Le Burkina fait face à une insécurité sans précédent. Le pays est sous l’œil de l’hydre terroriste depuis maintenant 3 ans. Au nombre des conséquences, on déplore des pertes en vies humaines, des écoles fermées, l’économie atteinte… Au côté de ce tableau moins reluisant, s’est greffé un autre problème beaucoup plus complexe : des conflits communautaires. Un problème perçu autrement par les Burkinabè.
Des récupérations politiques par-ci, des relents ethnicistes par-là, l’on achemine vers une situation dangereuse si rien n’est fait. L’on se rappelle de Yirgou dans la région du Centre-nord en début d’année. Là, des individus armés avaient perpétré un assassinat contre un chef traditionnel moaga et 4 autres membres de sa famille. Amenés par les groupes d’autodéfense Koglweogo, des membres de cette communauté s’en prennent violemment à la communauté peulh. Bilan, 49 morts selon le gouvernement.
En lieu et place de chercher à résoudre le problème par ses racines, les Burkinabé furent divisés par la stratégie à adopter. Pour les uns, il faut à tout prix démanteler les Koglweogo assorti de sévères sanctions judiciaires. Pour d’autres, il faut chercher d’abord à recoller les morceaux ; et c’est dans ce sens que des autorités coutumières et religieuses, non des moindres, se sont rendus dans ladite localité. Après Yirgou, c’est le tour de Zoaga dans le Centre-Est d’abriter des affrontements pour un problème de chefferie. Bilan : 8 morts, avec des images horribles publiées sur les réseaux sociaux.
Eviter l’éclatement du tissu social
Il se trouve que là-bas, il n’y a pas eu la main d’un membre des Koglweogo. Quoi supprimer ? Au même moment que se déroule le drame de Zoaga, un autre, encore plus triste se déroulait dans la région du Sahel. L’assassinat d’un guide religieux et des membres de sa famille a entrainé des affrontements intercommunautaires ayant opposé des Kouroumba et des Peulhs. Bilan officiel : 62 morts.
Là encore, aucun groupe d’auto-défense ne s’y est mêlé. Le hic est que malgré le nombre impressionnant de victimes, l’onde de choc a été moindre que celle de Yirgou. Pourquoi ? Nul ne saurait le dire. On entend par tout que c’est parce que l’affaire de Yirgou a été mal gérée que Arbinda est intervenue. Il est bien vrai qu’il faut reprocher à la justice son inaction dans la gestion de cette affaire. Mais la logique et la lucidité voudraient que les tenants d’une telle théorie, adeptes de la critique facile comprennent ceci : entre 2012 et 2014, le Burkina Faso a enregistré 2 471 cas de conflits communautaires (extrait ; rapport du ministère de la Justice rendu public en juin 2015).
C’est donc dire, qu’au delà des récupérations politiques et des vagues d’émotion puériles, il faut reposer le débat sur le vivre ensemble. Une solution sine qua non pour empêcher le pays de sombrer dans un cycle infernal de violences dont nul ne pourrait prévoir l’issue. Le débat exige donc de la lucidité et de la responsabilité de la part de tous, surtout des élites afin d’éviter l’éclatement du tissu social.
La Rédaction