mercredi 11 décembre 2024
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Burkina : Le capitaine Traoré dit ses « verités » aux politiques et OSC

Le chef de l’Etat, président de la transition, Capitaine Ibrahim Traoré, a échangé le 11 novembre dernier avec les représentants des partis politiques et des organisations de la société civile (OSC) autour de la situation actuelle du Burkina Faso en proie aux menaces terroristes.

C’est sans langue de bois que le Chef de l’État a dépeint la situation actuelle du Burkina Faso aux acteurs du monde politique et des OSC du pays. Pour lui, le sort du pays depend en grande partie de ces acteurs. Et, il importe, a-t-il dit, que face à la situation actuelle, chacun fasse son méa culpa pour se demander « qu’est-ce que j’apporte à cette patrie?».

Des dires du Capitaine Ibrahim Traoré, il est évident que les populations des grandes villes du pays n’ont pas encore pris la pleine mesure de l’état de dégradation de la situation nationale. « Dans les grandes villes, la vie est tout autre. Hors de ces villes vous n’imaginez pas ce qui se passe (..) Est-ce que tout le monde est conscient que le territoire est presque perdu ? », a-t-il questionné. Selon lui, les problèmes que rencontre l’armée burkinabè actuellement découlent de la politisation de la grande muette. « L’armée a été infiltrée et chacun agit en fonction de certains bords politiques. À un moment donné on a eu espoir que ça va cesser, notamment avec les événements du 24 janvier. Mais ça n’a pas cessé et ça continue. Les évènements du 30 sont arrivés », a-t-il déploré.

« Tout n’est pas terroriste… »

Dépeignant la situation actuelle du pays, le chef de l’Etat dit vouloir lever le voile sur la realité exacte de la situation afin que chacun des Burkinabè fasse son choix. « Je vais vous dire ce soir où est-ce que nous en sommes et où est-ce que nous allons si on ne change pas. Et à partir de cet instant, chacun sera libre de son action future soit pour la patrie ou contre la patrie (…) Personne ne va pouvoir quitter. Déjà entre Bobo et Ouaga, ça devient difficile. C’est lorsque la route sera coupée que certaines personnes vont prendre conscience, parce qu’il n’est pas permis à tout le monde de prendre l’avion entre Bobo et Ouaga. Si c’est ce pays que nous voulons, allons-y », a-t-il martelé.

Dans cet exercice de « franc-parler », le tombeur du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba n’a pas manqué de revenir sur les origines du terrorisme. Pour lui, c’est la mauvaise gouvernance que le pays a connue depuis plusieurs années qui a contribué à alimenter le phénomène terroriste.

« J’ai marché pour traverser le Sahel (…). Il n’y a rien là-bas. Qu’avons nous construit, qu’avons nous fait de sérieux dans cette zone ? Qui en est responsable ? C’est nous. D’où viennent les terroristes, pourquoi le terrorisme? Tout n’est pas terroriste (…) C’est nous qui avons créé cette situation ; la gouvernance, on a tout fait pour abandonner certains peuples, on ne pense qu’à nous. On n’a aucune pitié pour les autres (..) Vous êtes bien conscients que le pays n’est pas pauvre, c’est parce qu’on est méchant (…) La seule route Kongoussi-Djibo, les ponts datent des années 1950 (…). J’ai écrit un rapport en son temps, la guerre n’était pas [encore] là. On n’a rien fait (…) Qui en est responsable? Il faut que chacun fasse son introspection », a interpellé le Capitaine Traoré tout en appelant à un changement de mentalité.

« Burkina Faso, où est l’intégrité ? »

Et d’ajouter : « Tout le monde roule dans sa voiture, tout le monde vit bien, c’est la démocratie, c’est le droit, c’est tout ce que nous connaissons à Ouagadougou (..) Ayez pitié des gens. Qu’est-ce qu’ils ont fait pour que quand le soleil se couche, ils dorment dans la brousse, ils ne peuvent pas dormir chez eux? Allez-y les voir, ces enfants qui ont la peau sur les os, ces vieillards qui meurent de faim. Allez voir ces femmes qui ne peuvent plus allaiter parce qu’elle n’ont plus rien dans le sein. Allez les voir ! Ne faisons pas semblant. Tant qu’on ne va pas soigner les maux de ce pays on sera toujours révolté, il y aura toujours la révolte ».

Le Président de la transition a appelé à une solidarité agissante envers les populations qui souffrent le martyr dans les zones sous occupation terroriste. « Quand je vous dis qu’il y a des gens qui mangent de l’herbe c’est une réalité. Celui qui veut contester je l’emmène demain pour aller voir. Ça continue, ça n’a même pas cessé. On a pu ravitailler certains villages [en vivres] mais d’autres pas encore. On est toujours en route . Même pour le ravitaillement, aucun civil ne peut daigner soutenir avec des camions pour qu’on puisse être solidaire vis-à-vis de ces populations. C’est quoi l’intégrité ? Burkina Faso, où est l’intégrité ? Pour l’instant, on a pu, dans l’armée, réaliser quelques camions pour transporter les vivres avec nos propres moyens, bien qu’on ait loué d’autres pour ajouter, pour convoyer ces vivres vers des populations qui mouraient de faim. Et même dans cela, j’ai vu qu’il n’y a aucune pitié. Des citoyens savaient que c’était pour convoyer des vivres, mais ils sont restés sur leurs tarifs. C’est pour dire que la solidarité a disparu au Burkina », a-t-il regretté.

« Nous avons toujours le slogan que [le Burkina Faso] est un pays pauvre. Vous êtes bien conscients que le pays n’est pas pauvre. C’est parce qu’on est méchant. On est sérieusement méchant entre nous », a regretté le capitaine Ibrahim Traoré.

En dépit de cette situation qu’il a dépeinte, le Président a fini sur une note d’optimisme. Mettant un terme à son discours, il a invité chaque Burkinabè à donner le meilleur de lui-même afin que le pays puisse sortir de cette situation. « Inch’Allah on va y arriver », est-il convaincu.

Minute.bf

1 COMMENTAIRE

  1. Franchement le président ne dit que la vérité, l’humanisme n’y est plus , tandis que d’autres donnent leur vie pour sauver la patrie certains voient la fortune qu’ils feront.Il est bien de recenser toutes ces personnes qui possèdent les véhicules qui peuvent contribuer au ravitaillement et obliger ces personnes à faire sortir un camion par personne pour le ravitaillement.c’est parce qu’il y’a la sécurité à Ouagadougou qu’ils ont des véhicules toujours.

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