À l’entame du jugement, ce lundi 16 décembre 2024 au TGI Ouaga 1, sur l’affaire citée Ministère public contre Amidou Tiegnan et autres, portant sur le détournement de deniers publics au préjudice du Ministère de l’action humanitaire, les parties au procès ont fait une observation. Ils ont attiré l’attention du Tribunal sur les séquences vidéo diffusée sur les réseaux sociaux qui dénigrent les acteurs de la justice et les prévenus.
La justice a surpris l’opinion publique avec la retransmission en direct sur la Télé nationale de ce procès. Cela pour sa valeur pédagogique. Pourtant, se désole Me Prosper Farama, avocat de la partie civile, la retransmission du procès en direct a des effets néfastes sur les acteurs de la justice. En effet, selon l’avocat de la partie civile, le constat est que cette diffusion en direct, bien qu’elle ait des aspects positifs, il y a des dérives sur certains acteurs de ce procès. Selon l’avocat, des acteurs de la justice, sont « vilipendés » sur les réseaux sociaux.
« Tout le monde doit jouer un rôle pour que la justice soit faite à tous. Il n’y a pas que des avocats pour défendre des prêtres et des imams, …. Les avocats dans leur ensemble défendent des gens bien et des gens aussi moins bien. Il n’est pas interdit de critiquer, mais qu’elle soit faite dans le respect et la courtoisie. Ce n’est pas du théâtre. Nous faisons l’effort de conférer du respect à tout le monde. Ça peut paraître difficile à comprendre, voir des avocats défendre des gens qui ont détourné de l’argent, mais c’est pour cela que nous sommes là. Sans eux, on aurait fait un procès à moitié. (…) La position que les avocats prennent ici, ne veut pas dire qu’ils partagent la position de leur client. Tout Burkinabè souhaite avoir un avocat perspicace, efficace pour le défendre. Si nous ne prenons garde, les avocats seront réticents à prendre certains dossiers. C’est une école, nous espérons que tous les Burkinabè comprendront », a longuement opiné le doyen des avocats à l’audience, Me Prosper Farama.
Le procureur a, à son tour, invité les Burkinabè à ne pas sortir les vidéos dans leur contexte pour en faire des scènes de moqueries. « Il y a des vidéos qui pouvaient donner suite à une interprétation pénale. Il faut que ça cesse, sinon nous serons obligés de donner une suite pénale à ces agissements », a prévenu le parquet.
Le Tribunal a donc saisi cette interpellation pour inviter le public à savoir raison garder. « Tout le monde a un rôle à jouer. Chacun fait son travail. Pour le moment les prévenus ici présents sont présumés innocents tant qu’une décision de justice n’ait été prononcée. Il faut respecter les personnes, leur image et leur dignité. Mettez-vous en tête, qu’ils ont des proches, de la famille. Mettez-vous à leur place. Imaginez l’effet que cela peut avoir sur eux », a interpellé le président de la chambre, invitant le public à la retenue.
L’audience se poursuit avec le témoin Zakaria Koumaré.
Mathias Kam
Minute.bf