vendredi 22 novembre 2024
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Burkina : Le capitaine Traoré « fait même plus que ce qu’on attendait de lui », Da Sié

Le journaliste, sociologue et analyste politique, Da Sié de Bindouté a accordé une interview à Minute.bf, le 16 septembre 2023. Plusieurs questions ont été abordées au cours de cet entretien téléphonique de près de 2 heures d’horloge. Il s’est agi de la gestion de la transition par le capitaine Ibrahim Traoré, la double crise sécuritaire et humanitaire, les enlèvements qui sont légion dans plusieurs localités du pays par des hommes portant des cagoules, les réquisitions adressées à certaines personnes, l’affaire de la guérisseuse de Komsilga, etc. L’analyste politique, Da Sié, a estimé, sur toutes ces questions, que la gestion du capitaine Ibrahim Traoré est globalement satisfaisante. Il lui a de cet fait attribué la note de 19/20 pour sa gestion. Minute.bf vous propose dans les lignes qui suivent, la substance des réponses qu’il a apportées à nos différentes questions.

Minute.bf : Comment se porte Da Sié depuis les États-Unis ?

Da Sié : Merci de me donner la parole. Je me porte  très bien. Je m’intègre progressivement. En tout cas, je n’ai pas de problème particulier, en dehors de ce qui se passe au pays qui me préoccupe.

Minute.bf : Vous suivez l’actualité du Burkina Faso depuis les États-Unis, on sait que le Burkina Faso a connu 2 coups d’État en 2022 ; quelles appréciations faites-vous de ces coups d’État? Quid de la démocratie?

Da Sié : Personnellement, ces coups d’État ou troubles ne m’ont pas étonné parce que, depuis 2014, j’ai prévenu les Burkinabè. Je disais que si la Transition de 2015 était là pour organiser les élections, c’est qu’on a emprunté le chemin de la malédiction de la culture politique française. C’est la thèse que j’ai défendue pendant la transition de 2015 parce que, moi, je n’étais pas pour le fait qu’on organise les élections après 1 an. Il ne fallait pas résumer la mission de la transition à l’organisation des élections. J’ai toujours défendu le fait qu’il fallait donner du temps à la première transition pour mieux poser les bases d’un développement. J’avais proposé de faire une réunion nationale et de travailler à régler tous les problèmes avant qu’on ne parte aux élections. Mais les gens n’ont pas voulu m’écouter. Ils n’ont pas pris la mesure de la température sociale. Ils n’ont pas pris au sérieux la pourriture politique qu’il y avait au pays; les gens n’avaient même pas pris au sérieux cette question de recolonisation qui était en cours et que notre pays était la base arrière de ce qu’on a appelé terrorisme.

Personne n’a voulu contester cette décision qui était d’aller vite aux élections. Ils ont organisé les élections, chacun a eu ce qu’il devrait avoir. Le pouvoir a été redonné à ceux-là qui ont conduit le pays où on sait, à savoir Roch Marc Christian Kaboré. Quand Roch Marc Christian Kaboré est venu, vous avez vu la gestion. Il n’y avait pas une prise au sérieux des problèmes du pays. On n’a pas travaillé à relancer le pays. Des millions de jeunes au Burkina Faso étaient sans d’emploi. Dans les régions, il n’y a pas de route, pas d’usine. Il n’y avait rien comme perspective. Ce qui nous sauvait c’était l’orpaillage artisanal et l’immigration, parce que les Burkinabè ont commencé à migrer. Donc, voici les problèmes qu’on avait, les questions de réconciliation nationale, jusqu’à ce que, maintenant, le terrorisme arrive.

Quand il y a eu les attaques terroristes, vous avez vu. Celui qu’on dit être un président démocratiquement élu, avec un ordre constitutionnel normal, la démocratie, qu’est ce qu’il (l’ancien président Roch M. C. Kaboré, ndlr) a pu véritablement faire du point de vue souveraineté, surtout du point de vue dignité? Qu’est ce qu’on a eu? Vous avez vu comment on a malmené le Burkina Faso. Tout le territoire a été encerclé. Il y avait des attaques partout. Toutes les semaines on enterrait des morts.

Maintenant, pour commander du matériel, il y avait des problèmes. Aussi, vous avez vu le désordre qu’il y avait au ministère de la défense ? Les hommes politiques n’avaient pas de solution. Chacun cherchait un poste. Le peuple était délaissé à lui-même. L’armée était délaissée à elle-même. Elle était désemparée. Donc, tout le monde savait qu’un coup d’État allait arriver surtout que cela fait partie de notre identité politique.

Finalement, il y a eu le premier coup d’État que les capitaines ont orchestré pour placer Damiba (l’ancien président, Paul-Henri Sandaogo Damiba, ndlr). Damiba est venu, vous avez vu son bilan. Apparemment, on dirait quelqu’un qui n’était pas au pays, qui est arrivé et qui n’était pas au courant des problèmes. Il (Paul-Henri Sandaogo Damiba, ndlr) a pris un autre virement et les jeunes qui l’ont accompagné n’étaient pas d’accord. Ils ont refait un autre coup d’État. Donc, vous comprendrez que ces coups d’Etat sont la conséquence des problèmes qui n’ont pas été résolus. C’est ce qui a finalement dégénéré.

Si Roch Kaboré avait tapé du point sur la table avec une bonne organisation, s’il avait une vision, s’il était vraiment souverain, il n’y allait pas avoir de coup d’État. Si Damiba avait pris une bonne direction, on n’aurait pas fait un autre coup d’État. Aujourd’hui, vous voyez les résultats. Même pendant la première transition (de 2015, ndlr), il y a eu un coup d’État. Nous avons trop de problèmes et je pense que c’est cela qui a expliqué ces coups d’État. Sous la gestion de Damiba, nous avions des officiers supérieurs qui n’ont pas véritablement pris leurs responsabilités vis-à-vis de la crise. Les capitaines se sont vu obliger de s’assumer.

Pour moi, ce ne sont pas des coups d’État à la volée, ce n’est pas non plus parce que des gens ont le Plaisir de faire des coups d’État. C’est plutôt parce qu’on a un sérieux problème dans notre pays qu’on refuse de nommer et qu’on refuse de régler, qu’il y a eu ces coups d’Etat.

Minute.bf : Fallait-il forcément que l’armée revienne au pouvoir pour mettre fin à la démocratie que nous avions acquise depuis longtemps ?

Da Sié : Je pense que le problème, ce n’est pas une question de démocratie. La démocratie en soi n’est pas la solution à tous les problèmes. La démocratie en soi n’est pas le nid du progrès. La démocratie en soi n’est pas synonyme de stabilité politique. La démocratie en soi n’est pas synonyme de progrès économique. Ce n’est qu’un système, une coquille. Maintenant, le fond c’est quoi ? Qu’est ce qu’on met dans la démocratie? Qui sont ses acteurs? Comment sont organisées les élections? Et mieux, si vous regardez cette crise qu’on connait aujourd’hui dans la sous-région, les présidents dits démocratiquement élus, est-ce qu’ils ont posé un acte souverain digne de ce nom, un acte panafricain, un acte qui honore leur pays, qu’on peut prendre et montrer comme modèle démocratique ? Non. Lorsque vous prenez le Mali, depuis 1990, avec le renversement de Moussa Traoré, il y a eu les élections, Alpha Oumar Konaré est venu au pouvoir. Quand il a fini, ATT (Amadou Toumani Touré, ndlr) a repris le pouvoir. Après, IBK (Ibrahim Boubacar Keita, ndlr) est arrivé. Mais, quels sont les problèmes que le Mali rencontrait ? C’est dans la même démocratie qu’on a désarmé le Mali. C’est dans la même démocratie, qu’il y a la corruption. C’est dans la même démocratie que les enfants du pays pillent leur patrie pour aller déposer dans des banques ailleurs. Les gens utilisent les richesses du pays pour pourvoir se faire une vie de luxe.

