mercredi 11 décembre 2024
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Burkina : Journalistes et FDS se découvrent mutuellement à Kaya

Le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) a organisé, les 25 et 26 novembre 2024 à Kaya, un atelier d’échanges entre journalistes et Forces de défense et de sécurité (FDS). Ce cadre de dialogue qui s’inscrit dans le cadre du projet « Droits humains, paix et promotion de la cohésion sociale (DHPCS) », a été marqué par des immersions dans une caserne militaire pour les journalistes, et dans une rédaction de média pour les FDS. Objectif : permettre aux deux entités de mieux se connaître pour mieux collaborer dans un contexte sécuritaire tendu.

Créer un cadre et des conditions de connaissance mutuelle et de collaboration entre journalistes et FDS dans le contexte délicat de la lutte contre le terrorisme, c’est l’objectif poursuivi par le CNP-NZ à travers l’organisation de cet atelier. Durant 48 heures, hommes de médias et FDS ont échangé sur leurs rôles respectifs, leurs contraintes et leurs responsabilités dans le contexte actuel du Burkina Faso.

Une vue des FDS présentes à cet atelier

Dès la première journée, les échanges ont consisté en une présentation des rôles et responsabilités de chacune des deux entités. Et pour ce faire, le Centre a convié le Dr Lassané Yaméogo, Enseignant-chercheur en Journalisme et Communication à l’Institut panafricain d’étude et de recherche sur les médias, l’information et la communication (IPERMIC).

Journaliste et FDS : Des associés – rivaux

Dans sa communication, Dr Yaméogo a relevé que les tensions entre journalistes et FDS sont inhérentes à leurs missions. « Les FDS souhaitent contrôler les informations sensibles pour préserver la sécurité des troupes et des populations, tandis que les journalistes veulent informer le public sans interférences. Cette méfiance mutuelle est naturelle », a-t-il expliqué.

Dr Lassané Yaméogo, Enseignant-chercheur à l’IPERMIC, Formateur

Il a cependant souligné que, malgré leurs divergences, journalistes et FDS partagent un objectif commun qui est de servir l’intérêt général. « Ils sont des associés-rivaux. L’un protège les populations, l’autre les informe. Le FDS est animé par le désir de protéger par tous les moyens les civils y compris le journaliste lui-même. Et cela passe par le contrôle de certaines informations qu’il juge sensibles ou stratégiques. Le Journaliste aussi poursuit la même vision qui est d’informer les citoyens y compris le FDS lui-même sur ce qui se passe autour de lui. Et cela en vue de lui permettre de prendre ses précautions pour se protéger. Tous les deux corps poursuivent le même but mais par des voies différentes. Ils doivent donc trouver un équilibre contextuel pour remplir leurs missions respectives sans nuire à l’intérêt public », a relevé le Communicateur, insistant sur la nécessité de trouver une collaboration harmonieuse entre les deux entités.

La deuxième journée a été marquée par une expérience immersive, avec des découvertes mutuelles des conditions de travail de chacun. Les journalistes ont été accueillis au 10e Régiment Commando d’Appui et de Soutien (RCAS) de Kaya, où ils ont pu observer le quotidien des forces armées et découvrir les réalités du terrain. En retour, les FDS ont visité la radio et télévision communautaires Manegda, une rédaction où ils ont pu se familiariser avec les défis que rencontrent les journalistes dans le traitement de l’information.

Les participants ont fait une immersion à la radio-télédiffusion Manegda de Kaya

Des participants satisfaisants

À l’issue de l’activité, les participants ont unanimement salué l’initiative du Centre de presse Norbert Zongo. Dans le rang des FDS, l’Adjudant-chef Noël Kiemtoré, Directeur de la Communication et des Relations presse de la 1re légion de gendarmerie, a salué l’organisation de cet atelier. Il a souligné avoir énormément appris sur les rôles et missions des hommes de médias, ainsi que sur leur contribution cruciale au rétablissement de la paix au Burkina Faso.

« Cette activité est la bienvenue, car elle nous a permis de comprendre comment les journalistes fonctionnent. À partir de là, nous pourrons désormais mieux nous comprendre. C’est lorsqu’on ne se côtoie pas qu’on reste dans l’incompréhension. Les immersions que nous avons réalisées nous ont vraiment permis de nous découvrir mutuellement, et je pense qu’à partir de là, nous serons à même de nous accompagner au mieux », a-t-il affirmé.

l’Adjudant-chef Noël Kiemtoré, Directeur de la Communication et des Relations presse de la 1re légion de gendarmerie

Cette reconnaissance est partagée du côté des journalistes. Boureima Kindo, journaliste aux Éditions Le Pays, a également témoigné de l’impact positif de cette rencontre. Selon lui, l’initiative a permis de changer la perception que chaque entité avait de l’autre. « Pendant ces deux jours, nous avons côtoyé les Forces de défense et de sécurité. Nous nous sommes parlés sans filtre. Chacun a pu exprimer ce qu’il pense de l’autre. À l’issue de ces échanges, il est évident que nos perceptions respectives vont évoluer, et cela doit déboucher sur quelque chose de probant », a-t-il déclaré.

Un protocole de bonne collaboration élaboré

L’atelier de Kaya a débouché sur un résultat concret, en l’occurrence, l’élaboration d’un protocole de collaboration entre journalistes et FDS pour la gestion des événements sécuritaires. Ce document se veut un plaidoyer qui fixe des règles claires et pratiques pour une meilleure collaboration entre les professionnels des médias et les forces armées.

Parmi ces recommandations phares, le protocole préconise notamment la mise en place d’une cellule de crise pluridisciplinaire chargée de gérer les événements sécuritaires majeurs à l’échelle nationale. Il propose également la désignation d’un officier média pour chaque situation de crise et la création d’une charte de bonne collaboration entre journalistes et FDS, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso.

Boukari Ouoba, Coordonnateur du projet au CNP-NZ

« C’est une démarche que le Centre de presse mène depuis plusieurs années. Cette année, en particulier, avec le projet Droits humains, paix et promotion de la cohésion sociale, nous avons jugé nécessaire d’échanger avec les FDS pour convenir d’un ensemble de règles communes qui vont régir notre collaboration dans ce contexte que nous vivons », a expliqué Boukari Ouoba, Coordonnateur du projet au Centre de presse Norbert Zongo.

Il a également assuré de ce que ce protocole, fruit de l’atelier, sera porté en plaidoyer auprès des autorités compétentes et de l’armée.

Une vue des participants

Oumarou KONATE

Minute.bf

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