A la faveur d’un panel organisé le 23 septembre 2023, par le Front de défense pour la patrie (FDP), l’enseignant-chercheur à l’université Nazi Boni de Bobo Dioulasso, Dr Hyacinthe Ouédraogo, Coordonnateur du Rassemblement des intelligences pour la Souveraineté de l’Afrique (RISA) a livré une communication sur le thème : « Les Forces et les faiblesses de la révolution de Thomas Sankara et les forces et les faibles du MPSR2 : quelles leçons pour une bonne marche de la transition ? ». L’objectif de cette conférence du FDP était d’analyser les similitudes entre le régime de transition du Capitaine Ibrahim Traoré et le conseil national de la révolution du Capitaine Thomas Sankara en vue d’en tirer des lecons de gouvernance.
Selon le conférencier, plusieurs traits de similitudes rapprochent le pouvoir du Capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir du président Thomas Sankara. Ces similitudes, d’après ses explications, se perçoivent notamment au niveau du soutien populaire dont ont bénéficié les deux régimes, de la confiance placée aux deux leaders et de l’espoir suscité par l’avènement des deux Capitaines. « Sankara est arrivé dans un contexte de pauvreté où il fallait trouver une identité pour le voltaïque, et Ibrahim Traoré, dans un contexte de lutte contre le terrorisme, une impasse sécuritaire qui a plongé le peuple dans le désespoir face à un territoire en lambeaux. Son avènement suscite un espoir et le peuple sent que malgré l’intensité des combats, il y a une lueur d’espoir », a expliqué Dr Hyacinthe Ouédraogo.
L’autre similitude entre les deux régimes, à l’en croire, c’est la rupture dans la gouvernance. Comme le président Thomas Sankara qui a combattu l’impérialisme français, le régime du président Ibrahim Traoré s’est inscrit également dans l’anti-impérialisme, selon l’analyse du conférencier. « Les deux régimes sont combattus par la France parce qu’anti-impérialistes et progressistes. On remarque que la France avait suspendu l’aide au Burkina en 1986 et sous Ibrahim Traoré, actuellement, non seulement c’est l’ambassade qui a des problèmes, c’est des troupes francaises qui sont déguerpies, c’est les accords militaires qui sont dénoncées mais aussi, récemment on a vu la suspension de l’Aide et des mesures comme la suspension des manifestations culturelles, la suspension des visas et bien d’autres. Tout cela se résument par le fait qu’il y a une rupture dans la gouvernance », a noté l’enseignant-chercheur.
Autre point de similitudes en termes de forces, d’après lui, c’est la lutte entreprise par les deux régimes, contre les maux de la société notamment la corruption, la mauvaise gouvernance, le népotisme, ect.
En ce qui concerne les faiblesses des deux régimes, le conférencier a cité entre autres, les infiltrations et les dissensions internes. « Le CNR était divisé à l’interne. On ne dit pas que les membres du MPSR 2 aussi sont divisés mais on sent des velléités d’attaques pour tenter de les diviser. Sous le CNR, il y avait une propagande anti-révolution et aussi il y a une propagande anti-transition qui se développe actuellement sur les réseaux sociaux. Quand on parle de propagande, c’est des gens qui arrive à avoir des bribes d’informations et qui veulent jetter le discrédit aussi bien sur le CNR que sur le régime de transition actuelle. C’est le système des regimes infiltrés par des ennemis du système. Ce qui constitue une faiblesse de taille », a-t-il décrit. Il a ajouté à cela, la faiblesse de l’engagement des membres des équipes autour des deux Capitaines. Toute chose qui, dit-il, conduit à leur esseulement. Il a toutefois relevé une légère différence par rapport à la présente transition.
« Sous la révolution, on a vu que Sankara était esseulé. Mais, quand même, sous la transition actuelle, on voit qu’il y a une jonction entre les pays sahéliens. Ce qui rend le combat plus facile », a signalé M. Ouédraogo.
Pour cet enseignant-chercheur, il appartient au MPSR2 qui s’est inscrit dans la vision du Capitaine Thomas Sankara, d’éviter les pièges qui ont mis fin au Conseil National de la Révolution. Pour ce faire, conseille Dr Ouédraogo, « le MPSR2 devra éviter au maximum les querelles intestines, les divisions internes, le clanisme, les querelles de leadership et les pressions politiciennes ». « Qu’on accepte qu’il y a un leader et que les autres sont à côté pour accompagner. Tant que le MPSR 2 sera divisé, naturellement le bateau va chavirer parce que l’ennemi extérieur, c’est-à-dire l’impérialisme international, le terrorisme et l’élite bourgeoise intérieure qui s’oppose à la transition, les élites intellectuelles, syndicales et autres ne vont pas faire cadeau à la transition », a-t-il ajouté.
Le régime de transition actuelle devra surtout, selon lui, combattre la propagande anti-transition qui se développe sur les réseaux sociaux et qui tend à jetter le discrédit sur ses actions. Et ce combat passe, d’après ses explications par la mise en œuvre d’une communication saine et bien définie en vue de maintenir la confiance populaire. « Au temps de Thomas Sankara, il n’y avait pas les réseaux sociaux mais il y avait une propagande anti-Révolution qui était menée contre le CNR, aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, il y a une propagande anti-transition qui se développe avec les fuites d’informations et les infiltrations (…) Je lisais par exemple ce matin un monsieur, qui disait que la société chargée de l’entretien de la présidence est gérée par le Dircab ou quelque chose comme ça, du président. Je me suis demandé est-ce que dans ce contexte de terrorisme et d’infiltration, on peut donner la gestion de la presidence à une personne en qui on n’a pas confiance ? Si j’étais à la place du président Ibrahim Traoré, il y a des postes stratégiques que je ne donnerais pas à des gens en qui je n’ai pas confiance. Ce n’est pas du népotisme c’est une question de confiance. Donc, je ne pense pas que la question du népotisme soit aussi fondée et aussi grave comme la propagande veut le faire savoir. Le président a nommé son frère conseiller. Le frère a-t-il les compétences ? Si oui, je ne vois pas de problème (…) Mais comme je l’ai dit, tout cela participe à la propagande. Le MPSR2 doit donc contrer cette propagande anti-transition à travers une communication saine et bien définie qui permette de conserver cette connexion avec le peuple et cette confiance populaire », a laissé entendre celui qui attribue une note de 8 sur 10 au Capitaine Ibrahim Traoré pour sa bonne gestion à la tête du pays depuis bientôt une année.
Pour rappel, Dr Hyacinthe Ouédraogo s’exprimait à l’occasion d’un panel organisé par le Front de défense pour la Patrie à l’orée de la commémoration du premier anniversaire de la prise du pouvoir du Capitaine Ibrahim Traoré, prévu le 30 septembre prochain.
Oumarou KONATE
Minute.bf