dimanche 8 septembre 2024
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Burkina: « Je soutiens la Transition » (Hervé Ouattara)

Hervé Ouattara, membre actif de la société civile, était dans les locaux de www.minute.bf le jeudi 23 juin 2022. Le président d’honneur du Citoyen africain pour la Renaissance (CAR), une organisation de la société civile avec laquelle il a lutté contre la modification de l’article 37 sous le régime de Blaise Compaoré et dénoncé la mal gouvernance sous Roch Kaboré, à accordé une interview à votre journal www.minute.bf. Au cours de cet entretient qui a duré environ une demi heure, il a donné sa lecture de la situation nationale (marquée par la recrudescence des actes terroristes avec recemment le massacre de Seytenga), sa vision pour le retour de la paix au Burkina Faso. Il a réaffirmé son soutien à la transition en cours portée par les militaires avec à leur tête le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, président du Faso.

Minute.bf : Vous qui aviez contribué, d’une manière ou d’une autre, à l’avènement des militaires au pouvoir, quelles appréciations faites-vous de la situation nationale actuelle ?

Hervé Ouattara : Avant tout propos, je voudrais, au nom de mon mouvement, traduire toute ma solidarité aux familles éplorées et présenter mes condoléances également à celles qui ont perdu leur fils, leur mari parce que nous sommes tous sous le choc surtout après ce qui s’est passé à Seytenga

Pour revenir à votre question, personnellement, je ne m’attendais pas à ce que les choses se résolvent comme par un coup de bâton magique. Comme je l’ai dit, ici, il est question de terrorisme et qui parle de terrorisme sait pertinemment que les pays qui ont été confrontés à l’hydre terroriste bien avant le nôtre continuent toujours de se battre face à ce phénomène. Je prends l’exemple de l’Afghanistan où les super puissances y sont toujours parce qu’elles ne sont pas venues à bout de l’hydre terroriste. C’est juste pour dire que ce qui arrive à notre pays, personnellement, je sais que nous avons encore du chemin, pourvu que nous comprenions très vite que l’union sacrée des fils et des filles de cette nation est très nécessaire pour avancer ; et qu’en cela, nous allons pouvoir aboutir à quelque chose de consistant, de concret pour l’avenir du pays.

Minut.bf : Il ressort également qu’après la prise du pouvoir par le MPSR, certains de vos camarades de lutte ont reçu des millions pour l’organisation du meeting de soutien aux autorités de la transition. Vous, à votre niveau, combien avez-vous reçu ?

Hervé Ouattara : Fort heureusement que les leaders du MPSR sont vivants et sont toujours au pouvoir ! Je n’ai rien reçu et je ne pense pas que mon mouvement ait reçu quelque chose de qui que ce soit pour quoi que ce soit. La seule chose que je sais est qu’à un moment il y a eu une activité de soutien au MPSR. Nous y avons participé sauf que je ne suis pas celui qui est allé où que ce soit pour prendre l’argent avec qui que ce soit. C’est vrai que le journaliste à un moment donné a fait un écrit mais, comme vous le savez, on dirait mon nom plait dans la bouche des gens et je suis habitué également aux calomnies. Du coup, moi j’avance mais je puis vous assurer que nous ne sommes ni de près, ni de loin mêlés à quoi que ce soit.

« Je n’ai rien reçu et je ne pense pas que mon mouvement ait reçu quelque chose de qui que ce soit pour quoi que ce soit »

Minute.bf : Mais est-ce que vous confirmez que d’autres mouvements qui étaient en lutte avec vous ont reçu ces millions ?

Hervé Ouattara : Je pense que ces mouvements seront plus habilités pour vous répondre. Moi je ne peux pas vous dire qui et qui ont reçu l’argent.

Minute.bf : Revenons à la situation nationale avec les attaques terroristes qui s’intensifient. D’aucuns pointent du doigt l’incapacité des nouvelles autorités. Quelle analyse faites-vous de cela ?

Hervé Ouattara : Je pense que nous sommes face à un phénomène que nous apprenons à connaitre et c’est un phénomène qui date de plus de six ans dans notre pays, qui a pris du temps pour s’enraciner, pour s’ancrer dans notre pays. En pareille situation, on ne peut pas se lever en un jour, en un ou cinq mois pour l’enrayer complètement. C’est utopique de le penser. 

