activité ou ignorent qu’ils sont des artisans. Il faut qu’ils se renseignent car toutes les activités « faites main » sont répertoriées dans la « profession artisan ». Nous voulons inviter l’ensemble des artisans à venir se faire identifier, se rallier à des branches artisanales auxquelles ils appartiennent afin d’être perpétuellement informés de tout ce qu’il y a comme avantages autour du travail ou de l’activité qu’ils exercent chaque jour. Vive l’artisanat, vive le Burkina et que le pays reste en paix pour tout le monde.
Propos recueillis par Hamadou Ouédraogo
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