jeudi 26 décembre 2024
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Situation nationale : Retour sur le grand oral du Premier Ministre


Lors de son grand oral le dimanche 21 juillet dernier, le Premier Ministre (PM) Christophe Marie Joseph Dabiré a répondu à plusieurs questions liées à la réconciliation nationale, au décès des onze personnes à l’Unité Anti-drogue (UAD) et sur la question des déplacés internes que compte le Burkina Faso, et bien d’autres questions d’intérêt national. Nous vous proposons quelques-unes de ses réactions aux questions qui lui étaient posées par les journalistes.

Journalistes : Onze détenus qui étaient gardés à l’Unité anti-drogue (UAD) ont  perdu la vie. Actuellement les enquêtes sont ouvertes pour situer les responsabilités. Comment avez-vous vécu cet épisode ? Aujourd’hui comment on s’arrange pour ne pas vivre de tel cas ?

J’ai été l’un des premiers à dire que c’était inadmissible. Je me joins au chef de l’Etat pour dire que c’est inacceptable parce que du moment où on construit  un Etat de droit nous n’avons pas le droit d’assister à ce type de bavure sinon à ce type de drame au niveau de notre pays. Dès les premiers instants nous avons donné des instructions fermes pour que toute la lumière soit faite tant au niveau de la justice qu’au niveau administratif. Nous avons  pris des mesures conservatoires vis-à-vis des premiers responsables. Nous ne disons pas qu’ils sont coupables ou responsables de quoi que ce soit mais ils sont les premiers responsables de l’administration de la police au niveau de l’unité anti-drogue. Donc de ce point de vue, ils doivent être mis dans une position où ils ne doivent plus prendre des décisions dans l’attente que les enquêtes administratives démontrent les responsabilités afin que des sanctions beaucoup plus fortes soient prises à l’encontre.

Les conditions de détention dans ces maisons de sécurité sont jugées inhumaines…

Dans cette affaire on ne doit dédouaner personne. Le gouvernement a certes une responsabilité mais ceux qui sont chargés d’exécuter les orientations du gouvernement ont également une certaines responsabilités. Nous avons, à l’issu de la situation qui s’est créée, organisé un conseil de cabinet  pour donner des orientations parce qu’il faut faire le bilan de la situation. Nous avons fait venir le maire qui est le premier responsable des detenus des gardés à vue dans sa circonscription pour qu’on puisse faire l’évaluation de la situation d’ensemble et engager des procédures qui peuvent permettre d’améliorer les conditions de vie pour éviter les situations de ce genre

Mais en attendant ce sont des familles qui sont dans la douleur et qui attendent de récupérer les corps. Comment aujourd’hui on accompagne ces familles ? Onze personnes qui sont mortes de façon mystérieuse dans une cellule de l’unité anti-drogue. Les familles attendent de savoir ce qui s’est passé. Est-ce que ce soir, M. le Premier ministre, vous pouvez donner des informations précises de ce qui s’est passé dans les locaux de l’unité anti-drogue?

Avec ce qui s’est passé, on ne peut pas dire qu’ils sont morts de façon mystérieuse puisque il ya une enquête qui a été ouverte et le procureur a demandé des autopsies. Ces autopsies ont été réalisées et remises au procureur. Donc nous sommes en droit de dire que si la procédure judiciaire suit son cours, les familles sauront de quoi sont morts les onze detenus au niveau de l’unité anti-drogue. Maintenant il faut dire qu’il n’y a pas de solution magique en la matière. Nous avons décidé, au niveau du gouvernement, de recevoir l’ensemble des familles des detenus qui sont décédés. Nous les avons reçues et nous leur avons donné toutes les explications sur le plan administratif que sur le plan judiciaire. Nous avons présenté notre compassion à l’ensemble des familles et avons dit que nous prenons des dispositions, non pas dans le sens d’indemniser parce qu’il faut attendre que la procédure judiciaire aboutisse avant de parler de quoi que ce soit. Mais nous sommes prêts à les accompagner pour ce qui concerne l’organisation des funérailles de leurs défunts.  

Parlons de la question de la réconciliation nationale, on a l’impression que c’est l’opposition qui en parle beaucoup plus que le pouvoir en place alors que tout le monde a besoin de réconciliation en ce moment ?

Tout le monde a besoin de réconciliation nationale mais vous et moi qui sommes assis ici, si je vous posais la question, comment voyez-vous la réconciliation nationale ? Je suis sûre que votre point de vue ne serait pas le même que celle de Jean Emmanuel Ouédraogo. Je suis convaincu de cela et ce ne sera pas le point de vue que moi j’ai.

Et votre point de vue en tant que chef de gouvernement par rapport à la réconciliation pour qu’on permette aux exilés politiques de rentrer pour qu’ensemble on puisse s’assoir autour d’une table?

Ça c’est un point de vue. Mais je ne partage pas cela parce que ce n’est pas la solution miracle à la réconciliation.

Donc le gouvernement n’est pas prêt actuellement à ce que Blaise Compaoré revienne au bercail ? 

Mais je suis désolé, il n’y a pas eu une décision administrative ou politique qui ait demandé à ce qu’on exfiltre le Président Blaise Compaoré. Mieux, il y a eu des gens qui ont quitté ce pays et qui sont revenus sans qu’on ne leur demande. Ils sont revenus mais est-ce qu’on les a poursuivis, est-ce qu’on les a  embastillés ? Je ne crois pas.