Par contre, je crois qu’il y a quand même de la volonté qu’il faille avoir pour avancer sur ce terme. Il faudrait également que les gens prennent conscience, comme je l’ai dit, de la nécessité d’une union sacrée autour de la problématique pour avancer également. Sans quoi, il est clair que l’échec est inévitable. C’est pourquoi d’ailleurs, je crois qu’il est plus que jamais important que le président Damiba fasse le nécessaire pour amener les fils et les filles de ce pays à s’asseoir sur la même table et parler le même langage. Comme je le dis, on n’est pas obligé de s’aimer mais on est obligé de marcher ensemble pour résoudre ce problème parce que cela y va de l’intérêt de ce pays, de notre survie à tous.

Minute.bf : Aujourd’hui avec la situation qui s’enlise de jour en jour, on entend moins les organisations de la société civile (OSC) dont le CAR comme c’était le cas sous la gouvernance du président Kaboré ou sous le règne de Blaise Compaoré. Qu’est ce qui peut bien expliquer ce silence ?

Hervé Ouattara : Il y a un paradoxe chez nous au Burkina Faso. Quand on parle, on dit qu’on parle beaucoup, qu’on prend de l’argent et on parle. Si on ne parle pas, on dit qu’on dort la bouche pleine, que c’est parce qu’on vous a tellement donné que vous ne parlez pas. Finalement, je ne sais pas ce que les gens veulent qu’on fasse. 

Ici, des gens ont proposé que les militaires écartent les OSC et les partis politiques parce qu’ils estiment que ce sont eux les problèmes dans ce pays. Je crois qu’aujourd’hui nous sommes dans une situation où tout le monde doit être concerné. Si nous sommes en train d’observer, ce ne pas être aphone. Non, pas du tout ! Il se trouve qu’ils ont pris le pouvoir, ils ont demandé cinq mois pour faire un premier bilan. Nous attendons simplement. Pour nous, cette question de terrorisme va même au-delà de cinq mois. Il faut apprécier en fonction de ce que ce président qui est au pouvoir aujourd’hui propose comme porte de sortie pour les Burkinabé. C’est la première des choses. 

La deuxième, c’est la volonté de résoudre le problème et c’est à partir de ces instants que nous pouvons apprécier et nous allons avancer. Mais, si nous constatons que ce que je viens de dire tantôt, ni l’un, ni l’autre n’est observé, vous verrez que nous allons parler parce que je dis, en aucun moment nous n’allons marchander notre avenir avec qui que ce soit. Peu importe la personne, nous ne ferons jamais cela. Donc, il faut vous rassurer sur ce côté-là. S’il y a lieu de parler, nous allons parler mais nous n’allons pas non plus parler pour parler.

Minute.bf : Quelle lecture faites-vous de la gestion actuelle du pouvoir par le président Paul-Henri Sandaogo Damiba ?

La réponse dans cette vidéo

Minute.bf : Selon vous, quels sont les leviers sur lesquels le président Damiba doit s’appuyer pour améliorer la situation sécuritaire ?

Hervé Ouattara : Aujourd’hui, on devrait sentir quelque chose. Cette chose est celle d’un peuple burkinabè derrière son président. Quand il (le président, ndlr) sort, on devrait sentir que toutes les couches confondues sont derrière lui. Ce n’est pas la personne de Damiba qui nous intéresse, c’est la guerre qu’il est en train de mener pour sauver notre pays. On devrait donc sentir que nous parlons le même langage, qu’il avait réussi à faire admettre à tous les Burkinabè que nous devons avancer dans la même direction. 

Cela voudrait dire également que lorsqu’on parle de cette transition et surtout de la lutte contre le terrorisme, tous les Burkinabè, dans les 8 000 villages, devraient être débout. Mais, je parie qu’aujourd’hui, si vous décidez de faire sortir 50 000 personnes pour soutenir la transition, cela m’étonnerait que vous réussissiez. Pourquoi ? Parce que, déjà, il y a eu des aprioris. 

