Le Cadre de concertation du Chef de file de l’opposition politique (CC/CFOP) a tenu sa deuxième réunion ordinaire de l’année 2019 le mardi 29 janvier au siège du CFOP.
Présidée par le Chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré, la réunion portait sur les points suivants :
* La mise en place du nouveau gouvernement,
* La recrudescence des attaques terroristes,
* Les divers.
1) La mise en place du nouveau gouvernement
L’opposition a pris acte des changements intervenus au niveau de la gouvernance de notre pays, avec la démission du gouvernement du Premier ministre Paul Kaba Thieba, la nomination d’un nouveau Premier ministre en la personne de Christophe Dabiré, et celle d’un nouveau gouvernement.
Nommer le Premier ministre et les ministres et les limoger font partie des prérogatives constitutionnelles du président du Faso. L’opposition politique en prend acte.
L’opposition tient à préciser que contrairement à certaines informations distillées ici et là, elle n’a été associée, ni de près, ni de loin, aux tractations qui ont abouti à la constitution du nouveau gouvernement.
Comme l’opposition politique l’a annoncé à plusieurs reprises, le président Roch Kaboré n’a jamais pris l’initiative de concerter l’opposition politique, ni son chef de file, sur la situation de notre pays.
A ce jour, les seuls sujets sur lesquels le président du Faso a requis l’opinion de l’opposition politique sont : la question de la nouvelle Constitution, le Code électoral et le vote des Burkinabè de l’étranger.
Cette précision et importante, pour situer les responsabilités et battre en brèche les procès d’intention faits à l’encontre de l’opposition politique présentée par les tenants du pouvoir comme hostile à l’union sacrée face au terrorisme.
La Constitution n’oblige pas le chef de l’Etat à concerter l’opposition ou son chef de file. Elle le lui recommande tout simplement. Le président du Faso est donc libre de son choix. Et l’opposition politique ne revendique pas cette concertation.
De toute façon, l’opposition part du principe que si le président Kaboré ne la concerte pas, c’est qu’il n’a pas besoin de ses conseils et avis pour sortir notre pays de l’ornière. C’est son droit, car c’est lui que les Burkinabè ont élu. Notre seul devoir, c’est de souhaiter qu’il réussisse, puisqu’il s’agit de notre patrie commune. Mais nous ne sommes demandeurs de rien.
La nomination de Christophe Dabiré et de son gouvernement survient dans un contexte de faillite complète après trois années de la gestion de notre pays par le pouvoir MPP. Le Premier ministre Paul Kaba Thieba, choisi et promu de par la volonté discrétionnaire du président Kaboré, n’a convaincu personne de sa capacité à assumer ses fonctions.
L’opposition n’entend pas porter un jugement sur la personne du nouveau Premier ministre. Comme ce fut le cas pour son devancier, il façonnera lui-même le jugement des Burkinabè par son action.
L’opposition politique note cependant que le président Kaboré a jeté son dévolu sur un cadre éminent de ce qu’on appelle communément « l’ancien régime », un cadre qui a milité et travaillé étroitement avec l’ancien président Blaise Compaoré, et que ce dernier a désigné pour représenter le Burkina Faso au sein de la commission de l’UEMOA.
En temps normal, il n’y aurait rien à dire, puisque toutes les compétences peuvent être mises à profit pour le bien du pays. Sauf que ce choix, venant du MPP, révèle une bonne dose d’hypocrisie. En effet, depuis leur prise de pouvoir, le MPP et ses alliés ont travaillé à accuser, à harceler et à diaboliser l’ancienne majorité, particulièrement le CDP. Voilà que, faute de cadres « premier-ministrables » en son sein, le MPP retourne, toute honte bue, à l’ancien régime pour y choisir le nouveau chef du gouvernement. Dorénavant, le MPP est disqualifié pour apporter un jugement de moralité sur l’ancien régime et sur l’opposition politique où siègent les partis de l’ancienne majorité.
L’Opposition note aussi qu’à la faveur de ce remaniement, la décantation tant attendue s’est produite au sein du MPP. Les proches de Feu Salif DIALLO ont été chassés du Gouvernement. Quant au clan de Simon COMPAORE, il a été aussi prié de faire ses bagages. Il ne reste plus maintenant que les proches du Président KABORE. Le Chef de l’Etat n’a donc plus d’excuse. Il est pleinement responsable de tout ce qui se passe.
L’opposition politique a aussi remarqué que suite à cette nomination, certains de nos compatriotes, sans doute gagnés par le désarroi, ont exprimé des attentes fortes vis-à-vis du nouveau Premier ministre, qu’ils voient comme le « zorro » qui va réussir là où, depuis trois ans, le régime qui l’a appelé a échoué lamentablement.
