En conférence de presse ce jeudi 23 décembre 2021, le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) a dénoncé l’armement des civils dans la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso. Le collectif estime que les violences au Burkina Faso se sont multipliées depuis que les Kolgweogo « de moralité douteuse ou colporteurs de violences », on été recrutés dans les rangs des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), pour lutter contre le terrorisme. Pour le CISC, cela a été une erreur commise par les autorités dans la lutte contre le terrorisme qui tenaille le pays depuis plus de 6 ans.
« Il convient de rappeler que dans la lutte contre le terrorisme, notre pays a commis plusieurs erreurs qu’il peine à rattraper. La première fut incontestablement la création de certaines milices armées ou groupes d’auto-défense Koglweogo, ensuite leur parrainage politique ayant favorisé l’impunité dans le dossier Yirgou et autres cas similaires où ils sont accusés de commettre des exactions contre certaines communautés. La seconde erreur a été de transvaser ces mêmes Koglweogo de moralité douteuse ou colporteurs de violence dans les rangs des VDP après l’adoption de la loi relative à la création des VDP », argumente Daouda Diallo, porte-parole du CISC. A cela, a-t-il ajouté « la stigmatisation communautaire » qui, dit-il, a déstructuré le tissu social et multiplié les conflits intercommunautaires.
Le principal conférencier du jour a aussi relevé le fait que « les exécutions sommaires et extra-judiciaires ont davantage fragilisé la collaboration entre populations et FDS, et surtout contribué à renforcer les effectifs des groupes terroristes qui, usant de perfidie, se présentaient comme des sauveurs de ces populations ‘’abandonnées’’ par la république ».
Sur ce point, le CISC pense que « la stratégie de la neutralisation systématique des suspects » par les FDS ou VDP a été contre-productive pour le Burkina Faso. « Car, depuis que l’on annonce à coups de communiqués des dizaines de terroristes neutralisés, le Burkina n’a pas réussi à récupérer des portions de territoires que l’Etat avait abandonnées », a relevé M. Diallo qui a aussi dénoncé « les propos irresponsables de certains acteurs politiques qui prônent la tactique de la terre brûlée, en l’occurrence le député Abdoulaye Mossé, vice-président de l’Assemblée nationale qui appelait au cours d’une séance plénière à tout ‘’raser’’ au Sahel y compris les arbres et les animaux ». Quelle est l’utilité d’un territoire sans habitants ?, questionnent les conférenciers, invitant les forces de défense et de sécurité (FDS) et les forces partenaires, à « faire preuve d’une plus grande transparence et de redevabilité dans la conduite de leurs opérations militaires afin de restaurer la confiance avec les civils au lieu de continuer à commettre des exactions extrajudiciaires comme les cas récents de tueries de Djigoué le 23 novembre, au sud-ouest du Burkina ».
De la transparence dans le recrutement des auxiliaires de défense
Les conférenciers ont aussi invité l’Etat burkinabè « à mettre en avant la transparence à travers une procédure régulière, la bonne moralité, quand il s’agit de recruter des auxiliaires de défense qu’il faudra enrôler dans l’armée car des civils armés ne sauraient remplacer une armée régulière ».
Ils ont aussi interpellé l’Etat burkinabè à « lutter efficacement contre l’injustice et l’impunité car les exactions, largement documentées, attribuées à certains éléments des forces de défense et de sécurité continuent de bénéficier d’une impunité quasi-totale, ce qui ne fait qu’alimenter le cycle de violence, ouvrant la voie à toutes les dérives possibles, mais également favorise le recrutement des groupes armés terroristes qui usent de perfidies diverses pour des raisons qui leur sont propres ».
Ils souhaitent également que l’ensemble du peuple burkinabè organise « un dialogue avec tous les acteurs sur le vivre ensemble, l’accès aux ressources naturelles et aux services sociaux de base depuis l’échelon du village jusqu’au niveau national afin de poser les jalons d’un État nation où (leur) diversité devient une richesse et non une source de conflit ».
« Nous devons espérer un réveil de l’autorité politique, mais aussi et surtout, espérer que le bon diagnostic soit fait et le remède approprié soit administré afin de restaurer l’intégralité du territoire du Burkina Faso », a souhaité Daouda Diallo.
Les conférenciers du jour se sont aussi penchés sur le massacre de Yirgou qui a eu lieu en janvier 2019 et qui a fait 49 morts, selon un bilan officiel et 216 morts, selon le CISC. A l’occasion du 3e « triste anniversaire » de ce massacre, le CISC prévoit l’organisation d’un certain nombre d’activités commémoratives. Il s’agira d’un panel sur le thème: « Quels liens entre les violations des droits humains et la dégradation de la situation sécuritaire au Burkina Faso? », le 08 janvier 2022, au CBC ;
une journée des communautés à Boussouma en mi-janvier 2022 et une sortie pour assistance aux PDI dès début janvier 2022.
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