Minute.bf : Faut-il imputer cette mauvaise gestion que vous venez d’évoquer à la démocratie ? N’est-ce pas plutôt un problème d’acteurs?

Da Sié : Ceux qui sont choisis par le peuple, quelle vision ont-ils ? Je le dis encore, la démocratie n’est pas synonyme de stabilité économique et sociale. La démocratie en soi est culturelle. La démocratie américaine n’est pas la même que la démocratie française. En fonction de leur trajectoire historique, chaque pays forge sa démocratie. La démocratie allemande n’est pas la même chose que la démocratie britannique, comme la démocratie britannique ne ressemble pas à celle espagnole. Chaque peuple a forgé sa démocratie. Maintenant, en Afrique, nous avons copié les choses que nous sommes venus appliquer à notre société, sans connaître la trajectoire historique de nos sociétés. Et les acteurs qui sont élus, quel apport, quelle vision ont-ils pour leur propre pays ?

La politique est devenue la courte échelle en Afrique pour s’enrichir, piller, narguer les autres. Sinon, comment peut-on expliquer qu’après 15 ans, 20 ans d’organisation d’élections successives, les États n’arrivent pas à régler les problèmes des populations ? Quelles sont les lois qui étaient votées? Est-ce que ces lois prennent véritablement en compte les aspirations des populations? Quand vous prenez le cas malien, jusqu’à ATT qui est démocratiquement élu, quand il y a eu les problèmes du terrorisme, vous avez vu que les militaires étaient obligés de faire un coup d’État. Ils (les militaires maliens, ndlr) n’étaient même pas allés pour faire un coup d’État. Ils étaient allés pour demander des comptes au président. Il voulaient comprendre pourquoi des soldats étaient tués sur le front et qu’il n’y avait pas des moyens pour aller combattre.  Finalement, cette demande de compte s’est mutée en un coup d’État. Quand Sanogo (Amadou Haya Sanogo, auteur du coup d’État de 2012 au Mali, ndlr), a pris le pouvoir, en son temps, les Blaise Compaoré ont mis la pression pour qu’ils ne puissent pas diriger. On a dit qu’il faut une transition. On a mis des civils. Ils ont organisé les élections et IBK (Ibrahim Boubacar Kéita, ndlr) est arrivé au pouvoir. Qu’est ce qu’il a pu faire pour que le terrorisme n’endeuille pas le Mali ? Son fils est là, il roule, il bouffe des milliards, il mène une vie de luxe. Alors que le pays perd des hommes tous les jours. Voici les problèmes qu’il faut analyser. Les militaires ne sont pas venus faire des coups d’État parce que ça les enchante. Les militaires sont des citoyens de nos pays. Ils sont membres de nos pays. Les militaires sont une institution de nos pays. Et si ça ne va pas, l’armée a le droit et le devoir d’intervenir pour le changement. Il ne faut pas qu’on ait une vision étriquée de l’armée.

Aujourd’hui, les coups d’État qu’on a vécus ces dernières années en Afrique de l’Ouest ne sont pas des coups d’État qu’on a connus avant, parce que dire, par exemple, qu’ils ont arrêté la démocratie, il faut se demander aussi qui a arrêté la démocratie en Afrique ? Les premiers présidents démocratiquement élus, quand tu n’étais pas du bord de la France ou bien du bloc occidental, avant que le mur de Berlin ne tombe, c’était les mêmes Occidentaux qui organisaient les coups d’État pour renverser les régimes démocratiquement élus. Il y avait combien de présidents qui ont été élus démocratiquement mais renversés? Laurent Gbagbo, il a été élu. C’est une rébellion qui l’a renversé. On connaît la suite. Au Mali quand vous prenez Modibo Keita, il a été démocratiquement élu. Qui l’a renversé? C’est Moussa Traoré. Pour quelle raison? On connait la raison ; Moussa Traoré a ramené le Mali dans le Franc CFA.

Moi je pense qu’il faut analyser le problème selon la trajectoire historique de l’Afrique. Ce n’est pas aujourd’hui que ces coups d’État ont commencé. C’est parce que ces coups d’État, la France ou l’Occident, en général, n’arrive pas à les contrôler et que ce n’est pas eux qui les ont organisés que ça pose problème. La démocratie n’est pas une fin en soi pour qu’on ne puisse pas mettre des ruptures. Ce qui est important, il faut que les dirigeants travaillent à répondre aux aspirations des populations. Par exemple, quand vous prenez le cas du Burkina Faso, quand il y a eu l’insurrection populaire, on était en Transition. À quelques mois des élections, il y a eu le coup d’État perpétré par le Général Gilbert Diendéré (septembre 2015). Vous avez vu que la population a résisté face à ce coup d’État parce que les gens se disaient qu’on était proche des élections et un coup d’État n’avait pas droit de cité. Vous avez vu à quel point le peuple a résisté et le coup d’État a échoué.

Finalement on est allé aux élections. Est-ce que, quand le président Roch Kaboré est venu, il a tiré leçon pour dire qu’il faut véritablement être souverain, travailler à protéger les intérêts du pays? Avant qu’il (Roch Kaboré, ndlr) ne chute, tout le monde parlait qu’il y aurait coup d’État. Pendant le coup d’État, qui est sorti dire non? Lui qui a été élu démocratiquement, est-ce qu’il y a quelqu’un qui est sorti le défendre pendant le coup d’Etat? Tout le monde s’est caché. Au moment même où il était en détention, les membres de son parti (Abdoulaye Mossé et bien d’autres, ndlr), sont allés créer un autre parti, le PPS (Parti panafricain pour le salut, ndlr). Cela nous montre à quel point les gens ne font pas de la politique. Les gens se servent de la politique pour s’enrichir. Le cas MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, ancien parti au pouvoir, ndlr) est éloquent. On ne peut pas faire un coup d’État à Roch Kaboré et pendant qu’il était entre les mains des militaires, des membres de son parti courent pour aller créer un nouveau parti. Cela veut dire que, quel que soit ce que tu défends dans la démocratie, les acteurs eux-mêmes ne croient pas à cette démocratie. La démocratie est un moyen pour atteindre leurs fins. Si eux-mêmes défendaient la démocratie, on n’allait pas connaître ces problèmes.

En Turquie, ils ont organisé un coup d’État contre Recep Tayip Erdogan. Le coup d’État a tué combien de personnes? Tout le monde s’est mobilisé contre les putschistes. C’est le peuple turc qui s’est levé contre les putschistes parce qu’il estimait que Erdogan travaillait bien. Il a renvoyé la Turquie comme au temps de l’empire ottoman. La Turquie, en un laps de temps, a fait de grandes réalisations. Un grand aéroport, des industries ont été construits. Économiquement, la Turquie s’est imposée. Donc, le peuple s’est opposé à un coup d’État contre ce monsieur. Finalement, Erdogan est resté au pouvoir et il a refait les élections. C’est comme cela qu’il faut voir les choses. Ce n’est pas la démocratie en soi qu’il faut défendre. Quand on a un démocrate qui est voleur, qui est pilleur, qui s’en fout de son peuple et qui n’est pas patriote, qui n’a rien fait comme travail pour que le pays grandisse économiquement et politiquement, finalement chacun prie Dieu pour que cette personne élue s’en aille.

