jeudi 21 novembre 2024
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Lutte antiterrorisme : « Le journaliste doit s’en tenir aux faits et être en osmose avec la sécurité nationale » (Dieudonné Zoungrana)

« Métier de journalisme en situation de crise », c’est autour de ce thème que le Rassemblement des intelligences pour la souveraineté de l’Afrique (RISA) a organisé un panel, le samedi 13 janvier 2024, à Ouagadougou. Le panel a été animé par des universitaires et des noms du domaine du journalisme et de la communication au Burkina Faso.

S’il y a un métier dont le fonctionnement suscite des débats au Burkina Faso depuis le début des attaques terroristes, c’est bien le journalisme. La préoccupation principale est : Comment faire du journalisme dans ce contexte de guerre ?

« Au niveau du RISA, nous avons voulu comme à notre habitude depuis sa création, nous projeter sur les thématiques d’enjeux publics. Dans ce contexte présent, il y a un débat récurrent qui revient dans l’espace public qui consiste à savoir quel peut être le rôle que chacun de nous devra jouer et plus particulièrement ceux qui sont les yeux et les oreilles des citoyens burkinabè que sont les médias », déclinera d’ailleurs Imhotep Serges Bayala pour expliquer pourquoi le RISA a décidé de poser le débat autour d’un panel.

Les officiels à ce panel

Concrètement : « est-ce que le média, au nom du fait qu’il a une vérité entre les mains, doit l’exposer dans l’espace public ? ». A cette question, pense M. Bayala du RISA, : « nous sommes dans un contexte de guerre où il y a deux blocs tranchés : le bloc de l’ennemi et celui de l’État qui combat un ennemi envahisseur mu par des intérêts sponsorisés par des puissances extérieures : le terrorisme qui nous a envahis depuis 10 ans ». Partant, il s’interroge à nouveau : « est-ce que dans cette situation on peut avoir un journaliste neutre ? Est-ce qu’on peut avoir un journaliste insensible à la prise de position par rapport à l’enjeu clé de la défense de la patrie et des efforts monstres que déploient notre armée et les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP)? Est-ce qu’il s’agit, en résumé, de présenter de façon égalitaire les défaites de l’État et celles de l’ennemi ? De présenter de façon égalitaire les victoires de l’Etat et celles de l’ennemi ? Est-ce que cela est concevable, au nom de l’objectivité et de la déontologie, du statut qui revient à un média professionnel et traitant de façon impartial l’information ? Est-ce qu’il lui (au média, ndlr) est habilité du point de vue de l’éthique et d’appartenance à un Etat de présenter ces faits-là de façon égale ? ».

Là encore, soutient le RISA : « pour nous, l’idée, c’est de poser le débat sans complaisance et de convoquer toutes les parties : ceux qui pensent que toutes les vérités sues doivent être mises sur l’espace public et ceux qui pensent qu’il faut mettre de la mesure parce qu’aucune guerre au monde ne se fait en exposant ». Pour illustrer, Serges Imhotep Bayala a pris le cas de la situation ukrainienne en avançant : « les victoires et les défaites de l’Ukraine, selon le bloc occidental, ne s’exposent pas de façon publique de la même manière que les défaites et les victoires du bloc russe ». Ainsi, avant que les panelistes n’argumentent, M. Bayala a encore questionné : « est-ce que le Burkina Faso et ses médias doivent échapper à la règle d’un traitement qu’il conviendra de donner en mettant en avant la survie de l’État ? ».

Dieudonné Zoungrana, journaliste, a donné son avis dans une communication qu’il a faite au cours de ce panel

En réponse à ces interrogations, le journaliste Dieudonné Zoungrana, invité à communiquer autour du thème : « Quelle presse pour un Burkina en crise ? », a postulé que « le journaliste dans ce Burkina crisé doit s’en tenir aux faits mais il doit aussi être en osmose avec la sécurité nationale ».

Pour lui, « prudence et responsabilité doivent être les maîtres-mots du journaliste tout en ayant l’éthique et la déontologie chevillées au corps ». Le journaliste, arguemente-t-il, doit « tenir compte des lois en vigueur ». Ce qui, à son avis, « n’est pas de la soumission aux autorités du pays » mais plutôt « une bonne compréhension de la liberté de presse et d’expression, lesquelles libertés ne pouvant s’exercer que dans un Etat debout et sécurisé ».

Ce débat, considère-t-il, est une affrontation entre deux écoles. « Il y en a toujours qui pensent qu’on doit tout dire, même quand cela arrange l’ennemi, le terroriste. Il y a d’autres aussi qui estiment qu’aujourd’hui, avec la situation, le journaliste doit tenir compte de certains faits. La presse aujourd’hui est forcément à géométrie variable et les deux écoles s’affrontent », s’est-il défendu.

Une vue des participants au panel

« Est-ce que tout est bon à dire dans le contexte actuel », a-t-il questionné avant de trancher catégoriquement : « non ! » En clair M. Zoungrana a laissé entendre : « je suis pour que cette presse soit responsable parce qu’on ne peut pas faire l’apologie du terrorisme. Aujourd’hui, nous devons soutenir les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et les VDP et les efforts des autorités parce qu’un État failli n’arrange personne, ni les journalistes parce que nous sommes d’abord des Burkinabè. On n’est pas désincarné. Un journaliste est d’abord l’homme d’un pays ».

Pour lui, des sujets comme soutenir les forces combattantes, les citoyens soldats (VDP) et leur devenir (après-guerre, ndlr), la prise en charge des Personnes déplacées internes (PDI), des mercernaires notamment lever l’equivoque de la présence de Wagner au Burkina Faso, entre autres doivent intéresser les médias.

Il y a eu également des communications sur certains sous-themes, à l’image de : « Expression des libertés individuelles et collectives en situation de crise sécuritaire : quel regard de juriste ? », animé par le juriste, l’enseignant-chercheur, Dr Ouandaogo ; « Communication et construction des idées dominantes », animé par le journaliste Moussa Sawadogo.

Franck Michaël KOLA

Minute.bf

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