Le Mouvement conscience nouvelle (MCN) a organisé une conférence publique à l’Université Norbert Zongo, dans la Cité du Cavalier rouge, le 8 février dernier autour du thème : « La conscientisation, un défi incontournable dans le développement du Burkina Faso ». Cette conférence publique qui fait suite à celle tenue à l’université Joseph Ki-Zerbo, le 25 janvier 2020, avait pour objectif de révolutionner les mentalités des Africains en général et des Burkinabè en particulier, pour actionner le levier du développement sur toutes ses formes au pays de Thomas Sankara, père de la révolution d’août 1983.
Après la présentation du mouvement, Dr. Hyacinthe Ouédraogo, président du MCN, a laissé la parole au conférencier du jour, Marc Joseph Bazié, professeur d’Histoire-géographie au lycée municipal de Léo, membre du MCN qui a fait remarquer que depuis l’assassinat de Thomas Sankara, le Burkina Faso est à la croisée des chemins. « Les crises se succèdent, le désordre se généralise et tous prédisent le chaos. Le pays qui, jadis, était une terre de paix, de joie où on sentait la fierté, devient une terre de concentration de plusieurs maux atroces », a regretté le conférencier qui pense, à cet effet, que « la jeunesse dans cet ordre est déboussolée, perd espoir, ne croit plus à un lendemain meilleur pour le pays ».
« Le constat que l’on fait de la conscience au Burkina est amer. La morale agonise actuellement dans notre pays, disait Arsène Bongnessan Yé. Depuis la fin de la révolution, la société burkinabè est en perte de ses valeurs morales », a soutenu le conférencier, reconnaissant qu’ « après l’assassinat de Thomas Sankara, le Burkinabè a perdu son intégrité ».
Les maux qui gangrènent cette société, égrène M. Bazié, sont entre autre la corruption, les détournements, la gabegie, la perversité (les médias diffusent la nudité de la femme, les feuilletons hindouistes, brésiliennes et autres avec aucune leçon de moralité.), le laxisme dans les services, l’incivisme à tous les ordres : au niveau du peuple (brulé tout, non-respect des feux tricolores, non-respect des symboles de la nation exemple le drapeau, non-respect des lois, etc.). Au niveau de l’État, l’on constate des « discours déplacés, des actes indignes, les premiers à violer les lois, comportement de voyoucratie. Il y a aussi les pots de vin dans les marchés publics avec des infrastructures biodégradables actuellement ». La mauvaise gouvernance politique, poursuit-il, impacte négativement sur les autres secteurs économiques, administratifs, sociaux, judicaires, etc.
Appel à un sursaut patriotique de la jeunesse pour relever les défis
« Des dirigeants inconscients, non soucieux des souffrances de leur peuple, la mise en place des institutions inutiles acquises à leur cause. La facilité, la recherche effrénée du gain, cette facilité amène les gens à user de tous les moyens pour parvenir à leur objectif. D’autres sont capables de tuer leurs femmes, leurs enfants ou pire, leurs parents géniteurs. Il y a de quoi se demander, où allons-nous ? », renchérit le conférencier.
Ainsi, pour relever le défi du réarment mental pour aspirer au développement, les membres du MCN entendent passer par la conscientisation, « un défi incontournable pour le développement du Burkina Faso », selon M. Bazié, qui explique qu’un peuple inconscient « est un contre-développement ». Pour les membres du MCN, le Burkina Faso souffre aujourd’hui du manque de patriotisme, de nationalisme à quelque niveau que ce soit. « De nos jours beaucoup se réclament sankariste en parole mais ont des actes et des comportements contraires à l’idéal sankariste », a-t-il dit.
Ainsi, au stade actuel, le mal du Burkina étant « très profond », l’engagement de tous est maintenant indispensable. La jeunesse burkinabè est appelée à relever, trois principaux actes. Le premier renvoie à la conscientisation. « C’est nous même les Africains, les vrais coupables du sous-développement actuel de notre continent », concède le conférencier. Pour ce faire, cette conscientisation va consister à formater le disque mental du Burkinabè, c’est-à-dire, « changer les pensées négatives par celles positives ».
Le deuxième acte, c’est l’engagement. La prise de conscience doit inciter à l’engagement, selon le professeur d’Histoire-géographie, notant qu’« une prise de conscience sans engagement est stérile ». Il appelle donc les étudiants à être des acteurs de changement, de prise de conscience et d’engagement. « Soyez des modèles pour les autres, surtout des bons », a-t-il lancé. Mais, il rappelle que l’engagement nécessite une formation continue. « Vous devez vous former ; cherchez à être au sommet !», a-t-il conseillé aux étudiants.
Le troisième acte, c’est l’impact. L’engagement doit conduire à l’impact, a indiqué Marc Joseph Bazié. « Si vous avez pris conscience, vous devez impacter positivement votre entourage. Chacun de nous à un rôle à jouer. Chaque génération doit écrire sa page d’histoire », conclut-il.
Armand Kinda
Minute.bf