Minute.bf : Vous avez dit que les coups d’État sont comme une identité politique pour le Burkina Faso. Quand on refait l’histoire, on voit que le Burkina Faso a été géré près d’un demi siècle par des militaires. Malgré tout cela, le pays peine à aller au développement. Qu’est-ce qui peut bien justifier cela?

Da Sié : Quand je regarde l’histoire politique du Burkina Faso, moi je dirai qu’il faut que les militaires s’imposent. Je le dis haut et fort. Quand vous regardez notre histoire, nous avons été les premiers à faire un coup d’État. Aujourd’hui beaucoup de gens ne veulent pas aborder cette histoire parce que ça touche la chefferie. Le premier coup d’État au Burkina Faso (Haute-Volta en son temps, ndlr) a été organisé le 17 octobre 1958 par le Mogho Naaba Koubri contre Maurice Yaméogo. Et c’est cela qui a généré beaucoup de conséquences. Maurice Yaméogo a pu résister. Le Mogho Naaba voulait que le Burkina Faso soit une monarchie constitutionnelle. Donc, il voulait faire un coup d’État en complicité avec la France. Et après le coup d’État, quelles sont les conséquences?

Maurice Yaméogo a pris un décret contre la chefferie. Il a dit aux bases françaises à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso, à tous ces militaires stationnés au Burkina Faso après les indépendances, de rentrer chez eux. Félix Houphouët Boigny (premier président de la Côte d’Ivoire, ndlr) a fait la médiation en vain. Maurice Yaméogo a dit non. Voilà comment on est mal parti. Avant même qu’il y ait le coup d’État, il y a eu la sanction contre Daniel Ouezzin Coulibaly, le premier président. On connaît les conditions dans lesquelles il est mort. Est-ce que c’est un empoisonnement? Est-ce que c’est un coup d’État?

Maurice Yaméogo est venu, non seulement il a eu les mêmes problèmes, mais aussi Maurice Yaméogo, dans sa gestion, il y a eu un soulèvement populaire. L’armée est venue, elle a pris le pouvoir. Chose qui est normale dans un pays déséquilibré. Sangoulé Lamizana est venu en tant que militaire. On doit aujourd’hui beaucoup aux militaires au Burkina Faso.

Quand vous prenez Sangoulé Lamizana, il avait quoi? Il n’a pas pillé ce pays. Il n’a pas volé ce pays. Il n’a rien fait de mal contre le Burkina Faso. Ceux-là qui étaient civils, qu’il a appelés dans sa gouvernance, qu’est-ce qu’ils ont envoyé comme projet? Il était obligé à un moment donné de s’auto-faire un coup d’État, de supprimer les institutions pour laisser les militaires continuer. C’est Sangoulé Lamizana qui nous a créé une université. C’est lui qui a résolu la crise que Maurice Yaméogo a laissée. A travers Tiemoko Marc Garango, son ministre de l’économie et des finances, ils (Sangoulé Lamizana et son ministre, ndlr) ont créé la LONAB (Loterie nationale du Burkina, ndlr) qui nous brasse de l’argent. Voici ce que les militaires en son temps ont fait. Lamizana a fait 14 ans de règne. Mais, avez-vous vu à Ouagadougou une villa ou une entreprise qui lui apparient? Il n’y en a pas!

Ces civils qui étaient avec lui, qu’est-ce qu’ils n’ont pas fait de mal à ce pays? Les gens veulent analyser l’histoire du pays mais ils ont peur de rentrer dans l’histoire, parce que ce sont leurs parents, leurs sœurs, leurs proches, etc. Les gens ont peur alors que c’est une histoire récente. Arrivée à un moment donné, ce sont les mêmes civils qui ont commencé à critiquer et il y a eu un autre coup d’État.

Saye Zerbo est venu. Regardez ce qu’il a apporté. Quand vous lisez l’ouvrage de Claudette Savonnet-Guyot: « État et société au Burkina: essai sur le politique africain », il dit que Saye Zerbo avait le meilleur programme depuis que la Haute-Volta ait existé. Parce qu’il a été le premier à toucher le monde rural. Mais qui a fait tomber Saye Zerbo? Ce sont les civils, les syndicats, les partis politiques. Quand il a fait sa tournée et il est revenu, les syndicats, la chefferie, tout le monde a commencé à se plaindre qu’un président ne se déplace pas. Les syndicats disent qu’il est allé dépouiller la masse populaire, puisqu’on lui avait fait beaucoup de cadeaux. Il y avait tellement de critiques. Finalement, les civils étaient dans les questions communistes; les communistes qui étaient dans l’armée ont commencé à s’approcher et interviendra maintenant le coup d’État avec Jean-Baptiste Ouédraogo. Jean-Baptiste Ouédraogo a fait ce qu’il pouvait, on a vu un peu les conséquences. Quand il a pris le pouvoir, regardez comment le pays était divisé. L’armée et les jeunes officiers étaient des communistes plus que Jean-Baptiste Ouédraogo. En mai (1983) vous avez vu ce qui est arrivé. Et Sankara, le premier ministre en son temps, a été arrêté.

Finalement, les Sankara sont venu. Aujourd’hui, on voit ce que la révolution a apporté et par la suite vous avez vu ce qui est arrivé entre Blaise Compaoré et Sankara. Blaise Compaoré a fait combien d’années? Pendant tout ce temps, qui sont ceux-là qui étaient autour de lui? Les cerveaux qui ont fait le pouvoir de Blaise Compaoré, à part Diendéré (Général Gilbert Diendéré, ndlr) qui était dans l’aile militaire, le reste, ce sont des civils. Qu’est-ce qu’ils ont proposé pour ce pays? Regardez les pillages qu’il y a eus sous Blaise Compaoré. La fermeture des usines, l’adoption des Programmes d’Ajustement structurel (PAS), même l’université ; si les étudiants, l’Association nationale des Etudiants burkinabè (ANEB), l’Union générale des Etudiants burkinabè (UGEB), les syndicats n’avaient pas lutté, on allait fermer l’université. Les questions des extra et intra-viraux, l’invalidation de l’année, tous ces problèmes que le Burkina Faso a connus, ce sont les civils qui les ont créés. Quand nous prenons aujourd’hui a l’intérieur de l’université, regardez par exemple comment l’ANEB, l’UGEB commémorent la mort de Dabo Boukary, qui était étudiant en son temps et comment les mêmes syndicats commémorent la mort de Oumarou Clément Ouédraogo ou Guillaume Sessouma qui sont des professeurs dans la même université. Je prends ces exemples pour vous montrer à quel point au sein des civils et au sein même de la société on est divisé selon les corporations. On ne voit pas les choses de façon générale, c’est-à-dire qu’on ne voit pas l’intérêt général du pays. Tu meurs aujourd’hui et tu n’es pas de notre corporation, on peut même ne pas parler de toi.

