La phase des plaidoiries des avocats de la défense a débuté du côté du TGI Ouaga 1 où se tient le procès de l’affaire Vincent Dabilgou et autres. C’est Me Ouali, avocat du prévenu Jean Gabriel Séré qui a ouvert le bal des plaidoiries.
Prenant la parole, le conseil de Jean Gabriel Séré a plaidé pour une absolument totale des peines de son client. Selon lui, Jean Gabriel Séré, ayant plaidé coupable, s’est assumé et démarqué de tous les autres. Il a par la même occasion, contribué à l’éclatement de la vérité dans le cadre de cette affaire et, est donc en droit de bénéficier d’une absolution totale de ses peines conformément à l’alinéa 1 de l’article 335-1 du Code pénale qui stipule que dans le cadre d’une procédure pénale, il convient d’« excuser totalement » celui parmi les prévenus qui aura permis de fournir des informations à même de faire éclater la vérité et par ricochet, éviter une impunité totale dans le cadre de cette affaire.
Selon l’avocat, en prenant cette disposition, le législateur a voulu éviter l’impunité totale dans le cadre des infractions. Et dans ce dossier particulièrement, selon son conseil, Jean Gabriel Séré a joué un rôle considérable à la manifestation de la vérité et ce, à travers les différentes dénonciations qu’il a faites depuis le début de la procédure. Toute chose qui a permis, d’après l’avocat, d’« ouvrir la porte à un assainissement du milieu politique ».
Aussi, selon l’avocat, plusieurs indices démontrent à souhait que Monsieur Séré n’a reçu qu’une infime part des retombés des fonds détournés. La plus grande part est revenue à Vincent Dabilgou et son parti, le Nouveau Temps pour la Démocratie (NTD). « Les responsables du parti ont dit ici que leur parti ne peut pas mobilier 10 millions. Ce qui est faux parce qu’un parti qui ne peut pas mobiliser 10 millions ne peut pas battre campagne. Le NTD a battu campagne jusqu’à avoir 13 députés à l’Assemblée nationale », a dit le conseil. Il a aussi rappelé le fait que le Président du NTD, Vincent Dabilgou a même bénéficié personnellement des retombés de ce fonds détourné. Cela, en témoigne les meubles qui ont été achetés pour son salon et dont a fait cas Jean Gabriel Séré.
« Nous sommes morts. On nous a tués. On a égorgé l’Etat et nous avec. Monsieur le Président, durant toute cette semaine, on nous l’a répété. Mais moi je dirai que nous ne sommes pas morts. Il nous a sauvé. Jean Gabriel Séré nous a sauvés à travers ses dénonciations », a martelé pour sa part, Me Bado, un autre avocat du prévenu Jean Gabriel Séré.
Poursuivant sa plaidoirie, il est allé plus loin en indiquant que son client a agi sous la contrainte morale de son supérieur qui n’est autre que le ministre Vincent Dabilgou. « Pourquoi monsieur Dabilgou ne s’est-il pas demandé comment son parti était financé ? Quelle sanction a-t-il infligé à son DAF qu’il a lui-même nommé, lorsqu’il s’est rendu compte des malversations de ce dernier ?», a interrogé l’avocat qui dit aboutir à la conclusion que toutes les opérations ont été faites sur instruction de Monsieur Dabilgou lui-même, mais, de façon verbale. Il a, ce faisant, appelé le tribunal à accorder le « bénéfice de la contrainte morale » à Jean Gabriel Séré parce qu’il a agi sous la contrainte morale de Monsieur Dabilgou qui est son supérieur.
A défaut de cela, si le tribunal estime que les éléments ne sont pas assez constitués pour attribuer à son client du bénéfice de la contrainte morale, Me Bado a plaidé pour que l’on ne lui dénie pas son droit à une absolution totale de ses peines telle que prévue par l’article 335-1 relatif aux « excuses atténuantes ».
En plus de cela, selon l’avocat, son client est le seul à s’être « repenti » parmi tous les prévenus au regard du fait qu’il a été le seul à se remettre en cause et à dénoncer les autres. Au regard de cela, il a plaidé pour qu’en plus des excuses atténuantes, il soit accordé le bénéfice du sursis à Jean Gabriel Séré.
Une autre chose que les avocats ont mis en avant dans leur plaidoirie, c’est que si l’on renvoyait le prévenu Jean Gabriel Séré derrière les barreaux, l’on enverrait un mauvais message à des potentielles personnes qui voudraient dénoncer des cas pareilles dans les administrations. Pour eux, il faut accorder à leur client le bénéfice de l’excuse absolutoire pour encourager les éventuelles personnes qui ont connaissance de faits pareils et qui hésitent à dénoncer.
Il convient de rappeler que Jean Gabriel Séré, Directeur de l’administration et des Finances ( DAF) au moment des faits, est poursuivi dans ce dossier pour des faits d’abus de fonction, détournement de deniers publics, financement occulte de parti politique et blanchiment de capitaux. Le procureur a requis contre lui, une peine d’emprisonnement de 24 mois ferme et une Amende de 10 millions de francs CFA ainsi que la confiscation de ses droits de vote et d’éligibilité pour une durée de 05 ans.
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Oumarou KONATE et Mathias KAM
Minute.bf