Il demeure quand même un ancien chef d’Etat, est ce que le gouvernement aujourd’hui donne des garantis, si toutefois il revenait dans son pays ?

S’il décide de revenir, les conditions seront discutées avec le chef de l’Etat. Ce n’est pas le gouvernement qui va décider de lui dire de rentrer sous prétexte qu’il bénéficiera de telle ou telle garantie. Est-ce qu’il vous a dit qu’il a l’intention de rentrer ?

Juliette Bonkoungou et autres membres du CDP qui disent aujourd’hui que le Président Blaise Compaoré souhaite rentrer ?

Donc c’est une information que vous venez de me donner…

Monsieur le Premier ministre nous allons évoquer l’une des conséquences de insécurité, les déplacés. Certains sont venus dans la capitale et certains hommes politiques estimaient qu’ils devaient repartir. Concrètement, quelle est la ligne concernant ces réfugiés?

Nous avons près de 220.000 déplacés internes sur l’ensemble de notre territoire, particulièrement au nord, et au sahel. Pour répondre à cette situation, nous avons créé des camps afin de les recevoir avec le soutien de nos partenaires. Vous allez encore dire qu’on tend la main, mais c’est cela la réalité. Nous les avons cantonnés à Barsalogho, à Foubé, à Pensa, etc. pour pouvoir leur accorder notre part de solidarité dans le drame qu’ils sont en train de vivre. La ministre en charge de la solidarité a pris en charge jusqu’à 17.000 réfugiés  en termes d’aide alimentaire, de kits, etc. Nous avons mis en place des camps pour pouvoir les cantonner. Ceux qui sont venus à Ouagadougou, on les a sensibilisés et on les a ramenés dans certains  camps que nous avons constitués.

Sont-ils tous repartis ?

Non, pas tous. Nous ne pouvons pas dire qu’ils sont tous repartis parce que nous savons aussi dans quelles conditions ces gens-là sont venus.

Mais n’ont-ils pas leur place dans la capitale ?

Non! Ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas leur place dans la capitale, mais il fallait que nous les mettons dans des camps ou nous pouvons les prendre en charge de façon conséquente et sérieuse. Dans la capitale, ces déplacés sont dispersés. Les camps dans lesquels ils se trouvent ne sont pas constitués ni surveillés par des FDS avec un dispositif sanitaire, et cela pose des problèmes.

C’est tout de même des Burkinabè qui sont arrivés à Ouagadougou, qui sont sous le choc, qui ont peut-être besoin d’une assistance psycho-sociale et tout de suite on leur dit : ‘’on va vous ramener à Barssalogo’’. Bien-sûr, ils sont venus des localités voisines de Barssalogo, mais, ils ont la peur au ventre, est-ce qu’on ne pouvait pas trouver des solutions pour les recevoir dans la capitale ? Parce que le Burkina Faso, c’est un seul pays.

Tout à fait! Nous les avons reçus, la ministre de la solidarité sociale les a sensibilisés et leurs retours ont été des retours volontaires. On n’a pas obligé quelqu’un a monté dans un bus pour retourner à Barsalogho. On leur a expliqué les conditions dans lesquels ils pouvaient être pris en charge et mieux pris en charge que s’ils restaient à Ouagadougou, du fait des initiatives de certains d’entre nous du reste. Parce que je sais qu’il y a des gens qui sont là, qui sont logés dans des établissements d’enseignement primaire ou privé parce que ce sont des Burkinabè qui les ont faits venir de leurs localités et qui les ont logés là. En ce moment, les responsabilités sont partagées. Cela veut dire que celui qui a pris l’initiative de faire venir un groupe, c’est qu’il se donne les moyens d’assurer la sécurité de ce groupe. Ce n’est plus de la responsabilité du gouvernement de dire : ‘’il y a des personnes qui sont arrivées, il faut qu’on s’en occupe’’.

N’est pas là une non-assistance à personnes en danger ?

Pas du tout. Celui qui n’a pas assisté les personnes qui sont arrivées, c’est celui qui a décidé de les amenés, d’affréter un car, de les mettre dedans, de les amenés ici, et de les loger quelque part. S’il voulait que cela soit organisé, il y a des structures qui sont là pour ces questions, il aurait dû prendre contact avec ces structures là pour que nous puissions ensemble discuter des modalités d’arrivée de ces personnes.

Vous avez parlé de près de 220.000 personnes déplacées qui ne vont pas produire. Est-ce qu’on prend des dispositions dès maintenant, parce qu’il est claire, qu’il y aura un problème alimentaire dans les mois à venir ?

Nous avons conscience de cela. Nous travaillons à ce qu’il y ait une certaine sécurisation des zones et si on peut délocaliser un certains nombres de personnes des camps pour qu’ils aillent produire, on le fera. Mais en tout état de cause, pour l’instant les camps sont bien gérés. Dans les camps, on leur apporte de l’alimentation, on a mis en place un dispositif de santé, on a mis en place un dispositif de sécurité pour essayer de protéger les camps en cas d’attaque, etc. Donc les dispositions sont prises et nous allons nous battre jusqu’à ce que la situation se stabilise. Ceux qui sont dans les conditions normales de personnes déplacées internes, qu’on puisse leur apporter le nécessaire, qu’ils ne soient pas laisser au bord de la route.

 Minute.bf

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