Depuis l’ère du pouvoir Rock Marc Christian Kaboré, ils ont toujours exigé l’annulation de la convention de concession de l’aéroport Ouaga-Donsin au groupement français MERIDIAN-AMP. Eux, c’est le Collectif des syndicats de l’Aéronautique civile au Burkina Faso. Aujourd’hui, leur appel semble trouver un écho favorable auprès des nouvelles autorités de la Transition. Lors d’une rencontre avec les forces vives de la région des Hauts-Bassins le 04 janvier dernier, le Président de la Transition, Capitaine Ibrahim Traoré, a annoncé la suspension et la relecture de cette convention de concession au groupement français MERIDIAN-AMP. Pour avoir l’avis du syndicat sur cette décision, Minute.bf a rencontré ce 06 janvier son porte-parole, Hamed Lamizana.
Même si la décision du Chef de l’État est appréciée à sa juste valeur par le collectif des syndicats de l’Aéronautique civile au Burkina, il n’en demeure pas moins que ses membres restent toujours sur leur soif. En effet, selon le porte-parole, le collectif maintient sa position du départ, celle selon laquelle il faut purement et simplement annuler cette convention. « Il (le Chef de l’état) a dit que c’est une suspension pour revoir certaines clauses de la convention. Ça veut dire que le gouvernement est dans une certaine posture de renégociation de certaines dispositions de la convention avec la même entreprise française MERIDIAN Marseilles. Nous avons apprécié cette déclaration, mais, pour nous, ce n’est pas la meilleure manière de procéder, parce qu’une sauce qui est pourrie, on ne peut plus la réparer », a déclaré d’emblée, Hamed Lamizana. De son avis, il faut tout simplement écarter cette convention pour renégocier une autre convention avec d’autres partenaires stratégiques autres que le groupe français MERIDIAN Marseilles. « Je signale qu’en la matière, les partenaires n’en manquent pas. Ce n’est pas seulement les Français qui sont les experts ou qui sont les plus intéressés. Les partenaires sont nombreux. D’ailleurs, quand on fait le classement des meilleurs gestionnaires d’aéroports au monde, MERIDIAN Marseilles n’y figure pas. Des possibilités existent. Et même au niveau national, nous pouvons en trouver si nous nous mettons ensemble. Le génie burkinabè peut inventer des alternatives à Meridian Marseilles. Et la position du syndicat n’a pas varié, au lieu de suspendre la convention avec Méridian AMP, il faut purement et simplement l’annuler », a-t-il lancé.
M. Lamizana justifie sa position par le fait que le Burkina a plus à perdre qu’à gagner en allant avec un tel partenaire. Selon ses dires, dès le lendemain de la signature de la convention, le collectif des syndicats de l’Aéronautique civile a interpellé le gouvernement de Rock Marc Christian Kaboré sur un certain nombre de préoccupations. La première, a-t-il souligné, est que la convention n’offre pas les ressources suffisantes aux structures régaliennes de l’aviation civile, pour mener à bien leurs missions. Une autre chose, ajoute-t-il, est que la convention ne prend pas en compte l’aéroport de Bobo-Dioulasso et les aérodromes secondaires, dans sa gestion.
« Vous savez que les aéroports sont gérés en réseaux de sorte que c’est l’aéroport principal qui génère des ressources nécessaires pour gérer les aérodromes secondaires. Et l’aéroport de Bobo par exemple, vit sur l’aéroport de Ouagadougou parce que ça fait 2% du trafic. Du coup, s’il faut prendre Donsin uniquement, l’aéroport de Bobo n’aura pas de ressources pour vivre et pareillement pour les aérodromes secondaires », a-t-il expliqué.
A cela s’ajoute le fait que l’assistance en escale a été, selon ses dires, complètement bradée. « Nous avons aussi dénoncé le fait que les redevances de sûretés reviennent à 80 % au concessionnaire. Alors que la sûreté, c’est un domaine régalien de l’Etat, c’est-à-dire que c’est l’État qui devait percevoir entièrement ses redevances sûretés et mener sa politique de sûreté », a ajouté M Lamizana.
Autre préoccupation dénoncée dans cette convention par le collectif, à l’en croire, c’est le fait que l’aérogare actuel a aussi été bradé à vil prix.
Pour le porte-parole du collectif, avec cette convention, au lieu que ce soit le gouvernement qui ait la plus grosse part du gâteau, c’est le groupement français MERIDIAM AMP qui va se frotter les mains. Pour réparer le tort fait à la population, ils demandent aux nouvelles autorités d’annuler la convention de concession de l’aéroport international de Ouaga-Donsin avec MERIDIAM AMP, la révision de la conduite et de la gouvernance du projet, l’élaboration d’une nouvelle stratégie qui sera profitable au peuple burkinabè.
Et Hamed Lamizana de se convaincre que les conséquences seront plus dramatiques si les autorités s’entêtent à aller avec cette convention au lieu de l’annuler simplement. Il en veut pour exemples les cas de l’ONATEL et de la SITARAIL qui rencontrent, selon lui, de grandes difficultés de fonctionnement en ce moment.
Oumarou KONATE
Minute.bf