L’opposition respecte leur l’opinion, mais elle les conseille de se raviser. Notre pays est régi par un système semi-présidentiel où la clé de voute, c’est le président du Faso, élu au suffrage universel. C’est lui qui détermine et conduit la politique de la nation. Pour l’aider à mettre en œuvre cette politique, il s’entoure de collaborateurs, dont le Premier ministre.
Dans un tel contexte, il est illusoire de penser qu’un Premier ministre ou un ministre peut venir réussir là où un président du Faso n’a pas réussi.
La responsabilité principale de l’échec du gouvernement depuis trois ans, et du chaos dans lequel le Burkina s’enfonce, est imputable d’abord et avant tout au président du Faso lui-même.
C’est fort de cela que l’opposition politique redit ici qu’elle n’attend rien de ce gouvernement, et réaffirme que ce n’est pas la nomination d’un nouveau Premier ministre qui va sauver le Burkina.
Les Burkinabè n’ont plus rien à attendre du régime du président Kaboré qui, en trois ans, a suffisamment montré son incapacité notoire à régler les problèmes du Burkina Faso.
Venu au pouvoir en se présentant comme la solution, le président Kaboré est aujourd’hui le principal problème de notre pays. Et aucun remaniement ou changement de ministre ne peut être une solution à ce problème. Ce n’est pas une question d’homme. C’est une question de système. Ce n’est pas une question de ministre ou de premier ministre. C’est une question de régime. Or, le régime a échoué. Il n’ya plus rien à attendre de lui.
2) La détérioration continue de la situation sécuritaire
Les participants ont condamné les attaques terroristes survenues ces derniers jours, qui ont visé particulièrement le détachement du groupement des Forces anti-terroristes (GFAT) de Nassoumbou, et les villages de Gasseliki et Sikiré dans la commune d’Arbinda, province du Soum.
L’opposition présente ses condoléances aux familles éplorées et à la nation entière.
Visiblement, les terroristes sont passés à une nouvelle méthode. Désormais, ils commettent des crimes de masse parmi les populations civiles et pillent boutiques, marchés et commerces.
Ces actes surviennent juste après le remaniement ministériel. C’est le signe que le changement de gouvernement ne les a nullement ébranlés.
L’opposition n’a cessé d’attirer l’attention du chef de l’Etat sur ses choix et priorités en matière de défense du territoire national et de protection des citoyens. Et, en retour, elle a toujours été méprisée.
Pour preuve, depuis que notre pays est en guerre avec les terroristes, le Président Roch Marc Christian Kaboré n’a jamais daigné consulter l’opposition, ne serait-ce que pour avoir sa lecture de la situation.
L’opposition constate que les ministres en charge de la défense et de la sécurité ont été remerciés, conformément à ce que les forces vives de la Nation avaient exigé le 29 septembre 2018. C’est bien la preuve que l’opposition politique a vu juste, puisque le limogeage de ceux qui occupaient ces fonctions signifie que le Président du Faso qui les avait choisis, les trouve défaillants.
De nouvelles nominations ont été faites à la tête des départements de la défense, de la sécurité et de l’Etat major général des armées.
L’opposition prend acte de la nomination de nouvelles personnes, et, pour le bien de notre pays, souhaite bien entendu qu’elles réussissent à changer la donne. Malheureusement, le doute est permis car rien n’indique que la gestion du pays, donc de la question sécuritaire, a changé radicalement de cap.
L’opposition entend le message de certains Burkinabè qui l’invitent à faire bloc autour du Président du Faso pour lutter contre le terrorisme. L’opposition a toujours été républicaine et patriotique. Malgré le mépris avec lequel le pouvoir la traite, elle a toujours apporté son soutien à toutes les initiatives prises au sein de l’Assemblée nationale, et qui vise à soutenir nos forces de défense et de sécurité dans leur lutte (état d’urgence, loi de programmation militaire, cotisations spéciales, etc.)
C’est aussi l’opposition politique qui a été la première structure à appeler à l’effort de guerre. Le CFOP avait appelé solennellement l’Exécutif à aller au-delà des actions populistes (à la limite ridicules) pour poser clairement à l’Assemblée nationale le débat sur l’effort de guerre et appeler tous les citoyens (du président du Faso au citoyen lambda) à contribuer selon leurs capacités. L’Opposition lance à nouveau cet appel.
Toutefois, pour l’opposition, « faire bloc » ne signifie pas « se taire » pendant que nos FDS manquent d’armes, de munitions, de motivations. L’opposition ne se rendra jamais complice de la situation, en fermant les yeux sur le dénuement des troupes et l’absence de vision à la tête du pays.
3) Divers
De nombreux points de divers relatifs à la vie du cadre ont été examinés.
Débutée à 18h, la rencontre a pris fin à 21h, dans une ambiance de grande cordialité.
Ouagadougou, le 30 janvier 2019
Le service de communication du Chef de file de l’Opposition politique