Quand on regarde la fin du régime de Blaise Compaoré, après l’insurrection, on a vu les coups d’État qu’il y a eus. Quand il y a eu ces coups d’État, allez y voir qui sont ceux qui ont donné le pouvoir à Zida, même si ce dernier a fait la force au chef d’état-major général des armées en son temps, le général Honoré Nabéré Traoré. Mais qui était derrière? Vous vous rappelez du Balai citoyen et autres, toutes ces Organisations de la Société civile (OSC). Même si on regarde après la chute de Blaise Compaoré et bien avant, il y a eu un autre groupuscule qui est arrivé sur la chaîne politique. Ce sont les OSC, qui sont les avant-gardistes de certains partis politiques. Ce sont les mêmes OSC qui ont accompagné Zida et ils ont joué pendant la transition. Ce sont les civils qui ont pris le pouvoir. Roch Marc Christian Kaboré a toutes les expériences d’homme d’État. Il a été ministre, directeur de banque, premier ministre, président de l’Assemblée nationale et finir par être président dans le même pays. Ce qui veut dire qu’en temps normal, Roch Marc Christian Kaboré pouvait régler tous les problèmes du pays parce qu’il connait tout de ce pays. Mais vous voyez ce qui nous est arrive? Pendant qu’on était sous la menace des terroristes, les journaux informaient que Roch ne pouvait même pas se payer un hélicoptère pour son armée alors que l’armée française est là. Au ministère de la défense, ce sont des pillages tous les jours. Tout le monde a vu, qu’est-ce que cela a donné?

Après Damiba est venu. Quand il est venu, il y avait quel militaire idéologue auprès de lui? Il y avait combien de professeurs d’université, de docteurs? Son premier ministre avait quel niveau? C’est un professeur d’université. Mais est-ce que concrètement, les gens ont amené ce peuple à rêver? Vous avez vu la gestion de Damiba en moins d’un an avec autour de lui des professeurs d’université, des docteurs. Roch Marc Christian Kaboré, on n’en parle même pas. Presque tous les universitaires burkinabè étaient au MPP. Cela a donné quoi?

Quand on regarde notre pays, c’est une succession de coups de d’État, de renversement de problèmes parce que l’élite a été déjà lobotomisée avec les questions communistes de corporation. Aujourd’hui, si vous n’êtes pas dans telle corporation, personne ne vous regarde et même la mort de Norbert Zongo sur laquelle certains mangent aujourd’hui, au tout début de sa mort, ce ne sont pas les syndicats durs qui ont lancé le mouvement. Cela a été récupéré. On se rappelle très bien de comment la lutte est partie. Finalement, aujourd’hui, c’est une lutte où chacun pour se faire voir parle de Norbert Zongo ou de Thomas Sankara. Alors que Sankara souffrait seul et ce sont les mêmes partis politiques communistes qui le critiquaient, qui avaient mis les bâtons dans les roues.

Regardez notre pays, on a ce problème qu’il va falloir régler, s’asseoir et réfléchir mais personne ne veut le faire. Je me rappelle que même dans mes propos, quand j’abordais cela, certains me trouvaient ethniciste. Beaucoup de questions m’ont été posées dans ce domaine et je disais que le problème qu’on a avec la succession des pouvoirs au Burkina Faso, c’est de faire revenir les restes du Mogho Naaba Wobgo et de faire les rites et ses funérailles. C’est son royaume, sa capitale, il a refusé de dire oui à la France et il s’est retrouvé au Ghana. Il est mort là-bas. On ne sait pas comment. On n’a pas fait ses funérailles, on a fait sa succession. C’est le même Ouagadougou qui est la capitale aujourd’hui. Vous voulez que cette capitale ait la paix comment, si le roi qui l’a quittée n’a pas eu de funérailles et ses restes sont toujours à l’extérieur? Je me rappelle quand j’avais abordé les questions de ce genre, certains m’ont taxé de tout et j’ai dit oui, j’assume. Démontrez-moi, en terme d’idées, le contraire. Je n’ai pas dis que je n’aime pas X ou Y. Le pays a trop de problèmes. Du point de vue initiatique, cultuel, africain, il faut réfléchir. Quand le Ghana avait eu des problèmes, on a dit qu’il faut ramener les restes de Kouamé N’Krumah et ils l’ont fait. Le Bénin a fait revenir les restes de Behanzin. Sékou Touré a fait revenir les reste de Samory Touré. Mais chez nous, Naaba Wobgo qui avait résisté face à la France, s’est exilé au Ghana, il est mort et on ne parle pas de lui. Quand tu abordes le sujet, on dit que tu n’aimes pas les Mossi, que Da Sié n’aime pas le Mogho Naaba alors qu’on refuse de voir la réalité en face. C’est moi qui suis le premier à assumer cette idée qu’il faut faire revenir les restes de Naaba Wobgo sinon on va retrouver difficilement la paix en terme de gestion de président et de pouvoir dans ce pays. En son temps, j’ai pris l’exemple même quand Roch Marc Christian Kaboré était au pouvoir, j’ai fait une vidéo et j’ai dit qu’il doit démissionner, qu’il ne faut pas encore qu’il aille en exil parce que tout les présidents qui sont allés en exil sont des Mossi. Je suis anthropologue, je ne vais pas aller du dos de la cuillère pour parler des réalités. Je dis qu’il faut prendre les choses et on regarde. Maurice Yaméogo est allé en exil. Quand on a renversé Lamizana, il n’est pas allé en exil. Il est resté au Burkina Faso, vivre sa vie jusqu’à mourir dans sa natte. Saye Zerbo n’est pas allé en exil. Thomas Sankara a été tué. Jean-Baptiste Ouédraogo, si Sankara n’avait pas intervenu on allait le tuer. Blaise Compaoré, a pris la route de l’exil. De même que Zida. J’ai dis à Roch Marc Christian Kaboré, en son temps, de grouiller pour ne pas aller en exil. Les gens m’ont taxé de tout mais j’ai dis oui, j’assume, démontrez les idées contraires. Ce sont des débats d’idées, pas des débats ethniques. Quand on a renversé Roch Marc Christian Kaboré, si la gendarmerie, Évrard Somda, n’avait pas assumé sa responsabilité jusqu’à ce qu’il y ait la médiation, il serait tué ou sera aujourd’hui en exil. Mieux, Damiba, où est-il aujourd’hui? En exil. Il faut faire une lecture objective de notre situation et dire la vérité aux gens. Voilà ce qu’on doit faire pour exorciser le pays afin de le revigorer pour qu’on ait la paix. Ça n’arrange personne qu’à chaque fois c’est des morts, des renversements, des mésententes et on dit qu’on va avancer. Voilà comment, moi, Da Sié, je vois les choses.

Minute.bf : A vous entendre parler, on a comme l’impression que les militaires sont exemptés de toute critique. Faut-il rejeter la faute aux civils?

Da Sié : Je n’ai pas dit que les militaires sont des anges. Loin de là; je dis que ce sont les civils qui ont commencé les coups d’État et c’est le comportement des civils, qui a favorisé l’arrivée au pouvoir des militaires.

Les militaires ne sont pas exempts de fautes. Ils ont commis des fautes mais en conclusion ce sont les civils qui ont détruit ce pays. Parce que si les civils avaient le sens de la responsabilité politique, les choses n’allaient pas se passer ainsi. Les gens n’aiment pas cela. Quand tu parles, on va dire tu n’aimes pas X. Par exemple, quand vous prenez la chefferie à Ouagadougou, elle a été pour beaucoup de problèmes politiques. Repartez lire les déclarations de Soumane Touré. Il a toujours dénoncé la chefferie de Ouagadougou d’être au centre de beaucoup d’intrigues. Mais si tu abordes ces situations, on va dire que tu n’aimes pas X ou Y. Alors qu’on a les données historiques et sociologiques de notre pays qui nous montrent qu’à un moment donné, voici les gens qui ont influencé les choses de façon négative.

