« Rôle et place des victimes dans les procès antiterroristes au Burkina Faso » : c’est toute la problématique qu’a posée le Centre pour la Qualité du Droit et la Justice (CQDJ) en partenariat avec l’Institut Danois des Droits Humains (IDDH), au cours d’un café-débat. Cette rencontre d’échanges tenue ce vendredi 08 septembre 2023 à Ouagadougou, vise à alimenter le débat public sur le rôle et la place des victimes dans le procès antiterroriste.
Dès l’entame des débats, une clarification des termes a été faits par les professionnels du droit, à savoir, le substitut du Procureur, pôle judiciaire spécialisé antiterroriste du Tribunal de grande instance Ouaga 2, Idrissa Sako, et l’avocat inscrit au barreau du Burkina Faso, Me Olivier Somé. Il s’agit de la définition de la victime et du procès. Qu’est ce qu’une victime ? Qu’est ce qu’un procès ?
Me Olivier Somé définit la victime comme toute personne physique ou morale qui a été atteinte dans ses droits suite à des actes commises qu’on qualifie dans le cas d’espèce de terroriste. La victime devient partie civile dès lors qu’elle réclame réparation, a ajouté l’avocat.
Pour le procureur Idrissa Sako, le procès c’est depuis que la cause a été traduite devant les autorités judiciaires. Il débute avec la plainte, la phase d’instruction, les actes d’investigation, d’enquête en passant par le jugement jusqu’à ce qu’une décision soit rendue.
Revenant à la thématique, il faut noter que c’est le Tribunal de grande instance de Ouaga 2 qui est chargé du jugement des « actes terroristes ». Cela veut dire que les droits des terroristes sont respectés au Burkina Faso. Mais quid des victimes das actes terroristes ?
Pourtant, ce sont elles, les témoins oculaires à même de relater les faits de sorte à obtenir un équilibre des faits. Donc l’initiative du Centre pour la Qualité du Droit et la Justice (CQDJ) vise à alimenter le débat sur le rôle et la place des victimes dans le déroulement des procès antiterroristes en mettant l’accent sur leurs droits et leurs devoirs.
Dans les échanges avec le substitut du Procureur, Idrissa Sako, et l’avocat Me Olivier Somé, il ressort que la victime a toute la place dans le procès antiterroriste. C’est à dire que sans la présence ou la part de « vérité » de la victime, le procès perd « sa légitimité ».
Le substitut du procureur, Idrissa Sako, a précisé que dans un procès, surtout terroriste, la part de « vérité » de la victime est nécessaire. « Pour qu’un procès soit complet, il faut tenir compte aussi bien de la poursuite que des intérêts des victimes. Il faut faire en sorte que les faits qu’on soumet à l’appréciation du juge soient les plus vraisemblables possibles, il est important d’avoir la version des victimes » a-t-il insisté. En cela la victime des faits terroristes à toutes sa place dans le procès.
Mais, dit le substitut du procureur, la difficulté réside dans l’identification même des terroristes. C’est en cela que Me Olivier Somé, a préconisé une sensibilisation accrue afin que « les victimes sortent de leur cachette pour avoir réparation ».
Précisons que ces échanges ont connu la participation d’environ une quarantaine de personnes composée de journalistes et d’hommes de droit.
Mathias Kam
Minute.bf