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mardi 16 avril 2024

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Bissa Gold: Des orpailleurs témoignent

Quelques jours après le drame de Bissa Gold qui a fait huit morts selon le communiqué du procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Kongoussi, des témoins se sont confiés à www.minute.bf. Ils balaient du revers de la main cette information officielle faisant état de morts par « manque d’air » et affirme que les morts ont été dus aux effets des gaz lacrymogènes « lancés par les policiers».

La soirée du 1er septembre 2021 n’a pas été paisible à Bissa Gold SA, un site d’exploitation minière. Des orpailleurs « clandestins » ont trouvé la mort et d’autres gravement blessés dans une galerie abandonnée par la mine. Cette situation a occasionné des dégâts matériels dans la mine, suite à « la révolte des orpailleurs ». Les premières informations faisant état de morts par « manque d’air » ainsi que le communiqué officiel de la police nationale ont encore révolté certaines personnes qui affirment être témoins de la scène.

Visiblement remonté par le cours des évènements, Rimzissa Frédéric Ouedraogo se réclamant témoin oculaire se confie à www.minute.bf. La quarantaine bien sonnée, l’homme engouffré dans une blouse noire, témoigne : « Le matin nous avons rejoint mes petits frères qui sont déjà dans la galerie de la mine, domaine de Bissa Gold. Il y a plusieurs accès à cette galerie. Nous avons opté de passer par celui d’en haut. Arrivée sur les lieux, j’ai trouvé un cargo, et sept policiers étaient arrêtés au bord du trou qui se trouve à l’intérieur de la fosse abandonnée par la mine. Nous nous sommes cachés pour les observer. Ils ont jeté une première grenade lacrymogène dans le trou. Après la troisième grenade, un orpailleur est sorti de la fosse et s’est immédiatement écroulé devant eux. Heureusement, quelques instants après, il a repris ses esprits et s’est réveillé. Nous avons entendu la police crier : vous n’allez pas sortir (du trou)? Ils ont ensuite lancé une quatrième grenade lacrymogène. Nous n’étions cachés qu’à une centaine de mètres et les observaient. Quand ils ont lancé la cinquième grenade lacrymogène, il y avait une personne qui rampait vers notre cachette. C’est à cet instant que nous avons été découverts par les policiers. J’ai donc suggéré à mes amis qu’on bouge de notre lieu. C’est ainsi que nous sommes partis. Ce n’est qu’en cours de route que nous avons appris qu’il y a eu des morts sur le site minier ».

Il a reçu une grenade lacrymogène sur son flanc gauche

L’évacuation des cadavres de la galerie

Issa Sankara, même s’il n’a pas été témoin oculaire de la scène, a été sollicité pour « son courage et sa bravoure ». Il nous raconte ce qu’il a pu apporter comme soutien : « Nous sommes de Sabcé. Le jour du drame, des gens ont accouru pour nous appeler au secours en affirmant qu’il y a un éboulement dans la fosse abandonnée de la mine. Lorsque nous sommes arrivés sur les lieux, nous avons pu constater qu’il n’y avait pas d’éboulement. Quand nous sommes descendus dans le trou, nous avons trouvé que le gaz était rependu partout. Nous avons même ramassé sept flacons de gaz. Les cadavres, c’est moi qui les ramassais. C’est encore moi qui les ai installés dans le véhicule. Ensuite, nous les avons convoyés à la guérite. Oui, les policiers ont l’habitude de nous gazer, nous perdons souvent connaissance certes, mais il n’y a jamais eu de mort. Ce n’est pas la première fois qu’on nous lance des grenades lacrymogènes. Mais pour ce drame, aucune des victimes ne présentait des signes de mort par éboulement. J’ai même des images des cadavres dans mon téléphone…».

Le communiqué qui a révolté des témoins

Pour les interlocuteurs de www.minute.bf, le communiqué officiel de la police nationale ne cadre pas avec la réalité qu’ils ont vécue. « C’est la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) qui a lancé les gaz. C’est elle qui a utilisé du gaz pour tuer les gens. Ce n’est pas un éboulement, ce n’est pas la chaleur du trou non plus. Nous sommes des orpailleurs et nous connaissons les choses. Si tu descends dans un trou où il y a de la chaleur, tu ne peux même pas durer à l’intérieur. Tu vas vite ressortir. Mais ce qui s’est passé ici est loin d’être un effet de chaleur. Ce sont 7 grenades lacrymogènes qui ont été utilisées. Nous avons les flacons», a expliqué Issa Sankara.

Une bonbonne vide de gaz lacrymogène

Après avoir extrait les corps des trous, les orpailleurs disent avoir estimé normal d’aller les remettre à l’équipe de la police sur place. « C’est là qu’ils recevront chacun leur dose à leur tour », a expliqué notre témoin. « C’est la police nationale qui est venue demander notre aide pour extraire les corps. Ce que nous avons fait. Si tu es l’auteur d’un crime, on te montre le résultat de tes actes. Voilà pourquoi on a convoyé les cadavres jusqu’à la guérite. Quand nous sommes arrivés, ils ont dit que nous n’entrerons pas avec les corps là-bas. Nous avons dit qu’il faut qu’ils constatent les dégâts. Lorsqu’on a voulu rentrer, ils ont tiré une grenade lacrymogène sur ma main», a signifié Issa Sankara.

C’est après ces faits que, selon les confessions de notre interlocuteur, les orpailleurs ont commencé à saccager et brûler le matériel roulant qui était sur place. Une autre personne qui a requis l’anonymat dit avoir reçu également une grenade lacrymogène au flanc gauche. Il ajoute que c’est même un élément de la CRS qui l’a aidé à maîtriser sa blessure.

Pour rappel, sur cette situation, le procureur du Faso, près le tribunal de grande instance de Kongoussi, dans un communiqué, a indiqué qu’une enquête est en cours et qu’une « procédure contre X sera incessamment instruite pour homicide involontaire« .

Jacques Sawadogo (Correspondant)

Minute.bf

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