Quand vous prenez le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré, avec tous les universitaires qui l’ont entouré, imaginez s’il avait le comportement du président Traoré (Capitaine Ibrahim Traoré, ndlr). Vous pensez que quelqu’un allait tirer un coup de feu et les gens n’allaient pas sortir? Un civil qui dit qu’il va prendre l’engagement de payer des armes, qu’il faut faire la guerre, il faut faire ceci… Regardez vous même la gestion, le pillage. Aujourd’hui, quand vous prenez le procès Dabilgou (Vincent Dabilgou, ndlr), comment un civil, un jeune qui a eu la chance d’être ministre, peut-il gérer son pays comme cela? Je ne dis pas qu’à priori les militaires sont des anges. Mais je dis que ce que les militaires font aujourd’hui est dû au fait que les civils n’ont pas pris leurs responsabilités avec patriotisme à un certains moment.

Minute.bf : Revenons à la gouvernance du Capitaine Traoré, on voit que vous défendez ses prises de position et sa gestion, qu’est-ce qui vous amène à apprécier autant sa gestion?

Da Sié : En toute honnêteté, je ne doute pas du Capitaine Ibrahim Traoré. Pour celui qui connait Da Sié de Bindouté, quand je menais ma lutte panafricaine, étant même à l’université, le Capitaine Traoré était toujours au lycée. Avant l’insurrection sous Blaise Compaoré, entre 2012, 2013, 2014, tous ceux qui suivaient Radio jeunesse, Canal3, voyaient mes prises de position. Sous la gestion de Roch Marc Christian Kaboré, tous ceux qui suivaient ma page Facebook et mes vidéos voyaient comment je le critiquais. Le faite que je me suis retrouvé aujourd’hui sur BF1, ce n’est pas avec l’arrivée du Capitaine Traoré. Je suis sur Afrique media, tout ce que je disais sur Afrique media, aucun journaliste burkinabè, aucun Burkinabè n’a eu le courage de venir me contredire ou écrire sur sa page pour dire que Da Sié dit des contre-vérités. Sur Afrique media, on m’appelle même professeur. Ceux qui suivent Afrique média le savent. Maintenant, je me suis retrouvé sur BF1 suite à l’audio appelant à tuer une communauté ; on m’a accusé d’être l’auteur de cet audio. C’est passé au Conseil des ministres sous Damiba et il y a un intervenant sur le plateau de BF1 qui a dit qu’il m’a appelé et on s’est entretenu; c’est Siaka Coulibaly pour ne pas le nommé. Après l’émission, j’ai demandé un droit de réponse. C’est suite à cela que BF1 a continué à me donner la parole. Je participais à l’émission, avant même que le président Traoré ne vienne au pouvoir.

Quand le capitaine Ibrahim Traoré est arrivé au pouvoir, tous ses propos et les miens sont presque les mêmes. Ce n’est pas moi qui aie copié Traoré, il faut le dire ouvertement pour que les gens comprennent. Quand les gens disent que j’adoube Traoré, Non! Traoré est la matérialisation politique, au contraire, des idées panafricaines de Da Sié. Je le dis haut et j’assume. Tous ceux qui me connaissent, savent que je suis un panafricaniste. Si vous prenez l’alliance qu’on vient de créer, c’est l’idée de qui? Je peux me vanter, en disant que c’est mon idée. Combien de fois j’ai crié et j’ai dit qu’ils n’ont qu’à créer une armée fédérale pour aller ensemble dans la défense de l’intégrité des membres de cette alliance.

Maintenant, en ce qui concerne les positions ou la gestion du président Traoré, je suis un panafricaniste, je suis un patriote. Tout ce qui va dans le sens de la défense de l’Afrique et de la grandeur de la dignité africaine, je vais toujours défendre cela. Tous ceux qui me connaissent, savent que c’est mon paradigme. Par exemple, que le président Traoré prenne des mesures qui vont aider le Burkina à avoir des armes pour défendre l’intégrité du territoire, je suis d’accord. Les autres pays ont évolué parce que les gens ont travaillé par eux-mêmes. Voici pourquoi, aujourd’hui, les gens ne comprennent pas, ils pensent que Traoré et moi, nous communiquons ou que c’est moi qui l’adoube. Non ! Pendant la première transition, pour nommer le ministre Jean Claude Dioma, mes analyses ont influencé. Quand ils ont nommé Sanon ministre de la culture, il y avait des troubles et c’est moi qui ai proposé la solution en disant de nommer Jean Claude Dioma qui était Secrétaire général du ministère pendant des années, qui est respecté dans le département. Je le connais et je connais le ministère, je sais qu’il est respecté par les agents. Et contre toute attente, on a nommé Jean Claude Dioma. J’ai eu quoi dedans? Quelqu’un m’a vu boire la bière avec lui? Est-ce qu’on a dit en son temps que Da adoubait Jean Claude Dioma ou Zida? Aujourd’hui, nous sommes en guerre et il faut que chacun assume ses positions ; il faut que chacun fasse des critiques constructives, soutienne aussi ce qui est soutenable et critique aussi ce qui est comme limite. Voici comment je vois les choses.

Minue.bf: Le Capitaine Traoré a dénoncé plusieurs accords avec l’ancienne puissance coloniale, la France, comment appréciez-vous cela?

Da Sié : Ces dénonciations, comme je l’ai dit, pour moi, ce n’est pas nouveau. C’est ce combat que nous menions depuis plusieurs années. Quand quelqu’un prend l’engagement de défendre l’historicité de l’Afrique, ce ne sont pas les bases militaires étrangères qu’il va accepter en Afrique. La dénonciation de ces bases, j’ai été le seul journaliste à dire aux autres confrères d’être honnêtes, parce que ce n’est pas avec le djihadisme que les Français sont venus au Burkina Faso. Les militaires français y étaient avant même que IBK n’arrive au pouvoir. C’est à partir du Burkina que les terroristes ont attaqué le Mali. Même les otages, on voyait comment Gilbert Diendéré prenait l’hélico et il revenait atterrir à la présidence pour les présenter à Blaise Comparé. Le crash de l’avion air Algérie, on a vu comment Diendéré a pris l’avion militaire pour atterrir sur le territoire malien, avant que les autorités maliennes ne viennent. Donc, aujourd’hui, dire que le capitaine Ibrahim Traoré a dénoncé les accords militaires, moi, c’était mon souhait, c’était mon combat. C’est ce qu’on a toujours dénoncé. Je suis content et je félicite le fait qu’on ait eu un homme politique qui a eu encore le courage de faire ce que nous voulons.

Tout le monde sait que je suis très proche des idées de Laurent Bado. J’ai toujours défendu les idées du PAREN (Parti pour la Renaissance créé par l’homme de droit et homme politique, Laurent Bado) parce ce que je les trouvais panafricanistes et conformes à la culture africaine. Tous les journalistes le savent. Mais, je n’ai jamais dîné avec Bado. Je ne connais même pas chez lui. Dans la presse, c’est moi qui parlais tout le temps des idées de Bado et celles de Joseph Ki-Zerbo. Aujourd’hui, qu’on matérialise par exemple l’Agence pour la Promotion de l’Entrepreneuriat communautaire (APEC), si je soutiens on va dire que je le fais aveuglement. Non ! Si le Capitaine Ibrahim Traoré s’approprie les idées de Bado ou de Da, moi je ne peux que dire que c’est la matérialisation de mes idées et de mon combat.

Minute.bf : Au plan de la lutte contre le terrorisme, le Capitaine Traoré a décidé de faire la guerre aux terroristes. Paul-Henri Sandaogo Damiba avait pour sa part intégré la dimension dialogue dans sa stratégie de lutte. Comment appréciez-vous la stratégie du capitaine Traoré?

