Dans une semaine, le Capitaine Ibrahim Traoré aura un an de gestion à la tête du Burkina Faso. A l’orée de cet événement, le Front de Défense pour la patrie (FDP) a initié, ce 23 septembre 2023 à Ouagadougou, un panel sous le thème : « CNR de Thomas Sankara, MPSR 2 d’Ibrahim Traoré : Quelle lecture politique ? ». L’objectif de cette activité est, selon ses initiateurs, d’analyser les points de similitudes entre le pouvoir de transition du Capitaine Ibrahim Traoré et le Conseil national de la Révolution du Capitaine Thomas Sankara en vue de tirer des leçons de la gouvernance des deux régimes militaires.
Pour aborder la première sous-thématique de ce panel intitulée : « La vision politique du Capitaine Thomas Sankara et d’Ibrahim Traoré : lecture comparative et regard critique », le FDP a fait appel à l’écrivain burkinabè, Adama Amadé Siguiré. Dans son analyse, le conférencier a fait un synopsis des points de ressemblance entre les deux régimes, tous issus d’ailleurs de coups d’État militaires. Selon ses dires, trois piliers rapprochent le MPSR 2 au Conseil national de la Révolution.
Le premier pilier, à l’en croire, est le développement endogène. Selon Adama Siguiré, dès sa prise du pouvoir en 1983, le président Thomas Sankara avait mis un point d’honneur sur le développement endogène à travers notamment sa politique du produisons et consommons local. « Les deux hommes ont pratiquement eu les mêmes visions et leur pouvoir repose sur les mêmes piliers. Quand Thomas Sankara est arrivé au pouvoir en 1983 d’abord, il a dit qu’il faudrait que les Burkinabè se développent par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Vous ne pouvez pas compter sur d’autres peuples pour vous développer. Il a promu donc ce qu’on appelle le développement endogène », a fait savoir le conférencier, indiquant que la vision actuelle du Capitaine Ibrahim Traoré s’inscrit aussi dans cette dynamique.
La promotion d’actions telles que l’appel à la mobilisation générale dans la lutte contre le terrorisme notamment avec la massification du recrutement des Volontaires pour la défense de la patrie, l’entrepreneuriat communautaire et bien d’autres s’inscrivent dans ce sens selon lui. « Le Capitaine Ibrahim Traoré est arrivé dans une période de guerre et quand il est venu, il a dit tout d’abord que pour nous libérer de cette guerre, il faut que nous comptions sur nous-mêmes parce que personne ne viendra nous libérer. Il a appelé à une mobilisation générale et c’est ce que le Capitaine Thomas Sankara aussi avait fait quand il est arrivé », a laissé entendre Adama Siguiré.
Le deuxième point de convergence entre les deux régimes, selon l’écrivain-conférencier, c’est la quête de souveraineté. Sous Sankara, cette quête de souveraineté s’est manifestée par ses grandes actions en vue de rompre avec la puissance coloniale et aussi les discours « historiques » qu’il a tenus. « Quand Ibrahim Traoré est arrivé, il a fait partir les représentants des puissances impérialistes pour permettre au Burkina Faso d’être indépendant et de se libérer du joug colonial. Il y a des ambassades et des bases militaires qui ont été fermées avec Ibrahim Traoré. Des accords avec la France ont aussi été dénoncées. Tout ça pour nous permettre de regagner notre souveraineté nationale », a-t-il indiqué.
A ces piliers, s’ajoute, dit-il, le refus de l’impérialisme qui a été aussi l’un des combats de Thomas Sankara.
De ces trois piliers, le conférencier a déduit que les deux dirigeants ont eu une même vision en ce qui concerne leur gouvernance politique. « Le Capitaine Ibrahim Traoré et le Capitaine Thomas Sankara ont la même vision. Ce que défendait Thomas Sankara, c’est aussi ce que défend Ibrahim Traoré aujourd’hui », a dit Adama Siguiré ajoutant que les deux dirigeants ont aussi des « ennemis similaires ». Pour lui, les détracteurs du Capitaine Ibrahim Traoré, actuellement, sont les mêmes qui ont combattu le pouvoir du Capitaine Thomas Sankara sous la révolution. « Les gouvernances du Capitaine Thomas Sankara et du Capitaine Ibrahim Traoré ont ramené le pouvoir entre les mains du peuple. Le pouvoir qui était entre les mains de quelques individus, est revenu au peuple. Aujourd’hui, des gens du bas peuple qui ne s’intéressaient pas à la politique ont leur mot à dire. Et ça, ça ne plaît pas à tout le monde. Il y a une catégorie de personnes surtout ceux qui détenaient le pouvoir, les intellectuels, ceux qui mangeaient avec les impérialistes au détriment du peuple, qui n’aiment pas ce type de gouvernance. Ceux qui avaient combattu le pouvoir de Sankara, ce sont les mêmes qui combattent le pouvoir d’Ibrahim Traoré aujourd’hui. Actuellement, si vous voyez quelqu’un qui insulte le pouvoir en place, fouillez bien, vous vous rendrez compte que c’est un pro-impérialiste, quelqu’un qui mange avec les impérialistes. Eux, ils trouvent que ce type de pouvoir menace leurs intérêts. Ils n’arrivent plus à manger, donc ils font tout pour que cette transition échoue. Ils sont remplis sur les réseaux sociaux et ils nous critiquent tous les jours parce qu’on soutient cette transition. Pour eux, ce n’est pas normal, on ne doit pas soutenir le Capitaine Ibrahim Traoré, mais plutôt les démocrates », a argué M. Siguiré. Il a souligné que l’avantage du pouvoir d’Ibrahim Traoré est qu’il bénéficie du soutien de son peuple. Toute chose qui, dit-il, empêche ces « impérialistes » de parvenir à leurs fins.
Le conférencier a clos ses propos en invitant le peuple burkinabè à rester mobilisé derrière les autorités de la transition dans leur dynamique souverainiste.
Oumarou KONATE
Minute.bf