Il y a des gens qui pensent aujourd’hui que la restauration voulue par ses défenseurs est une restauration de facette. Il y a des gens qui se disent qu’ils n’ont pas été pris en compte, qu’ils n’ont pas été considérés. C’est le cas des OSC qui sont assises dans leur coin et qui attendent. Il y a des partis politiques qui sont écartés. Pour parler d’union sacrée, il y a des démarches pour l’atteindre. Je pense que c’est par cela que nous allons pouvoir construire quelque chose. Il faut qu’on sente réellement qu’on a besoin de tout le monde. Il faut que ce soit dans le langage politique, que matériellement, on le sente. Quand cela se passe ainsi, on est tous débout et on avance dans la même direction. J’estime que ce doit être le premier pas.

Minute.bf : Parlant de « restauration », que mettez-vous dans ce vocable ?

Hervé Ouattara : Moi, je ne sais pas. Le MPSR parle de « restauration », moi j’attends parce que personne ne m’a expliqué sa signification. Je sais seulement qu’il y a une chose qui est claire et évidente, c’est que je soutiens la transition.

Minute.bf : Sur la question sécuritaire, d’aucuns pensent qu’il faut aller vers un partenariat avec la Russie, qu’en pensez-vous ?

La réponse dans cette vidéo

Minute.bf : On vous sait aussi contre le néocolonialisme et proche de Kémi Seba qui, à l’issue de son dernier meeting à Ouagadougou, avait annoncé une marche contre le néocolonialisme, mais jusque-là, il n’y a rien comme information sur cette marche. Avez-vous des informations à nous fournir ?

Hervé Ouattara : Ce qui a été prévu a juste été annulé parce que les calendriers ne l’ont pas permis. Il devrait se rendre au Niger, ensuite en Guadeloupe… donc il fallait annuler pour avancer sur d’autres chantiers. Mais cela ne voudrait pas dire que tout est mis à plat. C’est une question de priorité. Du coup, peut-être que dans les moments à venir, on verra comment organiser les choses. 

Minute.bf : Au cours de ce même meeting à Ouagadougou, il y a une journaliste de TV5-monde qui avait été expulsée par Kémi Seba, quelle réaction faites-vous de cet acte ?

Hervé Ouattara : Si vous me permettez, je me garderai de répondre à cette question. Je sais déjà qu’elle a fait des vagues chaudes et je ne veux pas attiser la flamme encore.

Minute.bf : Sur votre vie militante, que devient le CAR (Citoyens africains pour la Renaissance) ?

Hervé Ouattara : Le CAR est là, il se porte bien. C’est vrai qu’il a reçu tellement de coups. Je suis le président d’honneur mais aujourd’hui, le mouvement a un autre président. Il y a une autre dynamique qui est en train d’être mise en place. 

C’est vrai que le CAR, sous mon magistère ne peut pas être le même que celui d’aujourd’hui parce qu’à un moment, les visions tendent à changer pour aller avec les aspirations du moment, pour tenir compte des réalités du présent.

Il y a quelque chose qui est en train d’être fait et je puis vous assurer que très bientôt le CAR va changer de couleur. 

Minute.bf : Il y a également eu, à un moment donné, votre affectation hors de Ouagadougou ; avez-vous une réaction à faire sur cela ?

Hervé Ouattara : Dans ce domaine, lorsque tu y mets un pied, tu t’attends à tous les coups et au pire des cas, la mort. Pour moi, c’est de l’ordre naturel des choses. Quand tu milites, quand tu t’opposes, en Afrique, tu deviens un ennemi, pas un adversaire politique. Quand tu t’opposes, tu deviens un ennemi et on te traite comme tel. J’ai reçu des coups, énormément d’ailleurs. Mais ce qui est essentiel, c’est comment on l’accueil et comment on le transforme en force. Lorsque tu reçois un coup, que tu tombes et que tu refuses de te relever, là, c’est dangereux parce que politiquement, tu n’as rien compris. 

Mais quelqu’un qui sait que la politique c’est d’abord la conviction, la détermination, l’engagement, le sacerdoce, il sait que les coups qu’il reçoit viennent pour l’annoncer qu’il sert à quelque chose, qu’il y a quelque chose en lui qui est important. C’est pourquoi on te tape dessus. Quand tu comprends cela, tu as cette philosophie, tu te réarmes très rapidement, tu te relèves et assumes. Mais tu ne manques pas de prendre leçon là où tu es tombé. C’est capital. Tu intègres cela. Cela fait de l’expérience et tu avances. Moi, ma force c’est cela. Je m’adapte, je suis résilient.

