L’audience du détournement des fonds au ministère public a entamé sa deuxième phase, ce jeudi 12 décembre 2024 au TGI Ouaga 1. Camille Yé, Directeur de la Gestion des Financières (DGF) au ministère de l’action humanitaire au moment des faits est appelé à la barre. Il a été nommément cité par le prévenu Amidou Tiégnan comme étant « l’ordonnateur du cafouillage au ministère ».
Comme il est de coutume selon la loi, les témoins prêtent serment avant de déposer. Camille Yé, de sa position « plus que suspecte » dans cette affaire, selon Me Prosper Farama, a fait soulever des observations du procureur et du REN-LAC.
Selon le procureur, ce n’est pas exclu que Camille Yé passe de la case témoin à prévenu, donc un mis en cause. Et donc ce n’était pas opportun qu’il prête serment. Le Tribunal a rejeté l’observation. La chambre dit mettre « chaque témoin face à ses responsabilités ». Les juges ont demandé au témoin de prêter serment. « Je jure de dire la vérité », a-t-il prononcé.
Après cela, le témoin Yé a rejeté en bloc les accusations du prévenu Tiégnan. Selon ses dires, Amidou Tiégnan a « falsifié » sa signature. Poursuivant Camille Yé dit avoir déposé une plainte à cet effet, depuis le 8 octobre 2024. « J’ai porté plainte parce que j’ai constaté son absence depuis le 19 septembre. Étant donné que je l’ai mandaté pour gérer les fonds, je me suis beaucoup inquiété. Je me suis dit qu’il était hors du pays », a-t-il expliqué.
Revenant à la plainte, Camille Yé a indiqué qu’il a porté plainte pour faux en écriture. « Après vérification des relevés, j’ai constaté des sorties d’argent. Même les jours où j’étais hors du pays, j’ai constaté que j’ai retiré de l’argent que j’ignore. J’ignore avoir été associé. J’ai porté plainte pour faux en écriture. Je ne pouvais pas comprendre que pendant mon absence hors du pays, je me retrouve à signer des chèques. Je ne reconnais pas avoir signé des chèques », a-t-il expliqué en sus.
Le prévenu Tiégnan, rappelé à la barre, a maintenu ses déclarations. Il affirme que c’est bien Camille Yé qui lui donnait quitus. M. Yé a, à son tour, rejeté une fois de plus les accusations, après une question de la chambre.
« Comment cela peut arriver sans attirer votre attention ? », demande la chambre au prévenu. « Sans ma signature, les opérations régulières n’étaient pas possibles », a-t-il précisé. La chambre lui a alors demandé quelles sont les opérations irrégulières alors ? Le prévenu a indiqué qu’il s’agit des opérations dont il n’a pas été associé.
Toutefois, Camille Yé dit avoir commandité un audit à titre privé supporter par les fonds du ministère pour avoir la revue des comptes du ministère. « S’assurer de la traçabilité des comptes trésor du ministère sur la période 2022-2023 », a-t-il ajouté.
L’audience se poursuit…
Mathias Kam
Minute.bf