Le Centre d’initiative contre la drépanocytose (CID/Burkina) a organisé, le samedi 21 octobre 2023, une rencontre d’information et de sensibilisation sur la drépanocytose dans le contexte actuel d’épidémie de dengue, à l’endroit des patients drépanocytaires, à Ouagadougou. Cette rencontre a permis de sensibiliser une centaine de patients drépanocytaires, aux comportements à adopter dans cette période où l’épidémie de dengue fait rage.
Le Burkina Faso est touché depuis quelques mois, par une épidémie de dengue. À la date du 15 octobre 2023, le pays a enregistré un total de 25 502 cas et 214 décès, selon les chiffres du ministère en charge de la santé. Dans ce contexte, les personnes atteintes de drépanocytose paient le plus lourd tribut. En effet, du constat, il ressort que le plus grand nombre de décès de dengue à la date d’aujourd’hui est enregistré parmi les patients drépanocytaires, enfants comme adultes.
Selon Dr Berges Gloria, médecin drépanocytologue référent de la prise en charge au Centre d’initiative contre la drépanocytose (CID/Burkina), cette situation s’explique par le fait que les hémoglobinopathes en général et particulièrement les personnes drépanocytaires ont une plus grande prévalence à développer une dengue sévère que les autres patients et ce, du fait de la nature même de leur maladie.
La présente campagne de sensibilisation vise donc, à en croire Mme Berges, à donner la bonne information aux patients drépanocytaires et leur famille, sur les attitudes et comportements à adopter, non seulement pour se prémunir de la dengue, mais aussi sur les gestes à avoir quand ils sont atteints de cette maladie. « Vous savez que la drépanocytose est une maladie de douleur et dans la prise en charge de cette douleur, il y a des anti-inflammatoires. Donc, ce sont des patients qui prennent des anti-inflammatoires pour lutter contre la douleur. Alors que dans la dengue, il est formellement interdit d’utiliser les anti-inflammatoires pour la prise en charge car c’est une source d’aggravation. Donc il est important qu’ils sachent qu’en cas de dengue, il faut pouvoir nuancer la prise d’anti-douleurs », a fait savoir la drépanocytologue.
Selon ses explications, dans le contexte actuel où la dengue fait rage, les personnes drépanocytaires doivent faire preuve de prudence dans la prise en charge de leur maladie. Ainsi, ils doivent d’abord s’assurer de n’avoir pas la dengue avant de poursuivre la prise des anti-douleurs de type inflammatoire. Aussi doivent-ils éviter l’automédication.
« Il faut être sûr qu’on n’a pas la dengue avant de poursuivre la prise d’anti-douleurs de type inflammatoire. Ça c’est une des spécificités du drépanocytaires. Ensuite, il faut éviter l’automédication, parce que chez le sujet drépanocytaire, il y a déjà des défaillances, des faiblesses dans les organes tels que le rein, le foie. Donc, en plus de cela, si les patients prennent des médicaments n’importe comment, ils peuvent compliquer leur tableau et plus particulièrement les drépanocytaires de type SC qui sont encore plus vulnérables », a conseillé Mme Berges.
A en croire Dramane Banaon, Président du CID/Burkina, cette rencontre d’information et de sensibilisation a été organisée à la demande même des patients et de leurs familles au regard du contexte d’épidémie de dengue qui prévaut actuellement. Elle s’inscrit, dit-il, dans la volonté du CID/Burkina de jouer sa partition dans la lutte contre la dengue engagée depuis quelques mois par le ministère en charge de la santé.
« Le ministère de la santé fait un travail énorme, mais nous, en tant que communautaires, nous avons également le devoir de faire le relais au niveau de nos patients et des parents de drépanocytaires de telle sorte que nous soyons complémentaires à ce qui est fait au niveau du ministère par rapport à cette épidémie de la dengue », a-t-il relevé.
De ses dires, ce sont plus d’une centaine de patients et leur famille qui prennent part à cette session de sensibilisation. La campagne, a-t-il confié, va d’ailleurs se poursuivre dans la ville de Bobo-Dioulasso qui enregistre également un fort taux de cas de dengue.
Dame Madeleine Bara, matrone de 71 ans à la retraite, fait partie des personnes drépanocytaires qui prennent part à cette session. Elle dit saluer cette initiative qui lui permettra de s’informer sur les bonnes attitudes à adopter dans son état avec le contexte actuel.
« Comme je suis une malade, je cherche toujours la santé. Sinon que j’ai 71 ans cette année, mais si je peux encore vivre plus longtemps c’est bon. C’est pourquoi je suis venu écouter surtout que la dengue fait ravage en ce moment (…) Vraiment je suis très contente. Je ne savais même pas qu’il y avait tous ces gens-là qui souffrent comme moi. Quand vous voyez certains d’entre eux, ils sont des jeunes. Ça joue beaucoup sur le mental », a-t-elle déclaré saluant les premiers responsables du CID/Burkina pour l’initiative.
Pour information, la drépanocytose, première maladie génétique au monde, touche de nombreuses familles au Burkina Faso. Selon une étude menée par le ministère de la Santé entre décembre 2019 et janvier 2020, le taux de prévalence de la drépanocytose était de 4,63% dont 54,12% de forme homozygote SS dans le pays.
Oumarou KONATE
Minute.bf