Da Sié : Je suis le seul qui disais que c’était une guerre de recolonisation et de re-esclavagisation de l’Afrique. Je parlais d’attaques impérialistes plutôt que de djihadisme. Moi qui ai défendu cette thèse, est-ce que vous pensez que je peux encore demander de faire un dialogue? J’ai soutenu que le terrorisme est une recolonisation. Nous sommes en guerre de libération. Qui a été le premier Burkinabè à lancer un appel à la résistance populaire en 2016, dès le début des attaques? Ce n’est ni le président Roch Marc Christian Kaboré, ni le chef d’état-major général des armées, c’est Da Sié de Bindouté. On ne voit pas cela aujourd’hui. Mais, à la télévision nationale, il y a des archives. Donc, pour quelqu’un qui a lancé un appel à la résistance populaire, comment il va se sentir quand Ibrahim Traoré dit qu’il faut faire la guerre? Pour moi, il faut faire la guerre!

J’ai dit qu’il faut résister. Un an après, le président Roch Marc Christian Kaboré a lancé le recrutement des Volontaires pour la défense de a Patrie (VDP). Aujourd’hui, la question du dialogue, il faut dialoguer avec qui? Qui sont ces gens qu’on appelle terroristes? Quelles revendications ont-ils posé? Qui les arme? Qui les finance? Qui les alimente? Voilà des questions qu’il faut se poser avant d’aller au dialogue. Si on a des réponses, on peut aller au dialogue, parce qu’on sait que ce sont des gens organisés qui ont un chef.

Minute.bf : Mais la majorité de ceux qui attaquent le Burkina Faso, sont des fils de ce pays, selon les dernières analyses. Dans certaines zones, des gens reconnaissaient leurs fils qui se sont engagés aux côtés des terroristes; certains d’entre ceux qui nous attaquent ont été enrôlés de force au sein des groupes armés terroristes. Est-ce que le dialogue ne permettrait pas de casser le rythme de recrutement de ces bandits armés qui nous attaquent?

Da Sié : On ne peut dialoguer qu’avec des gens qu’on connait. Qui les connait?  Des gens même qu’on ne voit pas, qui ne se présentent que lorsqu’ils attaquent. Qui peut aller dialoguer avec des gens qu’il ne connait pas? Comme le président l’a dit, en 2020, des négociations ont été faites avec les terroristes pour organiser les élections. Ils ont fait les négociations pour pouvoir organiser les élections. Mais est-ce qu’ils ont négocié pour qu’il y ait la paix?

Aussi, quand on parle de certaines populations qui reconnaissent des proches parmi les assaillants, il faut dire qu’au Burkina Faso, les gens n’aiment pas la vérité. Quand tu rentres dans la vérité, dans les faits, on t’accuse automatiquement d’ethniciste ou de régionaliste; on dira même que tu es contre quelqu’un. Prenons l’exemple de la région du Sud-ouest, combien de jeunes se sont levés pour aller tuer leurs propres frères parce qu’on les paye ou qu’on les a forcés? Ceux qu’on force-là, c’est à eux de trouver les canaux pour sortir dire ce qui s’est passé. S’il y a des gens qui ont tendu la perche et que l’État n’a pas accepté, c’est là qu’on pourrait l’accuser de ne pas mener le dialogue. Mais comment l’État lui-même peut entreprendre des démarches pour aller chercher des gens pour négocier?

Pour moi, aujourd’hui, ce sont les populations elles-mêmes qui doivent comprendre qu’on les a mises dans des problèmes, qu’on les a menti, et de ce fait, dénoncer ces gens. Après, on va venir dire que les autorités ne font rien. Moi, je pense que c’est une question culturelle, parce ce qu’aujourd’hui, quand vous prenez les peuples qui sont purement animistes, les gens sont dans les valeurs africaines où la vie humaine est sacrée. Mais les autres qui sont dans les autres cultures (christianisme, islamisme, etc.), ils ont une autre vision du monde. Ce n’est pas que je les critique. Aujourd’hui, quand on parle de conflit de religion, de l’extrémisme violent, c’est quoi? Ça vient de ce côté-là (religions révélées, ndlr).

Je pense que ce n’est pas au gouvernement de négocier. C’est aux terroristes d’ouvrir le dialogue. Si le gouvernement n’accepte pas maintenant, on peut l’accuser d’avoir refusé le dialogue. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Comment le gouvernement va aller chercher les terroristes en brousse pour venir faire le dialogue? Mais, on sait que les terroristes que l’armée arrive à capturer sont en prison. Beaucoup sont là, ils attendent le jugement. Donc, ça veut dire que l’État a des prisonniers terroristes qu’il a mis à la disposition de la justice. Cela signifie que l’Etat dialogue ou veut résoudre le problème. Sinon, la question de négociation paraît difficile puisque c’est une guerre de libération. Ça a toujours été comme cela. C’est de l’intérieur qu’on vous divise, qu’on vous incite à vous entretuer et lorsque vous allez finir de vous entretuer, l’impérialisme va venir. C’est ce qui s’est passé en Algérie. Tous les Algériens qui soutenaient les Français, le jour que la France a perdu et qu’elle est venue pour rechercher ses ressortissants, ces Algériens ont couru et s’agrippaient aux véhicules des Français. Mais, les mêmes Français se débarrassaient d’eux. En Afghanistan, le jour que les Américains partaient, les Afghans qui les soutenaient sont allés même s’accrocher à des avions parce qu’ils craignaient le sort qui leur sera réservé par leurs propres frères qui étaient contre la présence des Américains en Afghanistan. Les luttes de libération sont comme cela. Il va falloir qu’ont soit ferme ou on trouve des moyens pour pouvoir régler le problème. Et ça ne peut pas se faire sans la guerre. S’il n’y a pas la guerre véritable, c’est nous qui allons disparaître.

Minute.bf : On ne parlait pas de négociation pour faire des compromissions et autre mais d’un dialogue qui permettrait à ceux qui ont été enrôlés de force, de pouvoir revenir à la maison, et à ceux qui refusent, de leur faire la guerre…

Mais je pense que sous Damiba, ce modèle de dialogue a été institué. On a même vu des gens qui ont déposé des armes et qui ont témoigné. Je pense que cela continue puisque le président Traoré a dit que qu’il a instruit la justice de faire rapidement parce qu’il y a beaucoup de terroristes qui sont dans les prisons; que la justice a posé des conditions qui ont été remplies. Pour moi, c’est toujours le dialogue. Peut-être qu’après le jugement, il y a d’autres qu’on va aider à se réinsérer dans la société. L’un dans l’autre, il ne faut pas voir la situation de dialogue ou de négociation de catastrophique. Parce que nous sommes dans un cas très délicat. On fait comment? Comme je l’ai dit, pour qu’il y ait ce dialogue, il va falloir qu’il y ait une certaine élite qui sensibilise, il va falloir faire comprendre à ceux-là qui tuent des Burkinabè que c’est une guerre impérialiste et qu’ils sont utilisés par les impérialistes pour atteindre leur fin. Voyez-vous, au Nord par exemple, tous ces gens-là qui meurent, ce ne sont pas des Français, ni des Américains, ni des Allemands. Ce sont nos frères Burkinabè. Qui récoltera les conséquences sociales? C’est le Burkina Faso. Qui restera dans la douleur? C’est le Burkina Faso. C’est pourquoi j’appelle les gens à refuser certaines choses. Il faudra aussi dire la vérité aux populations. Il ne faut pas qu’elles permettent à des impérialistes de les utiliser pour tuer leurs propres frères.

