Située à 45 kilomètres, au Nord de Kongoussi, dans la province du Bam, région du Centre-Nord, la commune de Bourzanga connaît des attaques à répétition surtout dans ses parties Nord et Est. Ces attaques ont même écourté l’année scolaire 2018-2019 car elles ont occasionné le « sauve qui peut » en début avril 2019 au lycée départemental de la ville. Encore, cette année scolaire 2019-2020 a connu un démarrage tardif car c’est le 25 Novembre que le lycée a rouvert ses portes. Une équipe de Minute.bf a effectué le déplacement dans cette commune devenue tristement célèbre depuis l’avènement du terrorisme au Burkina.
Les attaques à répétition dans la commune de Bourzanga ont porté un grand coup à l’éducation. Certains établissements sont fermés, d’autres évoluent timidement vers la réalisation du programme scolaire annuel. Ces derniers, frappés par l’insécurité, ont débuté tardivement les cours. Une situation qui a fini par décourager certains élèves qui ont abandonné les classes.

Le lycée départemental fut ainsi vidé de ses élèves, à en croire un membre de l’administration dudit établissement. « On a perdu plus de la moitié de nos élèves. De par le passé, le lycée avait plus de 800 élèves. Mais cette année nous avons à peu près 300 élèves », a-t-il déploré. En « salle des profs » pendant la pause, l’équipe de minute.bf a rencontré un professeur de français-anglais qui ne s’est pas fait prier pour décortiquer les réalités que vivent enseignants et élèves au quotidien dans cette zone qui a été peinte en rouge-sang.
« On ne peut plus retrouver cette sérénité d’antan, ce n’est pas possible. Mais on tente tant bien que mal de rassurer les élèves pour que les choses reprennent comme avant », avance-t-il avec optimisme.Un tour dans les salles de classe a permis à notre équipe de constater la réalité en face. Nous avons ainsi pu réaliser que la situation était triste car ce sont des classes quasiment vides qui nous accueillis.
Sept élèves seulement en classe de terminale Série « A’
Le second cycle de l’établissement ne comptabilise officiellement que vingt élèves.Visiblement remontés, les sept élèves de la terminale ‘A’ s’insurgent contre le comportement de certains de leurs enseignants qui, à les entendre, n’ont toujours pas repris service, alors que, semble-t-il, le calme a commencé par revenir dans cette localité où la gendarmerie a essuyé plusieurs attaques terroristes, souvent même à la roquette.
« Il y a certains professeurs qui sont là et font les cours sans problème. Pourtant il y a d’autres qui refusent de venir et on ne comprend pas pourquoi. Peut-être qu’ils veulent gâcher notre avenir. Sinon, beaucoup de fonctionnaires sont là », a fustigé une élève, visiblement déçue, alors que l’on est à quelques mois des examens de fin d’année. Selon Patenema Paul Sawadogo, premier adjoint au maire de Bourzanga, sur cinq lycées et collèges d’enseignement général dont deux établissements publics et trois privés que compte la commune, seulement un d’eux fonctionne en cette année scolaire.
À la question de savoir pourquoi les cours se déroulent au lycée départemental sans certains professeurs, le premier adjoint au maire a fait noter que plusieurs rencontres entre les autorités locales et le personnel éducatif pour la reprise normale des activités pédagogiques ont pourtant été faites. Mais certains enseignants demeurent réticents. Selon cet élu local, la délicatesse du sujet fait qu’il est difficile de contraindre les réticents à reprendre service alors que l’on n’a pas la garantie de leur sécurité. Toutefois, souhaite-t-il le don de soi de la part des agents pour sauver l’avenir des enfants. Ce qui est également une sorte de résilience, selon lui.
960 élèves dont 496 élèves déplacés dans une école à Bourzanga

Ainsi, contrairement à la situation que nous avons pu constater au lycée départemental, dans les quelques écoles primaires ouvertes de la commune, c’est une pléthore d’élèves qui envahissent les salles de classes. À l’école Centre ‘A’ de Bourzanga, c’est une armada d’élèves que nous avons trouvés dans l’enceinte de l’établissement. À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Au-delà des six classes réglementaires que doit contenir une école primaire, trois autres salles de classe ont été ouvertes pour recevoir les élèves.
Assis en moyenne cinq élèves par table et d’autres à même le sol, les élèves étaient attentifs ce jour à la leçon que leur expliquait l’enseignant. L’école primaire publique Centre ‘A’ de Bourzanga est composée de deux classes de CP1 avec 223 élèves, une classe de CP2 avec 126 élèves, une classe CE1 avec 143 élèves, une classe de CE2 avec 153 élèves, une classe de CM1 avec 123 élèves et trois classes du CM2 avec 171 élèves, toutes significativement débordées. « Nous avons arrêté le recrutement le 22 janvier 2020 avec un effectif total de 960 élèves dont 496 élèves déplacés. Ces chiffres ne sont pas exhaustifs car il y a à tout moment des élèves qui infiltrent », nous a laissé entendre un membre de l’administration.
Titulaire d’une classe de CP1, un enseignant se demande si les autorités administratives et politiques mesurent l’ampleur de la situation des élèves déplacés. « Au passage nous saluons les efforts de la mairie de Bourzanga et nos FDS mais, du reste, rien est fait pour soulager un tant soit peu les élèves déplacés dépourvus de vêtements et de nourriture », a-t-il regretté, lançant ainsi un cri de cœur aux autorités et/ou les ONG à leur venir en aide pour relever les défis auxquels ils font face.
Consciente de la situation des effectifs des neuf écoles primaires ouvertes sur les trente-neuf écoles primaires classiques que compte la commune, la municipalité de Bourzanga s’évertue, aussi que faire se peut, pour pouvoir venir en aide au personnel éducatif, rassure le maire adjoint. Ainsi, même s’il faut noter l’acquisition des tables-bancs et des tentes pour soutenir la communauté éducative, d’énormes efforts restent à faire dans la commune, surtout pour la construction de l’avenir de ce pays qui passe par une relève bien formée.
Jacques SAWADOGO (Correspondant à Kongoussi)
Minute.bf
J’ai beaucoup apprécié d’avoir parcouru cet article.
J’aimerais d’abord féliciter le corps enseignant mais surtout le directeur de l’école qui a su, à mon avis, manager son équipe, à l’esprit du sacrifice . L’ensemble de cette équipe avec la modeste contribution des autorités communales font de grandes et nécessaires choses démunie de ressources peut-être de tous genres alors que ceux ou celles censées planifier et rétribuer ces ressources indispensables préfèrent faire autres choses : des discours politiques tordus depuis la pensée.
Je suis sûr d’une chose, qu’à moins de réventer le processus de développement des nations modernes aucune ne se développera en ignorant l’éducation. Le Professeur Joseph Ki Zerbo l’avait déjà compris et avait interpellé les dirigeants burkinabè voir africain à travers son livre: que je voudrais humblement conseiller à qui veut et pense encore sauver ce qui peut l’être. Courage à vous, éducateurs !
Le livre du professeur Joseph Ki Zerbo que je recommande est :
Et si on lisait du professeur Joseph Ki Zerbo.