Dans le cadre de la mise œuvre de ses activités de protection et de promotion des droits humains, le Centre d’Information et de Formation en matière de Droits Humains en Afrique (CIFDHA) a initié une campagne digitale de sensibilisation sur l’importance du respect et de la protection des droits humains au Burkina Faso dans un contexte de crise sécuritaire. Les jeunes ont été mis au centre de cette campagne à travers des propositions d’articles. On vous invite à lire un article proposé par un jeune :
« Le Burkina Faso est en proie à des attaques terroristes depuis 2016. Depuis cette date le pays a subi des attaques djihadistes à répétition engendrant une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent pour le pays. En effet, cette situation d’insécurité a causé plusieurs décès de civils et militaires ; la fermeture d’écoles et de centres de santé et bien d’autres administrations.
En réaction à ces attaques terroristes l’Etat Burkinabé a engagé des actions fortes et une lutte sans relâche contre les Groupes armés terroristes. C’est dans un tel contexte que la question « sur l’importance du respect et de la protection des droits humains dans le contexte de crise sécuritaire au Burkina Faso » se pose. Ainsi donc, quelles sont les raisons qui justifient de tenir compte des droits humains dans la lutte contre l’insécurité ?
Avant de répondre à cette interrogation il convient de clarifier les concepts de base de cette thématique. Par droits humains nous entendons l’ensemble des prérogatives qui concourent au respect de la dignité humaine. Quant au respect des droits humains c’est le fait pour les Etats de ne prendre aucune mesure qui aurait pour effet de priver les individus des droits humains. Enfin par protection l’Etat doit veiller à ce que les groupes armés ou des individus ne privent pas d’autres personnes de la jouissance de leurs droits.
Nous mènerons nos réflexions essentiellement autour de deux idées :
Premièrement, le respect des droits humains comme moyen de prévention de la radicalisation des individus. Les insuffisances dans la protection des droits humains sont souvent exploitées par les groupes terroristes pour rallier des jeunes à leurs causes. Ainsi, le manque de conditions de vie descentes notamment le manque d’emplois, les inégalités entre les citoyens et l’injustice sont des manquements aux droits humains qui alimentent des dynamiques de conflits. Par conséquent, transiger avec les droits humains dans la lutte anti-terroriste serait offrir aux terroristes la victoire qu’ils ne peuvent obtenir par eux-mêmes.
Quand la lutte contre le terrorisme n’est pas conforme aux droits humains, elle permet aux terroristes d’exploiter les violations pour faire des recrues et justifier leurs actions. Les Etats doivent inscrire leurs actions contre le terrorisme dans le respect des obligations internationales (DIH, droit des réfugiés …). Au fond dans la conduite des opérations militaires les droits humains n’empêchent pas de tuer les combattants terroristes. Le combattant est toute personne qui participe directement aux hostilités en tant que membre actif des groupes djihadistes. Il y a donc aucune contradiction entre droits humains et lutte contre le terrorisme.
Deuxièmement, le respect et la protection des droits humains permet d’assurer la stabilité de l’Etat. La prise en compte des droits humains dans la lutte contre le terrorisme accroit le degré de confiance entre les citoyens et l’Etat. Le recours à la justice permet à des personnes présumées terroristes ou accusées de complicité de pouvoir s’expliquer.
Cela permet d’une part d’obtenir de précieuses informations au cours du procès, de condamner ou d’innocenter des individus et d’autre part rassurer les personnes contraintes de rejoindre les groupes à déposer les armes et se réintégrer dans la société.
Pour toutes ces raisons, il est impératif de continuer la sensibilisation des acteurs sécuritaires sur les droits humains et de mettre la justice au cœur de la lutte anti-terroriste. »