dimanche 8 septembre 2024
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Burkina Faso : Vers l’élaboration d’une nouvelle constitution ?

Sacrifiant à la tradition qui veut que le Premier ministre, dans les 30 jours suivant sa nomination, fasse sa Déclaration de Politique générale (DPG), Me Apollinaire Kyélem de Tambela était face aux députés de l’Assemblée législative de Transition (ALT), le samedi 19 novembre 2022. Il a décliné sa vision et la politique qu’il entend mettre en œuvre pour la restauration du territoire national et la refondation de la nation burkinabè. Dans ce sens, celui-là qui a largement reçu l’onction des députés ALT n’a pas exclu l’éventualité de l’élaboration d’une nouvelle Constitution.

« Outre l’éducation à la citoyenneté et la lutte contre la corruption, il nous faut repenser notre système politique », a indiqué le Premier ministre. Et il s’explique : « si nos ancêtres ont connu des siècles de stabilité politique, c’est bien parce que leur système politique était conforme à leur histoire, à leur culture, à leurs aspirations. Les sociétés occidentales, après des hésitations, des remises en cause, des interrogations, sont enfin parvenues à construire des systèmes politiques adaptés à leurs contextes. »

Ainsi, s’interroge celui-là qui se définit comme « Panafricaniste et Sankaréen » : « pourquoi voulons-nous appliquer littéralement chez nous un système politique conçu pour les sociétés occidentales et espérer avoir une stabilité politique ? Notre société a-t-elle la même histoire que les sociétés occidentales ? A-t-elle la même culture et les mêmes aspirations ? »

Partant, il s’en prend à l’élite national en ces termes : « c’est le lieu de relever la paresse et l’arrogance de nos intellectuels qui, non seulement n’ont pas été en mesure de remettre en question un tel état de choses, mais poussent parfois le ridicule jusqu’à se targuer d’être des spécialistes d’un système sans aucun rapport avec la société dans laquelle ils vivent. Que valent la Constitution et le droit constitutionnel français pour au moins quatre-vingt pour cent (80%) des Burkinabè ? Nous devons nous ressaisir. Si nous refusons de concevoir un système politique adapté à nos réalités, dont la stabilité sera garantie par la population qui s’y reconnaîtra, il nous faudra alors nous résoudre à accepter de tourner en rond pour longtemps encore. »

Me Apollinaire Kyélem de Tambela pense à l’élaboration d’une nouvelle Constitution fondée sur les valeurs nationales et répondant au mieux aux aspirations du peuple burkinabè. « Quand les ancêtres des Mōse sont arrivés sur ce territoire il y a de cela plusieurs siècles, ils ont su concevoir un système politique qui leur a permis de vivre en harmonie avec les diverses populations autochtones et limitrophes », a-t-il rappelé avant de s’interroger : « pourquoi ne le pourrions-nous pas maintenant ? » Par la suite, réagira-t-il : « osons inventer l’avenir ! »

Par-là, il a laissé entendre : « mon Gouvernement, si le temps le permet, essayera de mettre en chantier l’élaboration d’une Constitution innovante fondée sur nos réalités historiques, culturelles et sociales ». « On vous dira que c’est difficile, mais tout est difficile pour celui qui refuse d’agir. On vous dira même que c’est impossible dans un pays qui compte une soixantaine d’ethnies », mesure-t-il l’ampleur de cette tâche avant de se montrer optimiste : « nous sommes des combattants de l’impossible ».

Quid du projet de Constitution en attente d’adoption ?

Sur l’énormité du défi, le chef du gouvernement de la Transition n’en n’a pas tort, quand on prend en compte le facteur temps que lui-même a relevé et le gigantesque chantier de la restauration du territoire national, principal défi de son gouvernement. Me Kyélem et ses « combattants de l’impossible » pourront-ils s’éparpiller et réussir les challenges de la Transition ? Le temps répondra certainement à cette question.

Du reste, faut-il rappeler qu’un projet de Constitution a été élaboré sous le premier mandat du président Kaboré et le projet final avait même été publié le 28 décembre 2017. Le référendum qui devrait voir son adoption le 24 mars 2019 a, d’abord, été repoussé à mai 2021 pour ensuite rester sans suites, depuis l’avènement du coup d’Etat du 24 janvier 2022. L’on peut alors se demander ce que deviendra ce projet de Constitution, vu que la nouvelle Transition évoque l’éventualité de l’élaboration d’une autre.

Franck Michaël KOLA

Minute.bf

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