Un élève qui organise une compétition d’excellence en mathématiques pour des élèves, c’est l’inspiration du crack, Cyé Antonio Kambiré, et ses camarades passionnés des chiffres autour de la Communauté mathématiques (CMath). Le samedi 4 février 2023, l’élève en classe de terminale est venu partager, avec www.minute.bf, sa vision à travers l’organisation de ces Olympiades et demander le soutien de partenaires.
En Afrique et particulièrement au Burkina Faso, il est courant d’entendre des gens se vanter d’être seul dans leur domaine. Ce qui paraît comme une fierté pour ces personnes ne l’est pas pour l’élève de 19 ans, lui qui a souvent eu la chance de se mesurer à la crème mondiale des doués en mathématiques, au nom de son pays, voire de son continent. Cyé Antonio Kambiré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est « un passionné » de mathématiques et est même retenu comme un « crack » de la matière. Cette passion et ses compétences lui ont permis de participer à plusieurs compétitions à l’échelle mondiale. Et de toutes ses participations, M. Kambiré a fait un constat. « Cela fait 2 ou 3 ans que j’ai participé à un camp de mathématiques aux États-Unis (…) Nous étions 120 admis et j’étais le seul Africain présent. On a des Asiatiques, des Européens, des Américains (…) Tous les continents étaient bien représentés mais pas l’Afrique », a constaté l’élève qui s’interroge : « pourquoi cet état de fait ? »
C’est donc révolté que, Cyé Antonio Kambiré, de retour au Burkina Faso, initie des clubs de mathématiques dans des établissements pour rassembler les passionnés de la matière et s’organiser pour conquérir le monde. Ce sont ces clubs qui font la CMath, l’association organisatrice des Olympiades en mathématiques, dont il est le président. Et ce, parce qu’il est convaincu qu’ « on ne peut pas se lever du coup et être miss Burkina. Il faut avoir des compétitions et s’entraîner ainsi de suite ».
Ces Olympiades qui consistaient au départ à une compétition de mathématiques entre membres de clubs de la CMath ont suscité de l’engouement au sein des élèves pour réunir 14 villes dès la première édition, en 2020-2021 « avec un peu plus de 1 400 participants ». Avec l’accompagnement du ministère en charge de l’éducation et de sponsors, Kambiré et ses camarades arrivent à primer les meilleurs avec comme prix, « une moto, des bourses scolaires, des téléphones, des ordinateurs-portables… ». Même chose pour la deuxième édition, dira-t-il, soulignant que c’étaient les mêmes partenaires dont leur ministère de tutelle et le même parrain, alors que la compétition a réuni cette fois-ci « 3 000 participants de 28 provinces ».
Des innovations pour la 3e édition
« Cette année, on revient encore. Mais-là on veut vraiment aller à un autre niveau. L’objectif, cette année, c’est d’avoir encore plus de participants. Que les meilleurs de ces olympiades participent à un camp d’entrainement qu’on va créer. On envisage vraiment les outiller sur différentes techniques dont ils auront besoin, s’ils veulent participer aux olympiades internationales », ambitionne le président de la CMath.
Il explique que les 6 meilleurs élèves de ces Olympiades constitueront l’équipe nationale du Burkina Faso pour participer aux olympiades internationales de mathématiques au Japon. Et sur ce point, il s’est satisfait de ce que des sponsors sont prêts à prendre en charge les transports. Mais, concrètement, que gagnent les élèves en participant aux Olympiades ?
Sur cette question, répond le président de la CMath : « l’un des plus grands objectifs de ces olympiades, c’est vraiment de récupérer les meilleurs mathématiciens au Burkina Faso. C’est de les prendre, les outiller dans notre camp de mathématiques, leur donner une formation de qualité. Et, à partir de là, ils vont participer aux olympiades internationales de mathématiques. Et par la suite, on espère que les Universités internationales et entreprises pourront avoir un œil sur eux, parce que c’est ce qui se passe actuellement pour ceux qui participent aux olympiades internationales. Ils pourront ainsi aller accomplir des rêves auxquelles ils n’auraient pas pu penser avant et revenir impacter le Burkina Faso et accomplir leurs autres objectifs ».
En réalité, celui parle ainsi, grâce à sa passion pour les maths, a participé à plusieurs compétitions à l’internationale, glaner différents prix et a tapé dans l’œil de la prestigieuse Stanford University, qui lui a accordé une bourse d’étude. « Moi je veux aller à Stanford University pour apprendre les mathématiques mais aussi l’informatique et m’outiller en terme de développement global, en économie. Voici mes 3 objectifs. Je veux après cela travailler avec des entreprises américaines voir comment ils fonctionnent. Des entreprises américaines ont réussi énormément. Tout cela ce sont des expériences que je souhaite avoir pour revenir ici au Burkina et impacter la société », confie-t-il. C’est pour offrir cette même chance à ses camarades élèves que Kambiré tient pour la 3e fois les Olympiades en mathématiques.
Pour ce faire, commes aux éditions précédentes, Cyé Antonio Kambiré doit faire face à un certain nombre de difficultés. Alors que ce dernier explique n’avoir pas eu de difficultés à convaincre une banque « internationale américaine pour qu’elle prenne en charge seulement le voyage des élèves (meilleurs aux olympiades nationales, ndlr) qui iront au Japon », il regrette le fait qu’au plan national, il est difficile de convaincre les sponsors et partenaires.
Pour cela, en appelle-t-il aux soutiens financiers, logistiques ou de toute autre nature à même de les aider à tenir la compétition, prendre en charge les participants, de disponibiliser les sujets et primer les meilleurs. « J’aimerais seulement dire que l’excellence est quelque chose qu’il faut toujours encourager, accompagner l’excellence et faire tout pour que les plus intelligents aient des opportunités. On ne veut plus voir des excellentes qui tournent à Ouagadougou sans rien. On ne veut plus d’opportunités gâchées. On ne veut pas des cas de scientifiques qui créent des voitures et autres et qui ne bénéficient pas d’accompagnement pour parfaire leur projet », a plaidé M. Kambiré, lançant un cri de cœur aux bonnes volontés, entreprises et institutions.
En attendant, rappelle-t-il aux élèves que les inscriptions se poursuivent jusqu’au 11 février prochain et les olympiades auront lieu le 18 février.
Franck Michaël KOLA
Minute.bf