Minute.bf : Il y a aussi eu l’incident où, à la suite d’une conférence avec Kémi Séba, votre domicile a été attaqué. Aujourd’hui, où est-ce qu’on en est avec la plainte que vous aviez déposée à l’époque ?

Hervé Ouattara : Je ne sais pas ! Le dossier a disparu depuis lors. Cette histoire est derrière moi. Je pense qu’il faut avancer.

C’est Luc Arnaud Compaoré, le neveu de Simon Compaoré qui est venu avec ses amis, s’en prendre à mon domicile. C’est connu de tout le monde, il a fait une conférence de presse juste après cela. Mais depuis que la plainte a disparu, je ne suis pas dans une logique de règlement de compte. J’estime qu’aujourd’hui, seuls les faibles d’esprit s’adonnent à ce genre de pratique. 

Quand tu es sûr de toi, tu n’as pas besoin de tout cela. Un homme, quand il avance, c’est avec tous les risques. Tu assumes ce que tu fais parce que les actes que tu poses touchent les gens et tu vas recevoir des coups. Quand tu n’es pas prêt à cela, il ne faut pas t’engager sur ce chemin. Moi j’avance et je suis sûr aussi que mes ennemis ne dorment pas. Je suis au moins sûr d’une chose : tôt où tard on va s’asseoir autour d’une seule table pour le bonheur du Burkina.

« C’est Luc Arnaud Compaoré, le neveu de Simon Compaoré qui est venu avec ses amis, s’en prendre à mon domicile »

Minute.bf : On vous sait proche de Yacouba Issac Zida, est-ce que vous pouvez revenir sur les raisons qui vous ont poussé à quitter l’ex Mouvement patriotique pour le Salut (MPS) dont il était président d’honneur ?

Hervé Ouattara : Je l’ai expliqué dans ma lettre de démission. J’ai dit que c’est pour convenance personnelle, parce que j’avais des projets personnels. J’ai étayé cela en disant que je partais dans la rue, parce que je devais dire non à ce qui se passait. C’est assez clair, il fallait s’unir.

À un moment, j’ai constaté qu’il était plus judicieux pour moi d’être dans la rue parce que le combat en valait la peine, que de chercher une élection quelconque pour aller s’asseoir. C’est parce qu’il y a le pays qu’il y a des élus. Donc, pour moi, ce qui doit être la priorité, c’est de sauver le Burkina Faso et après maintenant on verra comment se faire élire et aller s’asseoir tranquillement dans le vent frais de l’Assemblée nationale et autres.

Minute.bf : Est-ce que vous êtes toujours en contact et surtout en bon terme avec Yacouba Issac Zida, après avoir claqué la porte à son parti ?

Hervé Ouattara : Yacouba Issac Zida est un homme d’honneur et de grande sagesse. Mes rapports avec lui ne sont nullement liés à un parti politique. Je ne vois pas pourquoi mon départ, (d’ailleurs je suis entré librement et je ressors librement) va influencer nos relations. Pas du tout. Yacouba Issac Zida est un homme que, si vous connaissez, vous comprendrez que ce n’est pas des détails pareils qui peuvent le brouiller avec des gens.

Minute.bf : Concrètement, quelles suggestions avez-vous à faire pour un retour à la sécurité au Burkina Faso ?

Hervé Ouattara : Ce serait assez prétentieux pour moi de dire que j’ai la solution toute faite pour faire sortir le pays de l’ornière. Mais ce que je puisse dire, c’est que nous avons tous des contributions à faire.

La première des choses à faire, c’est de réussir le pari de la réconciliation. La réconciliation vraie surtout. Je pèse mes mots, la réconciliation vraie. Nous ne parlons pas de la réconciliation pour contenter les gens. Je parle de la réconciliation vraie portée par des structures basées sur une vision bien faite et qu’on avance pour une paix durable. C’est de ça qu’il est question. Le premier défi, c’est de faire asseoir les Burkinabè autour d’une même table pour parler le même langage. Que chacun comprenne qu’il y a nécessité de s’engager derrière cette transition. Je ne parle pas d’un individu. Je ne fais pas de fixation sur une personne. Je dis la Transition, parce qu’elle est très importante pour la suite de notre démocratie.

