samedi 14 décembre 2024
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A la barre : Elle écope de 12 mois de prison pour avoir dépensé de l’argent envoyé par erreur sur son téléphone

C.T, la vingtaine révolue, comparaissait à la barre du tribunal de Grande Instance Ouaga 1, le vendredi 07 avril 2023, pour répondre des faits d’appropriation frauduleuse de bien. Il lui est reproché d’avoir retiré et dépensé une somme de 400 000 F CFA qu’elle a reçue par erreur sur son compte mobile money.

« Ne mange que ce qui t’appartient », dirait le vieux sage africain. Ce dicton, C.T l’aura appris à ses dépens, elle qui s’est appropriée ce qui ne lui revenait pas de droit. En effet, courant décembre 2022, elle a reçu sur son compte mobile money, un dépôt d’une somme de 400 000 F CFA provenant d’un numéro de la Côte d’Ivoire. C’est celui de J.S. Il voulait transférer de l’argent à sa famille restée au pays, et s’est malheureusement trompé sur le numéro. S’étant rendu compte de la grave erreur qu’il venait de commettre, il va rapidement contacter le numéro erroné qui n’est autre que celui de C.T, pour lui expliquer tout en espérant qu’elle lui fasse clémence en lui renvoyant son argent. 

Mais c’est peine perdue, la dame à l’autre bout du fil va le raccrocher au nez. Pis, elle va même mettre son téléphone hors-ligne de sorte à ce qu’il ne puisse plus la joindre. J.S est dans le désarroi. Toutes ces tentatives, pour rentrer en contact avec C.T restent vaines. Pendant ce temps, ici à Ouagadougou, chez C.T, c’est une nouvelle vie qui commence. 

Elle a touché au jackpot et elle ne compte pas s’en priver. Elle va dans un premier temps retirer une somme de 40 000 F CFA, ensuite, une autre de 20 000 F CFA, de 5 000 F CFA, de 10 000 F CFA et ainsi successivement à des périodes différentes. C’est au cours d’une de ces transactions, qu’elle sera interpellée par la police, après une dénonciation que J.S a faite à l’agence de téléphonie mobile. 

Appelée à la barre, C.T reconnait partiellement les faits qui lui sont reprochés. Elle ne nie pas le fait qu’elle a effectivement reçu une somme de 400 000 F CFA sur son téléphone, mais dit n’avoir retiré uniquement que 40 000 F CFA. Pour ce qui est des autres sommes retirées, elle dit ne pas savoir ce qu’il en est. Aussi, elle avance qu’elle a fait le retrait parce qu’elle croyait que la somme de 400 000 F CFA lui avait été envoyée par l’un de ses oncles résidant en Côte d’Ivoire. « J’ai un oncle en Côte d’Ivoire qui m’avait promis 125 000 francs. Donc quand l’argent est venu, je pensais que c’est lui qui me l’a envoyé. C’est pourquoi je suis allée faire le retrait », se défend-elle tout en insistant sur le fait qu’elle n’a retiré que la somme de 40 000 F CFA. 

« Donc même après que le propriétaire vous ait appelé, vous avez toujours continué à penser que c’était votre oncle qui vous a envoyé ça ? », le juge de la questionner. C.T répondra qu’elle avait déjà effectué le retrait avant que J.S ne l’appelle et qu’elle avait même déjà dépensé cette somme. Elle réfutera aussi la thèse selon laquelle elle a éteint son téléphone après que J.S l’ait appelée. 

Dans ses réquisitions, le ministère public a quant à lui, estimé que la version de l’accusée ne tient pas la route. Pour le procureur, C.T savait pertinemment ce qu’elle faisait. En raccrochant J.S au nez, et en mettant son téléphone hors-ligne, elle pensait pouvoir lui échapper et profiter tranquillement de son butin. Le parquet a aussi battu en brèche l’argument de l’accusée selon laquelle elle n’a retiré qu’une somme de 40 000 F CFA. Une contre-vérité selon le procureur, car la fiche de retraits fournie par l’agence de téléphonie mobile, indique qu’elle a retiré des sommes à différentes reprises après celui des 40 000 F CFA. Tirant la conclusion que C.T est une personne de mauvaise foi, le procureur a requis qu’elle soit reconnue coupable et condamnée en répression à une peine d’emprisonnement de 12 mois ferme et une amende de 500 000 FCFA assortie du sursis. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces réquisitions ont semblé avoir fait prendre conscience à dame C.T sur la gravité de son acte. Fondant en larmes, elle s’est lancée dans une sorte de contrition, implorant la clémence du tribunal à son égard. 

Après délibérations, les juges ont convenu de lui accorder une seconde chance. Ils l’ont reconnu coupable des faits d’appropriation frauduleuse de biens et l’ont condamné à une peine d’emprisonnement de 12 mois et une amende de 500 000 F CFA, le tout avec sursis. 

Oumarou KONATE

Minute.bf

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