EducommunicAfrik est une Organisation de jeunesse dont la mission principale est de promouvoir l’Education aux Médias et à l’Information (EMI) en milieu jeune. Elle a entamé depuis novembre 2020 un projet sur la lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation. À Ouahigouya, au Nord du Burkina Faso, ce projet a permis de rassembler les autorités coutumières et religieuses pour les impliquer davantage dans la sensibilisation et dans la prévention du phénomène. Au cours d’une sortie réalisée du 25 au 28 août 2022, EducommunikAfrik et des journalistes ont pu constater de visu les différentes réalisations et la lecture de la situation par les autorités coutumières et religieuses.
Il s’agit du projet « Engager les jeunes dans la prévention et la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent au Burkina Faso à travers l’Education aux Médias et à l’Information (EMI) », dont l’objectif est de « contribuer à renforcer la résilience des communautés pour rejeter, prévenir et contrer la radicalisation, afin de parvenir à la paix et à la cohésion sociale dans les régions du Sahel, du Nord, de l’Est et du Centre-Nord du Burkina Faso ».
Selon le Toom Naaba, Ministre du roi de Yatenga et chargé de l’intronisation, la jeunesse est l’avenir de demain et donc du Burkina. À cet effet pour lui, les jeunes ont besoin d’être conseillés et orientés. « Nous considerons que ce genre d’occasion où on peut réunir de nombreuses personnes, les jeunes, surtout, est la bienvenue. C’est en se parlant qu’on trouvera la solution. Il n’est jamais tard pour bien faire. Tant qu’on peut sensibiliser, faire des médiations, faisons-le pour notre bien et celui de nos enfants. L’extrémisme violent a ses racines dans les discordes et c’est par l’entente qu’on pourra finir avec ce phénomène », a soutenu le chef coutumier.
À l’en croire, les messages de sensibilisation qui sont distribués trouvent bon écho au sein du public cible, la jeunesse. Et à Ouahigouya, il a confié que les résultats des sensibilisations et des médiations sont visibles, sans trop entrer dans le délais.
L’église catholique et la Fédération des églises missionnaires évangéliques (FEME) engagées pour la déradicalisation
Selon l’abbé Jean Noël Ouédraogo, Secrétaire général de la cathédrale de Ouahigouya, plusieurs actions et appels ont été lancés de la part de la hiérarchie religieuse pour être solidaire des Personnes déplacées internes (PDI).
Concernant l’extrémisme violent et la radicalisation, de l’avis de l’abbé Ouédraogo, la jeunesse est bien engagée dans la sensibilisation. « La solution ne peut que venir d’eux jeunes. C’est de bonne augure qu’on voit de nombreuses organisations pilotées par des jeunes qui sensibilisent leurs frères sur ce phénomène », a-t-il déclaré, avant de préciser que « si les jeunes sont convaincus qu’il faut arrêter l’hydre terroriste, cela va prendre fin, car c’est eux les plus recrutés dans les groupes ».
Aussi, pour l’abbé Ouédraogo, « les armes sont bien, mais actuellement, nous avons plus besoin d’éducation de la conscience humaine ».
Dans le même sens, le pasteur Romain Zida, Secrétaire général du bureau de la FEME considère que l’extrémisme violent, c’est le manque de connaissance de Dieu. De l’avis de M. Zida, la jeunesse a besoin d’éducation, car si l’argument, c’est la religion, ces jeunes n’ont pas à être violents. Voilà pourquoi, il juge qu’il faut retourner aux fondamentaux. « Il faut déradicaliser les jeunes par l’enseignement et l’éducation. Si vous enseignez l’amour, les gens vont vivre l’amour dans les familles. Quand vous enseignez la violence, vos adeptes seront sûrement des violents », a expliqué le pasteur Romain Zida.
Mais avant tout, il pense qu’il faut panser les plaies. « Beaucoup de personnes sont blessées. Quand une personne est blessée dans son âme, cette personne est prédisposée à faire la violence. L’État a blessé des personnes par sa manière de gouverner, sa manière de rendre justice, etc. Il faut panser les plaies », a-t-il suggéré, avant de préciser que « Dieu est Miséricorde ». « Dans Sa miséricorde, il n’y a pas de violence mais de l’amour ». « La paix est le socle de toute vie sociale. Elle est la solution de base pour l’épanouissement de toute société. J’invite les jeunes à être des vecteurs de paix. J’invite ceux qui sont enrôlés dans ce domaine à revenir pour qu’ensemble nous essayons de construire un monde de paix, car là où il y a la paix il y a le bon-vivre », a lancé l’abbé Ouédraogo aux jeunes. Dans le même sens, la FEME de Ouahigouya a aussi appelé à « une repentance nationale. Que chacun reconnaît là où il a fauté et demande pardon, pour une paix durable ».
De la contribution de la Communauté musulmane…
Pour Issiaka Sibalo président de l’AEEMB Ouahigouya, c’est un « faux procès d’indexer l’islam » dans cette guerre. À l’en croire, les prêches « ne sont jamais en rapport avec les tueries qui se passent ». L’islam, c’est la paix et le vivre-ensemble, martèle-t-il. « Aucun imam n’appelle à la violence. Si on apprend à connaître l’autre, on ne peut pas employer la force », ajoute Issiaka Sibalo. Il a aussi lancé un message de paix à la jeunesse : « je veux dire aux jeunes qui se sont révoltés contre l’État de revenir à la maison. Revenez à la maison pour qu’on se parle entre frères et sœurs pour aider le Burkina Faso à se développer ».
Mathias Kam
Minute.bf