K.A.R. a comparu, devant le Tribunal de grande instance Ouaga 1, le mardi 4 mars 2025. Il est reproché à ce commerçant de 43 ans, les faits de violation de domicile et de diffamation à l’endroit de la mère de son enfant, son ex-femme. Les faits ont été requalifiés en injures non-publiques et il a été condamné avec sursis.
Il y a 8 ans en arrière, K.A.R et O.M. vivaient en parfait amour. Une union d’où naquit une fille. Mais, quelque temps après le couple vole en disgrâce et se sépare. La fille issue de cette union est envoyée par sa mère en Côte d’Ivoire, sans l’avis du père. Environ 7 ans que le père n’avait plus revu son enfant.
Le 23 décembre 2024, le prévenu K.A.R. apprend par l’entremise de son oncle que sa fille est de retour à Ouagadougou, à l’occasion des funérailles de son regretté ex-beau-père. Le prévenu K.A.R. s’empresse de se rendre au domicile de son ex-femme pour voir sa fille.
Y étant, K.A.R. toque à la porte et sa fille de 8 ans lui ouvre le portail. Heureux de revoir sa fille, ce dernier se met à échanger avec elle. Après une dizaine de minutes d’échange, la mère de la fille, l’ex-femme du prévenu, sort. Elle reproche à son ex-mari son manque de respect. « Tu ne peux pas venir chez mon papa et la première personne avec qui tu échanges, c’est la petite », lui reproche-t-elle, ce jour-là, furieuse et étonnée que K.A.R ait appris la venue de sa fille.
« Monsieur le Président, ça ne s’est pas déroulé ainsi. Quand vous entrez dans une maison la première personne que vous trouvez, c’est avec elle que vous échangez. J’ai échangé longuement avec ma fille avant que sa mère ne sorte. Quand elle est sortie, je l’ai saluée poliment, et c’est là qu’elle a commencé à s’énerver », a, pour sa part, expliqué K.A.R.
Et son ex-compagne de le contredire en répliquant : « il m’a dit qu’il a besoin de sa fille pour une fête, qu’il rentre et qu’il reviendra d’ici le soir pour la chercher. Et que s’il revient qu’elle n’est pas prête, je vais voir de quel bois il se chauffe ».
« Je ne reconnais pas les faits. Je ne lui ai proféré aucune injure. Quand elle a commencé à parler, j’ai simplement dit que j’allais repasser le soir pour chercher ma fille pour une sortie », s’est défendu le prévenu. A ce propos, il faut noter qu’aucune décision de justice n’a octroyé la garde de l’enfant ni à la mère, ni au père. « Je lui ai même dit que s’il veut la garde de l’enfant on part en justice, celui qui gagne, garde l’enfant ou soit il attend les vacances », dira la plaignante O.M.
Après ces échanges houleux entre les deux parents, O.M. se rend dans le commissariat de police le plus proche pour porter plainte contre son ex-mari K.A.R. La plainte est envoyée par cette dernière sur le compte Whatsapp de K.A.R. d’où est partie une autre dispute par message. « Il m’a insulté que c’est parce que je suis une fille facile, que je sors avec les policiers pour obtenir leurs faveurs pour que mon dossier soit traité rapidement », se plaint-elle. Invité par la procureure à s’expliquer sur ces accusations, K.A.R. a répondu : « dans les échanges WhatsApp, elle m’a insulté, dit des choses pas très bien. Les messages sont toujours là. Vous pouvez les écouter ». Il a, tout de même, reconnu partiellement les faits d’injures privées.
Après ces échanges, le prévenu K.A.R. est arrêté et déposé à la maison d’arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO) de décembre à mars, un peu plus de 2 mois, avant l’ouverture de son procès le 4 mars dernier.
Dans ses réquisitions, la procureure a demandé que le prévenu soit relaxé pour des fins de la poursuite pour les faits de violation de domicile. Elle a demandé que les faits de diffamation soient requalifiés en injures privées. Le parquet a demandé que le prévenu soit condamné à une amende de 5 000 F CFA ferme.
« Je ne réclame rien. Je veux qu’il arrête de me harceler, qu’il attende les vacances pour voir l’enfant », a déclaré la victime O.M. pour sa constitution de partie civile.
Pour l’avocat de la défense, Me Paul Kéré, il n’y a pas eu violation du domaine familial. Et pour ce qui est de la diffamation requalifiée en injures privées, il n’en ait rien, car c’est un message échangé entre les deux parents. « Vous pouvez ne pas vous aimer, mais vous restez les deux parents de l’enfant. Quelle éducation allez-vous (le prévenu, ndlr) donner à l’enfant si vous injuriez sa maman ? Je vous défends, mais je ne peux pas défendre l’indéfendable. Monsieur le Président, je demande pardon à la place du prévenu. Assortissez les réquisitions du procureur de sursis. Il a déjà fait 2 mois en prison. Il a compris », a plaidé Me Kéré.
Le prévenu en dernier ressort a demandé pardon pour ses propos.
Le Tribunal statuant publiquement, contradictoirement, en matière correctionnelle et en premier ressort a renvoyé le prévenu à des fins de la poursuite pour les faits de violation de domicile. Le Tribunal a requalifié les faits de diffamation en injures non-publiques et l’en a déclaré coupable. En répression, les juges ont condamné le prévenu a payé la somme de 5 000 F CFA avec sursis. Ils ont, en outre, condamné le prévenu aux dépens.
K.A.R dispose de 15 jours pour faire appel de cette décision de justice, conformément à la réglementation en vigueur au Burkina Faso.
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Mathias Kam
Minute.bf