Pour la guerre, il faut la faire car c’est une question coloniale. Si on ne la fait pas, on disparaitra. Regardez ce qu’on veut faire du Niger. Le Niger a tué qui? Il faut vraiment résister, au cas contraire on vous extermine.

Minute.bf : La situation actuelle, c’est plus de 2 millions de personnes déplacées internes (PDI) selon les derniers chiffres du CONASUR; au plan sécuritaire, il y a toujours des difficultés. Quelles propositions avez-vous à faire au président Traoré dans ce sens?

Je pense que le président fait de son mieux et fait même plus que ce qu’on attendait de lui. Personne ne pouvait s’imaginer qu’en moins d’un an, on allait atteindre le niveau où nous sommes aujourd’hui. Il y a beaucoup de déplacés internes. C’est normal. Avant même que le capitaine Ibrahim Traoré arrive, il y allait avoir plus de déplacés internes parce que les zones d’intérêt militaire qu’on avait délimité, c’était pour évacuer les populations de ces zones et les occuper. Donc, la question des déplacés allait être plus catastrophique que cela. Mais, aujourd’hui, les mesures prises par le gouvernement sont très bonnes. D’abord, sur la question de l’auto suffisance alimentaire, on voit comment l’État a investi dans l’agriculture. C’est une bonne chose. Aussi, faut-il reconnaître que sur le terrain, les agents de l’action sociale luttent quotidiennement pour aider l’État.  Ensuite, il y a des Burkinabè qui cotisent, qui accueillent leurs amis, frères, proches touchés par le terrorisme. C’est une bonne chose, car ça exprime la solidarité nationale.

Maintenant, le conseil qu’on peut donner, c’est de travailler à amener les Burkinabè à plus de prise de conscience. Quand je dis cela, il ne s’agit pas du citoyen lambda. Cela concerne les élites intellectuelles qui doivent travailler à faire des propositions objectives, pour que l’État avance. La période n’est pas de venir dire que je suis de tel camp, je dois critiquer ou injurier. Il faut donner des idées, encourager ceux qui sont devant. Ce que je peux dire aux Burkinabè, c’est d’encourager les autorités à avoir plus de force, de critiquer les autorités dans le bon sens à travers des propositions concrètes, des inventions et de l’innovation. Au cours d’une émission d’une télévision de la place, on était surpris de voir une dame qui dit avoir démissionné pour créer la structure  »Go Paga » afin de pouvoir accompagner les veuves et les orphelins des militaires. Il faut que les Burkinabè s’organisent comme cela. Qu’est ce que je peux apporter comme contribution? Qu’est ce que je peux faire pour encourager les Burkinabè? C’est ça le vrai combat. C’est ça le vrai soutien, c’est ça le vrai conseil pour le président. Et c’est comme cela qu’on pourra juguler cette crise afin de mieux s’unir à l’après crise.

Personnellement, tout ce que je fais comme débat médiatique, je ne le fais pas pour me faire voir, avant que je ne sois au États-Unis, j’ai passé plus de dix ans dans la presse. Je le fais parce que, pour moi, c’est ma contribution à éveiller les consciences. Il y a des Burkinabè qui sont ici, qui n’aimeraient pas prendre la parole, parce qu’ils ne veulent pas se faire insulter ou s’afficher, ou n’aimeraient pas qu’on vienne parler de leur vie ou de leur situation de migrant.

Pour le moment, les mesures que les autorités ont prises conformément à nos moyens, sont à saluer. Il faut maintenant que nous tous, nous travaillons à trouver des idées et à faire des propositions pour que la situation soit résolue.

Minute.bf : Vous l’avez dit, il faut saluer les efforts qui sont faits par le président et quand ça ne va pas, critiquer dans le bon sens. Aujourd’hui, au Burkina Faso d’aucuns estiment que ce sont ceux qui critiquent qui sont envoyés au front. Aller au front qui devrait être un honneur pour tout Burkinabè ressemble maintenant à une sanction, selon eux. Quelle lecture en faites-vous?

La réponse dans cette vidéo ci-dessous⤵️

Minute.bf : Le journaliste Norbert Zongo a été assassiné pour ses opinions. Aujourd’hui, avec les enlèvements par des hommes encagoulés et les réquisitions pour le front, est-ce qu’on ne retombe pas dans les mêmes travers d’il y a plus de 20 ans?

Da Sié : Je veux rectifier quelque chose que les gens expliquent mal. Norbert Zongo n’a jamais critiqué, dans le sens de la critique comme ce qu’on voit aujourd’hui. Les gens insultent, rabaissent, veulent donner une mauvaise image des autres parce qu’ils ne les aiment pas ou qu’ils ne sont pas du même bord.

Norbert Zongo n’a jamais critiqué. Il a fait son travail de journaliste d’investigation. C’est un amoureux de la vérité, quelqu’un qui est très cultivé, qui a de très bonnes idées. On se rappelle que chaque mardi, quand L’Indépendant (hebdomadaire de Norbert Zongo, ndlr) sortait, le lendemain, mercredi, cela influe sur le Conseil des ministres. Norbert Zongo influençait positivement la vie politique, économique et sociale du Burkina Faso. Quand il faisait ses enquêtes, il ne vient pas publier comme cela. Il publie un petit bout, les gens reconnaissent les faits et se corrigent. Souvent même le gouvernement le félicite. Donc, pour moi, il n’a jamais critiqué, il a fait un travail d’investigation. Critiquer c’est péjoratif aujourd’hui.

Norbert Zongo, c’est aussi un patriote. Il n’a pas été tué parce qu’il critiquait. Il a été tué parce qu’il voulait que la vérité se manifeste sur la mort de David Ouédraogo. Je ne dis pas qu’il n’y avait pas de problèmes. Il y en avait parce que les gens ne voulaient pas que cette vérité qu’il recherche soit une autre réalité. C’est l’affaire David Ouédraogo qui va précipiter sa mort. Il faisait des investigations pour que la vérité soit sue dans l’affaire David Ouédraogo. C’est différent de critiquer.

Les gens exploitent cette situation pour dire que Norbert Zongo a lutté pour la liberté d’expression qui aujourd’hui est menacée. Non! Quand vous prenez le Dr. Louré, du point de vue académique, il est mille fois mieux que Norbert Zongo. Mais Norbert Zongo n’a jamais insulté ni rabaissé quelqu’un encore moins dénigrer le Burkina Faso. C’est cette différence qu’il faut faire.

Minute.bf : Quelle analyse faites-vous des personnes portant des cagoules qui enlèvent certains citoyens?

Da Sié : En ce qui concerne les enlèvements par des encagoulés, je pense que ça dépend des cas. Ceux qu’ont dit qu’on les amène de force au front, je dis que les militaires sont faibles. Qu’est-ce qu’il a dit ou fait pour qu’on l’amène au front? Il ne faut pas encourager les gens dans de mauvais comportements. Aujourd’hui on critique, mais est-ce que critiquer c’est injurier? Moi, je ne peux pas injurier une autorité ou quelqu’un qui est plus âgé que moi. Je peux lui dire des vérités. Il va se fâcher mais il va admettre que je ne l’ai pas insulté. Le pays est en guerre, que peut-on faire? Ceux qu’on amène au front, qu’ont-ils dit pour que l’Etat fasse une descente chez eux? Voilà les questions qu’il faut se poser.

Minute.bf : Si vous aviez le Capitaine Ibrahim Traoré en face de vous, que lui diriez vous dans le but d’améliorer sa gouvernance?

