Ces derniers jours, la commune rurale de Arbinda fait « tristement » l’actualité dans notre pays. La voix des premiers concernés ne porte plus loin. Le cri du cœur des OSC, des activistes et des ONG ne franchissent plus les lèvres et clavier. La situation ne fait que s’empirer. Des sources présentes sur place ayant requis l’anonymat nous ont fait des témoignages qui font froid au dos. Nous avons des vidéos, des audios et des photos de cette cité « invivable ». Dans ce récit nous nous limitons à ce qui peut être dit.
Arbinda, cette commune rurale située dans la province du Soum, région du Sahel est très affectée par les actes terroristes. Forte d’une quarantaine de villages, Arbinda était autrefois une localité paisible. Activités d’agriculture, d’élevage et de commerce rythmaient la vie quotidienne de ses habitants. Hélas ! Depuis maintenant quelques mois, Arbinda a perdu de sa réputation de havre de paix où cohabitaient en parfaite harmonie plusieurs communautés. Ce qualificatif relève du passé. Bien que régulièrement visitée par des individus armés, le pic a été atteint en début avril. En représailles à l’assassinat d’un guide religieux, les Kouroumba s’en étaient vertement pris aux peulhs. Le bilan de ces affrontements ont fait 62 morts, selon les chiffres officiels. Depuis lors, les habitants de Arbinda vivent la peur au ventre. Il ne se passe deux jours que des exactions ne soient commises dans des localités appartenant à cette commune.
Pour preuve, plus de la moitié des villages que compte cette commune a été définitivement désertée. Près d’une trentaine de villages au total. « Les villages qui sont présentement habités ne dépassent pas 10. Les populations des autres villages ont fui les exactions », nous renseigne notre source. Meurtrie, la commune de Arbinda est en passe de devenir l’ombre d’elle-même. Dans la zone, les groupes armés dictent leur loi et les forces militaires semblent absentes.
Qui contrôlent les petites localités de Arbinda ?
A l’absence des FDS dans ces localités, ce sont les groupes d’auto-défense Koglweogo qui tentent d’assurer la sécurité des populations et de leurs biens. A ce titre, « les Koglweogo et les FDS sont les premiers ennemis » des terroristes. « Les forces armées burkinabè sont visibles à Arbinda. Mais dans certains villages de la commune, ce sont les terroristes qui contrôlent. Dans ces endroits-là, même les pièces d’identité sont contrôlées par des groupes armés. Cela a grandement contribué à la désertion desdits villages par leurs habitants. Ils ont dû abandonner vivres et bétail pour se sauver », renchérit notre source, présente sur les lieux ayant requis l’anonymat. Elle poursuit : « Quelques villages tentaient de résister, mais ils ont fini par se rendre à l’évidence : fuir. Par exemple, poursuit-elle, lorsque les groupes armés sont arrivés à Djika, les populations ont fui et un malade a été abattu. Le lendemain, tous les habitants ont ramassé le nécessaire pour rejoindre Arbinda ».
Arbinda est en fait le moindre mal pour les déplacés. Car, là également, la vie est difficile et même très rude. En plus de la psychose d’une attaque imprévisible, se sont mêlés la faim et le manque d’eau. Pour celles et ceux qui se sont retrouvés dans les centres pour déplacés, c’est un véritable calvaire qu’ils vivent. Sous alimentés, ces gens, surtout les femmes et les enfants se battent à des journées entières pour rentrer en possession du liquide précieux : l’eau ! Tellement rare, le bidon d’eau est parfois vendu entre 100f à 300f cfa. « Nous interpellons les autorités pour qu’elles nous viennent en aide. Il ne faut pas qu’elles nous abandonnent dans cette souffrance. Même pour avoir l’eau nous manquons de moyen », s’indigne une dame assise sur son bidon attentant son tour, dans une borne fontaine.(vidéo). Elle fait partie des centaines de femmes et d’hommes qui ont fui les exactions des groupes armés pour se refugier à Arbinda.
Au-delà des menaces terroristes, des conflits ethniques s’intallent
Vivent également l’enfer, les malades et les blessés par balles. C’est le cas d’une fillette d’à peine 10 ans souffrant probablement d’une tumeur de la bouche et qui, par manque de soins supporte péniblement et dans une douleur atroce son mal, sans espoir de guérison. « Nous implorons les bonnes volontés qu’elles nous viennent en aide avant que l’irréparable ne lui arrive », s’émeut la pauvre mère de la fillette. Un jeune garçon est également dans une situation critique. Il transporte péniblement une balle à son épaule, victime d’un tir des terroristes.
Pour bénéficier de soins adéquats, il lui faut impérativement arriver à Ouaga. Mais comment ? « Ici, nous vivons l’enfer ; mais on n’en parle pas. Personne n’élève la voix pour plaider notre cause… », déplore une autre source. L’unique centre de santé, le CMA a fermé ses portes le 22 avril dernier. Au-delà des menaces terroristes, d’autres menaces beaucoup plus catastrophiques pèsent sur cette zone : Les conflits ethniques. Nous nous gardons de publier certains témoignages au risque de jeter de l’huile sur le feu.
La Rédaction
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