On la réussit et on pose les bases d’une vraie refondation de notre pays et on avance. Il faut que les Burkinabè comprennent que ce combat n’est pas seulement militaire. Ce combat est pour tout le monde, civils, femmes, enfants, tout le monde. À partir de ce moment, ça veut dire que nous sommes tous engagés sur le même terrain. Et notre crédo doit être : « Le Burkina ou la mort ». Cela veut tout dire. Ce qui est évident, notre pays ne peut pas être entre les mains de mauvaises personnes. Je crois que le président Damiba doit travailler à cette unité, parce que sa réussite va dépendre de cela.

Les erreurs du passé ne doivent aucunement entacher ce présent. C’est pourquoi je dis qu’il ne doit pas glisser là où les autres ont déjà glissé. Parce que si on continue dans : les partis politiques ne sont pas bien, il y a des Organisations de la société civile (OSC) ceci, il faut les écarter ; il y a des individus qui pensent que la restauration c’est faire venir l’ancien régime, ainsi de suite, chacun dans son côté, on ne réussit pas une guerre avec un peuple divisé de la sorte.

Je crois qu’en tant qu’un militaire qui a fait l’école de guerre et tout, il sait mieux que moi sur quoi il est arrêté. Je pense très nécessairement que, très bientôt, il fera ce grand pas qui permettra aux Burkinabè des quatre coins, d’avoir des discours non seulement de la fédération mais aussi de l’unité.  Des discours, j’allais dire, de la victoire. Et c’est en cela que nous allons nous en sortir.

Minute.bf : Vous avez parlé de réconciliation vraie. Le président Damiba a reçu en audience les anciens présidents Roch Marc Christian Kaboré et Jean-Baptiste Ouédraogo. Estimez-vous qu’il faille étendre cela à l’ancien président Blaise Compaoré, voire à Yacouba Isaac Zida ?

Hervé Ouattara : Déjà, je vous dis que les images d’hier, théâtralisation ou pas, cela devrait arriver un jour. Tout compte fait, le président Kaboré est un ancien chef d’Etat qui a dirigé dans cette situation (de crise sécuritaire, ndlr). Quoi qu’on dise, on ne peut pas l’écarter. On ne peut pas non plus le maintenir dans une sorte de prison qui ne dit pas son nom parce que, s’il y a des reproches contre lui, on le met à la disposition de la justice. Sinon, il faut le mettre à contribution comme tout le monde. Je crois que c’est essentiel.  

Après il appartient au président Damiba de montrer réellement carte blanche, de montrer sa volonté d’amener les Burkinabè à se parler autour de la même table. Si cela doit passer par le retour des anciens présidents, je n’y vois aucun inconvénient. Parce que les anciens présidents sont aussi des Burkinabè. 

Mais, je dis, une bonne réconciliation doit passer par la vérité, la justice et la réparation. Parce que si on occulte cela ça sera une réconciliation éphémère, comme on l’a vu un 30 mars passé avec des jets de colombes mais cela n’a pas empêché les Burkinabè de se massacrer. Faisons très attention !

Minute.bf : Est-ce que vous avez un message particulier à l’endroit des populations en cette période de transition ?

Hervé Ouattara : Ce que je peux dire, c’est que nous sommes dans le même bateau. Le bateau est en train de tanguer actuellement. Si nous ne nous accrochons pas bien, si nous ne nous attrapons pas les mains, c’est évident que lorsque le bateau va chavirer, il n’y aura pas de survivants.

Notre pays, avant nous, nos pères, avant eux leurs pères, ont œuvré à faire de ce pays un havre de paix. Nous ne devons pas aujourd’hui échouer. Ce pays est entre les mains de notre génération. Je crois que si nous échouons, c’est notre génération qui aura échoué. Et c’est pourquoi nous allons d’abord sauver le pays et après régler nos comptes.

Propos recueillis par A. Kinda et Franck M. Kola

Minute.bf

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