Da Sié : Je pense que dans tout ce que j’ai dit, il y a des conseils qui ressortent clairement. Les questions des encagoulés peut se retourner contre eux. Un autre conseil c’est de lui dire de tenir bon parce que ce n’est pas facile. Troisièmement, c’est de dire aussi aux membres de son équipe de faire les choses de sorte à ce que ça ne se retourne pas contre eux parce que tout ce qu’ils ont eu comme problème découle de la récupération. Donc, qu’ils fassent en sorte que leurs actes ne soient pas récupérés par leurs détracteurs. Aussi, faut-il que les membres du gouvernement travaillent en équipe et soient solidaires. Que le ministre de la culture ne croit pas que ce qui touche au ministère de la justice ne le concerne pas. En plus de cela, il faut que le président soit très accessible. Je sais qu’il est très occupé mais qu’il fasse en sorte que tout Burkinabè qui veut le voir puisse accéder à lui afin que personne ne dise après qu’il n’était pas ouvert. Que chaque Burkinabè qui veut le voir puisse le voir et même s’il n’est pas disponible, qu’il délègue quelqu’un pour l’écouter. De même pour le premier ministre et le président de l’Assemblée législative. Ils doivent être ouverts. C’est cela qui va renforcer notre fraternité.

Un autre conseil, c’est de lui dire de ne jamais brimer quelqu’un. Il doit aussi conseiller son équipe afin que les gens travaillent dans la justice, l’esprit d’égalité. Il ne faut pas que des Burkinabè se sentent brimés dans ce qui leur revient de droit. Je veux aussi inviter le président à se dire que chaque Burkinabè à son niveau constitue une solution au problème. Donc il faut qu’il écoute tout le monde. Il faut que tout le monde ait accès à lui, à son Premier ministre ou au Président de l’Assemblée.

Au peuple burkinabè, je dirai que nous devons travailler dans la solidarité. On doit cesser de s’humilier, de se ridiculiser entre nous. Il faut qu’on cesse de croire que cette crise doit nous diviser. Non! Au contraire, cette crise doit nous unir davantage parce qu’on a connu trop de tragédie mais on n’a pas disparu. Pourquoi je dis cela? J’évoque le cas des années 70 ou le Burkina Faso a connu une famine sans précédent, c’est ça même qui a conduit à la création du CILSS (Comité permanent Inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le sahel), les Burkinabè ont pu gérer cela. On a déplacé des populations aller installer dans d’autres villages. Et les gens les ont acceptées. Malheureusement, ce n’est pas enseigné dans les écoles. Donc on pense que les Burkinabè n’ont pas traversé des crises. On a pu surmonter des crises et cette fois-ci, on dit d’être solidaires des autorités, de leur faire des critiques constructives et des suggestions pour qu’ensemble nous construisons notre pays. Mais si on pense que c’est le président Ibrahim Traoré seul, comment peut-on régler le problème?

Minute.bf : Si vous devez noter le capitaine Ibrahim Traoré sur sa gestion, quelle note sur 20 lui donnez-vous ?

Da Sié : Sans trop discuter, on ne donne pas 20/20 mais je vais lui donner 19. Quand on regarde d’où on est venu et le travail qui est fait aujourd’hui, je pense qu’il faut saluer ce que le président a eu le courage de faire. Ce qu’il a fait n’est pas pour lui-même. Ça va rester dans les annales de la nation. Pourquoi je ne lui donnes pas 20? Ce n’est pas lui seul qui a travaillé. Il a mis des Burkinabè autour de lui et ils ont travaillé. Je donne 19/20 parce qu’il y a des Burkinabè qui ont cru en lui. Quand vous prenez les cotisations, les VDP, ce sont des Burkinabè. Tout récemment, j’ai vu à la Maison d’Arrêt et de Correction de Bobo-Dioulasso, que des prisonniers ont cotisé pour soutenir la lute contre le terrorisme. Voilà le succès de tout le Burkina Faso et je dis que le président a 19/20 parce qu’un travail formidable a été fait. C’est tout cela qui donne la note de 19/20 parce qu’on ne peut pas donner totalement 20 parce qu’il y a des limites. Ces limites sont de ceux-là qui ne sont pas contents, qui pensent qu’il n’a pas trop fait, qu’il y a faute quelque part.

Sur le plan technique, quand on regarde le matériel qu’on a reçu, l’offensive, les moyens mobilisés par les Burkinabè pour soutenir ces actions, moi je pense qu’on doit pouvoir se féliciter qu’un bon travail a été fait et mérite 19/20 pour le président. Même sans l’aide publique au développement, le pays résiste, le pays tient, continue d’aller mieux. Ce n’est pas quelque chose de mauvais malgré la crise. L’armée sur le terrain, malgré que ça tue, les jeunes avancent, les soldats avancent. Tout cela, c’est à mettre au succès de tout le monde. Pour moi, ce n’est pas le président Traoré seul parce qu’il y a eu beaucoup de Burkinabè qui se sont mobilisés pour cette cause grâce à son leadership. Donc pour le moment, il a bien fait. Nous qui sommes à l’extérieur on vous félicite, on félicite tous les acteurs, on est fier de voir que le pays tient et continue d’avancer. Maintenant, il faut que les gens continuent d’envoyer, de proposer des idées constructives, pas des injures, des rabaissements, des calomnies. Parler comme si on n’est concerné par ce qui se passe, je pense que ça ne va pas nous aider. Et aussi, sur les réseaux sociaux j’invite les Burkinabè, ceux qui comprennent bien nos langues à reprendre l’actualité du pays dans les langues comme le font les Maliens. Ça va beaucoup aider les populations à la base, dans les campagnes, de comprendre ce qui se passe. Que chacun reprenne l’actualité dans sa langue pour que les gens puissent comprendre parce que le français ce n’est pas donné à tout le monde. Donc voici comment moi je vois les choses.

Minute.bf : Nous avons vu courir certaines rumeurs selon lesquelles vous êtes rémunéré par le président Traoré, pour les efforts que vous faites dans la défense de son pouvoir. Quelle réaction avez-vous à faire sur ces rumeurs là?

La réponse dans cette vidéo ci-dessous ⤵️

Minute.bf : Un mot pour clore…

Da Sié : C’est de vous dire merci du fait que vous vous êtes intéressé à ma modeste personne pour me donner la parole de discuter de ce qu’il se passe au pays. Je dis mes félicitations à tout le peuple burkinabè pour le combat qui est mené; j’encourage tout le monde à aller de l’avant. A tous ceux-là qui ont perdu leurs proches, je leur présente toutes mes condoléances et leur traduis tous mes encouragements. Étant loin, je pense toujours au pays et je crois à mon pays. Merci beaucoup!

Propos recueillis par Armand Kinda

Minute.bf

2 Commentaires

  1. Bonjour !
    Géniale analyse, lucide, honnête et promotrice de la REFONDATION par excellence ! RUPTURE, ET REFONDATION ! IL faut dégager l’éducation francophile et deculturante, construire une éducation de base jusqu’à l’université dans des langues nationales avec en complément les grandes langues internationales sans passifs esclavagistes, coloniaux et neocoloniaux ( russe, Chinois, indi) , repenser les notions d’état sur la base des Nationalités sociolinguistiques et de nos spiritualités ou divinités endogènes !….etc. j’y reviendrai ! Comme dit un autre burkinabè lucide,,maatocrate, aucun arbre ne se développe avec les racines d’un autre arbre ! Ou alors il le parasite à mort!

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