mercredi 11 décembre 2024
spot_img

Burkina : 6 mois de prison requis contre l’activiste Ousmane Zoungrana

Le web-activiste beaucoup suivi sur le réseau social Facebook, Ousmane Zoungrana (34 ans) arrêté en janvier dernier, a comparu conjointement devant le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Ouagadougou, le mardi 16 février 2021, avec l’instituteur Félix Zoungrana qui a pour nom de compte Facebook « Bagala Eric ». Tous deux sont accusés d’avoir publié des messages diffamatoires et d’avoir porté atteinte à l’honneur et à la considération de Lucas Dabiré, Directeur provincial de l’éducation préscolaire, primaire et non formelle du Kadiogo et de Marièta Kaboré, Inspectrice de Saaba.

L’activiste Ousmane Zoungrana, titulaire d’une maitrise en Droit public, avait fait une publication, courant 2020, sur sa page Facebook qui porte en photo de profil l’image de l’acteur américain Kevin Hart. Dans son post, il affirmait: «  M. Dabiré a pris en otage l’inspection de Saaba pour sa maîtresse, Mme Kaboré ».

Ces propos ont été jugés diffamatoires par M. Dabiré qui porta alors plainte en octobre 2020 contre Ousmane Zoungrana. Ce dernier fut donc arrêté en mi-janvier et déposé à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO). Il a comparu au TGI de Ouaga pour son jugement le 09 février dernier, mais son dossier n’avait pas été retenu car il devait être jugé conjointement avec un autre accusé qui était à la source du message « diffamatoire ».

Cet accusé est en réalité l’instituteur Félix Zoungrana qui compte à ce jour 26 ans de service. Ce dernier a confessé avoir constitué le message et l’a envoyé à l’activiste afin qu’il le publie car il a plus d’aura que lui sur Facebook. Il ajoute n’avoir pas pris le soin de bien vérifier ses informations mais savait au fond que ce n’était pas assez correct ce qu’il a relayé à l’activiste. En plus, M. Félix indique en clair qu’il semblait que son ami avait été lésé concernant le poste d’Inspecteur de Saaba qui a été attribué à Mme Kaboré. Et c’est ce qui l’amenait à insister sur sa position concernant la véracité du message.

L’activiste Ousmane Zoungrana, pour sa part, dit avoir reçu l’information de l’instituteur Félix et a pris le soin de lui demander l’authenticité de son contenu. Après échanges, M. Félix l’a rassuré que le message est correct. Et lui, il n’a pas cherché à en savoir davantage avant de le poster sur sa page qui est suivie par près de 10 mille personnes. Quoique le post soit supprimé de la page plutard après publication, le message avait déjà fait le tour de la toile.

M. Dabiré, quand à lui, lors de son audition, a tenu à remonter à la source du problème en relatant les circonstances dans lesquelles Marièta Kaboré s’est retrouvée au poste d’inspectrice de Saaba. À la fin de l’audience, Minute.bf a approché M. Dabiré pour en savoir davantage. Il nous explique alors qu’ « il s’agit d’un réaménagement des CEB dans la commune de Ouaga qui a vu la réduction des CEB de 19 à 10. Cette situation a entraîné la fusion de certaines CEB comme les CEB de Ouaga 1, 2, 3 et 4 dans les arrondissement 1 et 2 pour former une seule nouvelle CEB de Ouaga 1. Du coup il a fallu trouver des portes de sorties pour les CCEB qui y étaient en fonction. C’est alors que Marièta Kaboré anciennement CCEB de Ouaga 4 et dont sa CEB devait disparaître par le truchement des fusions, a sollicité la CEB de Saaba afin de se rapprocher de son domicile. L’ancien CCEB de Saaba, Yamyaogo Boukary lui, avait sollicité volontairement son affectation à la Direction de l’Enseignement Privé. C’est ainsi donc que Marièta Kaboré a aterri dans la CEB de Saaba, pour raison de rapprochement de domicile. Cet arrangement semblait faire l’affaire de tout le monde. Il n’y a donc pas eu de favoritisme particulière faite à Marièta Kaboré qui venait de quitter une CEB en extinction et où elle avait fait 5 ans ».

En outre, il ressort que la publication de l’activiste comportait une photo qui montrait Mme Kaboré et M. Dabiré l’un à côté de l’autre, accompagnée de l’écriteau: « Moi et ma maîtresse ». Mais le visage de la dame était caché par une émoticône et celui de M. Dabiré était à découvert.

Lorsque les deux accusés ont été auditionnés par la Cour, Félix Zoungrana de son côté a reconnu les faits à lui reprochés et reconnait également avoir « menti sur M. Dabiré ». L’activiste Ousmane Zoungrana a aussi reconnu être tombé dans l’erreur, du fait de n’avoir pas cherché à vérifier au fond les faits avant de faire sa publication.

Les deux accusés ayant été reconnus coupables, le Procureur a requis une peine d’emprisonnement de 6 mois contre Ousmane Zoungrana, mais le verdict final sera prononcé par les juges le 2 Mars 2021. D’ores et déjà, les deux victimes ont demandé à ce que les accusés fassent une autre publication par le même canal Facebook pour démentir les faits qu’ils ont relayés.

H.K.
Minute.bf

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Publicité

spot_img

Articles connexes

Burkina : La région du Centre célèbre le 64e anniversaire de l’indépendance sous le signe de la résilience

Le gouverneur de la région du Centre Abdoulaye Bassinga a présidé, ce mercredi 11 décembre 2024 à la...

Terra madre day : Une journée pour célébrer la Terre mère

Les membres du réseau slow food Burkina Faso ont annoncé le 10 décembre 2024, en conférence de presse,...

Musique : « Tomorrow », un rêve pour un Burkina de paix chanté par Alif Naaba

Alif Naaba, artiste engagé de la scène musicale burkinabè, a présenté son nouveau single « Tomorrow » (demain...

Burkina : Le nouveau ministre de la communication, Pingdwendé Gilbert Ouédraogo prend officiellement fonction

'Le Secrétaire général du gouvernement, Ousmane Ouattara a installé à son poste le nouveau ministre de la Communication,...