Le samedi 19 novembre 2022, le Premier ministre Appollinaire Joachim Kyélem de Tambela était devant les membres de l’Assemblée Législative de Transition (ALT), pour sa déclaration de politique générale (DPG). De l’aspect sécuritaire à la gouvernance administrative en passant par la coopération internationale, Me Kyélem de Tambela a dévoilé la vision de son gouvernement pour le mandat de 21 mois que durera la Transition. Mais comment le discours a-t-il été perçu par les populations ? Que pensent les Ouagavillois des premières actions du gouvernement ? Pour répondre à ces questions, une équipe de www.minute.bf a promené son micro dans certaines artères de la capitale burkinabè. Micro !
Serges Imhotep Bayala, Coordonnateur du « Cadre Deux heures pour Kamita »
« Il y a énormément de choses du Discours d’orientation politique (DOP) du Président Capitaine Thomas Sankara qu’on retrouve dans ce discours…»
C’est un discours qui casse d’avec les codes classiques en matière de discours face à la représentation nationale. C’est un discours qui a le mérite d’une certaine originalité aussi bien dans la forme que dans le fond des sujets abordés. C’est un discours qui, dans toute sa longueur, est traversé par un certain courage des mots, un courage d’option et un examen assez profond de ce que c’est que le Burkina Faso d’aujourd’hui qui se retrouve à devoir tout refaire. Je pense notamment à l’interpellation faite aux intellectuels et aux penseurs qui jusque-là ne sont pas encore arrivés à produire une vision du fonctionnement de nos institutions basée sur notre propre culture au lieu d’être des résidus des fantasmes civilisationnelles des autres. Et là on a beau ne pas aimer ou avoir ses propres problèmes avec le Premier ministre, ça reste un diagnostic vrai.
Aussi, je pense qu’il y a énormément de choses du Discours d’orientation politique (DOP) du Président Thomas Sankara qu’on retrouve dans ce discours, que ce soit dans la posture dont ce discours a été tenu dans la forme et même dans l’évocation des éléments de fonds. Quand vous prenez par exemple le concept de la sécurisation du territoire, le DOP prévoyait déjà la participation populaire à la sécurisation du territoire. Il y a aussi des éléments sur le contenu du système éducatif. Je pense que très clairement le Premier ministre s’inscrit non seulement dans le Discours d’orientation politique de Thomas Sankara dans le fond, mais aussi dans une volonté d’être en phase dans la forme avec ce discours.
Quand on prend également l’indexation de l’impérialisme comme étant un franc manipulateur des difficultés sécuritaires et sociales que nous connaissons, le Premier ministre l’a dit sans langue de bois, avec le courage qu’on connait à la période révolutionnaire et à son DOP, que certains de nos partenaires ne sont pas sincères, parce que nous sommes étonnés qu’ils aient autant de logistiques militaires avec une technologie de pointe et que ce matériel ne nous donne pas les renseignements nécessaires pour être efficaces contre les groupes djihadistes qui se déplacent. Donc là on sent clairement qu’il y a des partenaires qui, s’ils étaient dans la salle, seraient mal à l’aise parce que c’est le chef du gouvernement qui le dit. Et ce n’est pas dit au kiosque des pro-russes ou des anti-français. Maintenant tout ce qu’on attend c’est la transformation de ce discours en politique de gouvernance qui va être observable sur le terrain.
Lassané Sawadogo, Président du Mouvement Front de Défense de la Patrie (FDP)
« Le Premier ministre est allé au delà de ce que nous attendions…»
Le discours du Premier Ministre m’a touché le coeur. J’ai su que le Burkina Faso a retrouvé ses vrais dirigeants. Pour être franc, le Premier ministre est allé au delà de ce que nous attendions. Il a clarifié sa position et la position de l’État burkinabè face aux partenaires et aussi sur la bonne gouvernance. Et moi j’appelle le peuple burkinabè à soutenir ce gouvernement-là. Nous savons que des fois on peut parler sans faire, mais depuis la prise du pouvoir du Capitaine Ibrahim Traoré, les faits se concrétisent et les paroles se réalisent. Les manifestations que nous avions eues à faire ces derniers temps nous ont confirmé que le gouvernement burkinabè est à 100% dans la révolution et ça prouve que notre Gouvernement sera à la hauteur de vaincre le terrorisme, du moment où le Premier ministre a pris la responsabilité de travailler avec des coopérants qui vont nous respecter et qui vont remplir leurs engagements envers l’État burkinabè. Et je vous dis que moi, Alassane Sawadogo, je suis prêt à accompagner le gouvernement burkinabè au front et aussi dans les affaires gouvernementales jusqu’à la réussite totale de leur mission.
Farga Nebnoma Basile, porte-parole du Mouvement Urgences panafricanistes
« Chacun a été servi…»
Nous avons été satisfaits sur plusieurs points qu’il a abordé dans son discours en l’occurrence l’aspect sécuritaire qui était le point que nous attendions le plus afin qu’il nous apporte plus de précisions parce qu’il y avait assez d’ambiguïtés là-dessus. Par rapport à la coopération internationale, la réponse du Premier ministre a été très franche. C’est vrai qu’il n’a pas dit de nom mais nous savons très bien de qui il parlait. Donc chacun a été servi. Il faut dire que depuis les différentes transitions qui se sont succédé, nous n’avons pas encore vu un Premier ministre parler avec une telle franchise devant les députés. Nous attendons maintenant les actes après le discours.
Goumbri Karim, étudiant
« J’espère que les actes suivront..»
De prime abord, quand le Premier ministre s’exprimait, moi j’ai pensé directement à Sankara. Le discours peint les réalités telles qu’elles sont et c’est un discours qui suscite de l’espoir. Espoir parce que suivant les différents axes qu’il a abordés, il n’a cessé de mettre l’accent sur le développement endogène, de dire qu’il faut compter sur nous-mêmes et après s’il y a lieu, chercher des partenariats. Je pense que le discours tels que prononcé est salutaire et les différents axes qui ont été abordés sont prometteurs. Quand on regarde le domaine de l’agriculture, on se rend compte que véritablement il faut enclencher un processus qui va nous permettre de sortir de cette crise alimentaire que nous subissons depuis les indépendances. L’autre aspect aussi, c’est la question sécuritaire, j’ai surtout aimé le fait que le Premier ministre ait parlé de diversification des partenariats à ce niveau. Il ne faudrait pas qu’on se cantonne sur un seul partenaire. L’aspect qui m’a aussi touché c’est l’appel qu’il a lancé aux populations parce que le plus souvent nous sommes déconnectés de nous-mêmes et nous délaissons notre coutume en reniant nos propres réalités. Il nous a appelés à revoir cet aspect-là. Son discours m’a vraiment marqué et j’espère que les actes suivront.
Propos recueillis par Oumarou KONATE
Minute.bf