Le Réseau des Organisations paysannes pour une Synergie d’Action au Burkina (ROPSA-B) a organisé, ce mardi 8 septembre 2020 à Ouagadougou, une conférence de presse. L’objectif de ladite conférence était d’interpeller le gouvernement sur la nécessité et l’urgence de mesures de renforcement de la résilience des populations rurales vulnérables, victimes des mesures préventives de la COVID-19.
Les mesures prises pour limiter la propagation de la COVID-19 ont engendré une perturbation du marché des produits agricoles, a laissé entendre Jules Zongo, président du ROPSA-B, dès l’entame de son discours. « L’inaccessibilité des produits alimentaires, la fluctuation des prix des produits agricoles, les pertes des revenus pour les producteurs », sont les conséquences qui en découlent, regrette Jules Zongo qui ajoute que « l’approvisionnement des petits exploitants en intrants agricoles est sérieusement handicapé ».
Aussi, affirme-t-il, que les mesures prises ont eu pour conséquences, des pertes énormes de productions agricoles et de revenus pour cause de méventes d’une part, et d’autre part, une spéculation forte sur certaines denrées. Ainsi, a-t-il ajouté: « certains produits agricoles (denrées alimentaires, comme le riz, le mil, le niébé), que les producteurs ont été contraints d’écouler à vil prix, dû à la situation difficile, seront revendus par les spéculateurs à des prix exorbitants sur le marché, les rendant inaccessibles aux populations ».
Les limites des mesures barrières contre le Covid-19 dans le domaine agricole
Cependant, la mise en œuvre concrète sur le terrain des intrants agricoles subventionnés par l’Etat à environ trente milliards de CFA au profit des agriculteurs n’est pas de nature à permettre aux producteurs de faire face de manière adéquate aux conséquences néfastes des mesures barrières de la COVID-19, déplore Jules Zongo qui note, par ailleurs, que l’utilisation des messages électroniques pour informer les paysans bénéficiaires de ces intrants, alors même que ceux-ci sont en majorité analphabètes, la défaillance des réseaux de communication en milieu rural, la faible implication des agents d’encadrement agricoles, des leaders paysannes, sont autant d’insuffisances de ces mesures.
Tout compte fait, face aux insuffisances des mesures gouvernementales et aux conséquences néfastes du COVID-19, le ROPSA-B interpelle le gouvernement sur la gravité des conséquences de la crise sur les populations rurales vulnérables et l’exhorte à agir urgemment en prenant des mesures, dans l’immédiat, pour le moyen et le long terme. Le réseau souhaite qu’une enquête soit réalisée sur la distribution des intrants agricoles de cette année. Aussi, les conférenciers ont-ils demandé l’opérationnalisation du fonds des lissages destinés aux producteurs d’anacarde, la responsabilisation de la Chambre Nationale d’Agriculture (CNA), les Chambres Régionales d’Agriculture (CRA) et les Organisations Professionnelles Agricoles dans l’opération de « distribution des intrants » depuis l’identification des bénéficiaires jusqu’à la disponibilisation de ces intrants auprès des producteurs conformément aux missions de la CNA, des CRA et à l’esprit de l’Acte Uniforme OHADA sur les sociétés coopératives.
Le ROPSA-B demande également au gouvernement d’appuyer la CNA et la CRA en ressources humaines et financières nécessaires pour rendre effectif le décret relatif à l’enregistrement des exploitations agricoles et de rendre opérationnelle la Centrale d’Achat des Intrants et Matériel Agricole, en vue de permettre à un nombre important de producteurs de pouvoir acquérir des intrants subventionnés; de construire des magasins centralisateurs équipés (capacité minimale de 500 tonnes) pour le stockage des produits agricoles ; de mettre en place un système de warrantage adapté à chaque spéculation.
Boureima Ouédraogo (Stagiaire)
Minute.bf