Me Abdoul Latif Dabo a poursuivi à la suite de son confrère Me Paré, les plaidoiries pour leurs clients Lookman Sawadogo et Alain Traoré dit Alain Alain, ce samedi 24 juin 2023 au Tribunal de grande instance, dans le cadre du procès sur les appels à incendier le palais du Mogho Naaba. Pour l’avocat, « c’est une procédure par procuration » et donc le « dossier est vide ».
« Lorsque le parquet se vexe dans l’émotion, c’est que le dossier est vide. Ce dossier est vide voilà pourquoi ça suscite en vous des émotions », a d’emblée reproché au parquet Me Abdoul Latif Dabo. Cela, en raison des réquisitions du procureur du Faso, qui fait une « comparaison au génocide rwandais ».
Cependant, Me Dabo poursuivant dans sa défense, précise : « dans une procédure normale, c’est à l’accusation d’apporter des éléments de preuves de la culpabilité du prévenu. On produit des preuves. Mais non ! On suscite en vous de l’émotion. Le parquet s’est plutôt étendu à faire l’étalage d’une culture juridique bien poussée. Je les félicite ».
Mieux ajoute l’avocat, le parquet dit, il y a deux groupes dans ce procès. « Les membres du Front unis pour le Faso (FUF) et les membres non-actifs du FUF mais au parfum du projet dont font partie Lookman Sawadogo et Alain Traoré », selon Me Dabo. Chose qui a fait répliquer l’avocat en disant que : « les oiseaux du même nid se reconnaissent ». Me Dabo de relever : « on a posé la question aux autres prévenus si Lookman Sawadogo et Alain Traoré ont déjà participé aux activités du FUF. Ils ont tous répondu non ! ».
« D’où provient l’idée selon laquelle les deux prévenus seraient des membres non-actifs du FUF, mais au parfum des faits », se demande l’avocat Abdoul Latif Dabo.
« Ils sont poursuivis pour complicité de non-dénonciation. En français facile, cela veut dire que tu es informé, mais tu n’as pas dénoncé. Cette infraction ne veut pas dire que vous avez causé avec X ou Y même s’ils sont à l’extérieur du pays. Quels éléments avez-vous apporté prouvant qu’ils étaient au parfum de la production et la diffusion des audios qui s’en suivront des affrontements ? Que l’on me donne un seul élément qui prouve que Lookman Sawadogo et Alain Traoré savaient tout cela. Non ! », a argumenté l’avocat des journalistes.
Il poursuit : « le parquet s’est contenté de plutôt nous présenter des bouts de messages capturés sur WhatsApp qui constituent l’extension de la vie privée de personnes ». L’avocat fonde la conviction qu’ « il fallait, pour le parquet, faire comprendre à l’opinion, qu’on n’a pris ces prévenus pas pour rien. Mais c’est pour ce qui se tramait ». « Non, il n’y a pas eu infractions », a clamé l’avocat de la défense.
« Nous sommes dans une procédure par procuration, par anticipation », s’est-il offusqué. « Le parquet dit, il faut les garder sinon ils vont aller sur les plateaux télés », avait dit dans ses réquisitions le parquet. Mais, « où voulez-vous qu’ils aillent ? Ce sont des Burkinabè qui jouissent de leur liberté d’expression », a répliqué Me Abdoul Latif Dabo poir défendre Lookman Sawadogo et Alain Traoré.
« Une infraction est constituée sur la base de 3 faits : l’élément légal, l’élément matériel et l’élément moral. Nulle part, il vous a été montré que chacun de ces éléments est constitué », a souligné Me Dabo. « Vous devez vous baser sur les faits qui vous ont été présentés pour dire ce qu’est de droit. Soyez juste. Dites le droit qui ne sera pas entaché par la propagande », a plaidé Me Abdoul Latif Dabo devant le Tribunal.
En rappel, le parquet a requis contre Lookman Sawadogo et Alain Traoré, une peine d’emprisonnement de 5 ans et 5 millions de FCFA, le tout ferme.
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Mathias Kam et Oumarou Konaté
Minute.bf