Dans le cadre de la coopération Sud-sud, le Burkina Faso et le Mali font office de meilleurs élèves en Afrique de l’Ouest. Aidés par la géographie, -les deux pays partagent près de 1400 kilomètres de frontière-, les dirigeants des deux pays entendent insuffler une nouvelle dynamique à leurs relations. Situation sécuritaire oblige, cette vaste suture frontalière est utilisée depuis plusieurs années par les ennemis des deux nations : les groupes terroristes. Et depuis l’arrivée au pouvoir du jeune capitaine de 34 ans, Ibrahim Traoré, le pays de Thomas Sankara et celui de Modibo Kéita voient dans la même direction.
En début novembre 2023, le président de la Transition burkinabè réserve son tout premier voyage à l’étranger à son voisin malien. Signe d’un réchauffement des relations entre les deux voisins mais surtout, signes annonciateurs d’une volonté des autorités burkinabè de diversifier leurs partenaires dans la lutte contre la nébuleuse terroriste. Quitte à fâcher le partenaire traditionnel : la France. Au cours de son séjour, les présidents Traoré et Goîta avaient souligné la necessité du « renforcement de la coopération bilatérale et la mutualisation des moyens de combat » contre le terrorisme. Trois mois après cette visite, l’on apprend qu’elle a porté des fruits. Des sources proches des militaires au pouvoir évoquent l’intervention en faveur du Burkina par le Mali dans l’acquisition de « moyens militaires importants ». Ibrahim Traoré avait quelques semaines après sa visite au Mali, reçu une délégation de son homologue malien. Laquelle délégation était conduite par le puissant Sadio Camara, ministre malien de la défense.
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Comme si cela ne suffisait pas, le chef du gouvernement burkinabè, Joachim Kyelem de Tambèla vient d’effectuer un sejour de 48 heures au Mali. Il y a été successivement reçu par le premier ministre malien Kokala Maiga et le président Assimi Goita. Cette fois-ci, les deux gouvernements ont porté les ambitions hautes. La création d’une fédération entre les deux pays. Une ambition dejà nourrie par les pères fondateurs au début des indépendances restées sans suite.
Fédération ou pas, le renforcement de la coopération entre les deux pays en proie à des attaques terroristes crée des inquiétudes. La France voit rouge ce rapprochement et ne cache pas son inquiétude. Chassée au Mali, Paris craint que le Burkina n’emboite le pas à son voisin. Déjà, le Burkina a réclamé et obtenu le depart de l’ambassadeur français Luc Hallade. L’opération Sabre est également déclarée persona non grata et devrait quitter le pays d’ici la fin du mois de février.
La plus grosse inquiétude de Paris c’est de voir les militaires russes débarquer au Burkina Faso, comme ce fut le cas au Mali.
Peu importe, l’on peut d’ores et déjà affirmer sans risque de se tromper que l’influence de Paris bat de l’aile dans ces deux pays dirigés par des régimes militaires.
La Rédaction
Minute.bf