Le procès Dabo Boukary s’est ouvert dans la matinée de ce lundi 19 septembre 2022. C’est le médecin lieutenant-colonel Bamba Mamadou qui est le premier à s’expliquer à la barre. Etudiant en médecine au moment des faits, il est accusé d’avoir servi de guide et d’informateur aux militaires de l’ex-régiment de sécurité présidentielle pour les interpellations des étudiants. Devant les juges, il a plaidé non coupable.
« J’ai été meurtri dans mon âme, dans mon esprit et dans ma chair par les faits dont on m’accuse. C’est avec soulagement que je viens à ce procès parce que ça va me permettre de me décharger de ce fardeau que je porte sur le coeur depuis des années maintenant», s’est-il exprimé en prenant la parole.
Mamadou Bamba dit être victime du statut qu’il revêtait au moment des faits. En effet, il explique qu’au moment des faits, il était le délégué du comité révolutionnaire (CR) de l’université de Ouagadougou, comité qui répondait de l’Union Nationale des Jeunes du Burkina (UNJB) et dont la mission consistait, à en croire les dires du prévenu, a faire adhérer le maximum d’étudiant au régime révolutionnaire.
Partisan du régime d’alors, il explique qu’il était peu favorable aux manifestations de l’ANEB à cette époque. « Moi je leur disais tout le temps que s’ils veulent aller en grève, qu’ils le fassent mais qu’ils laissent ceux qui veulent faire les cours venir à l’école. Mais quand tu etais un délégué du comité, c’est comme si on avait fait une croix rouge sur toi. Ils ont fait croire aux étudiants que c’est le délégué de comité qui est à l’origine de tous leurs malheurs », a-t-il déclaré tout en ne niant pas cependant, qu’il avait certaines accointances avec le pouvoir d’alors.
Au cours des évènements, il dit avoir été approché par Maïga Amadou, venu avec une liste de photos d’étudiants et lui demandant s’il les reconnaissait. « Je lui ai dit que je ne les connaissais pas. En tant que délégué du comité révolutionnaire, mon rôle était purement administratif. Donc je ne pouvais pas connaître tous les étudiants de l’université encore moins leur domicile», explique-t-il.
Pour l’accusé qui clame haut et fort son innocence dans cette affaire, il n’est rien d’autre qu’une victime de ses acointances d’alors. La preuve, selon lui, est qu’« à l’époque certaines personnes disaient que j’avais des gardes-du-corps et que je donnais des ordres aux militaires. Ce qui n’est pas vrai puisque je n’étais même pas militaire».
Aussi, dit-il mettre au défi quiconque de pouvoir confirmer que c’est lui qui ait donné l’ordre d’arrêter les étudiants. « Ce n’est pas parce que Salif Diallo était mon ami que j’ai participé à tout ce qu’il a posé comme acte», s’est exclamé l’accusé qui affirme qu’au moment des faits, il ne connaissait même pas Dabo Boukary encore moins Kambou Sansan Jean Yves et tous les autres ayant témoigné contre lui devant le juge d’instruction.
Oumarou KONATE
Minute.bf