dimanche 8 septembre 2024
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Burkina : La communication en temps de guerre au menu d’un symposium des web-activistes du Kadiogo

Des web-activistes du Kadiogo ont tenu, le samedi 15 avril 2023, un symposium provincial à Ouagadougou. L’activité qui s’est tenue sous forme d’une conférence publique, a permis aux participants, de donner leur lecture sur la question des libertés individuelle, collective et de la presse, « fortement éprouvées ces derniers temps » selon eux. Aussi, il s’est agi pour ces derniers, d’échanger sur la communication a adopter en ces temps de crise.

« Quelle communication en temps d’insécurité et de guerre, cas du Burkina Faso », c’est la thématique autour de laquelle a tourné ce symposium. Pour exposer sur ce thème, c’est le Dr Seydou Dramé, expert en droit des médias, qui a été sollicité. De son avis, s’il est vrai que les libertés d’expression et d’information sont des droits fondamentaux de l’homme, consacré par la constitution depuis le Président Maurice Yaméogo, il faut admettre que dans le contexte d’insécurité que connaît le Burkina Faso, l’on ne saurait prétendre vouloir jouir pleinement de tous ses droits et libertés. « Les conditions de toutes les libertés dont nous avons la jouissance, c’est lorsqu’il y a la paix, la sérénité. C’est lorsque certaines libertés sont aussi ouvertes, telle que la liberté d’aller et venir », a-t-il indiqué.

S’exprimant sur les divergences que peuvent entraîner la conception de la question des libertés, Dr Dramé a indiqué qu’il s’agit de l’angle sous lequel l’on se place. Au Burkina Faso particulièrement selon ses dires, il y a divergence sur la question des libertés parce que les populations ne vivent pas les même réalités dans le pays. « J’ai dit que nous n’avons pas la même lecture de la situation nationale parce qu’il y a des personnes qui sont nées à 15 kms de Ouagadougou, et qui ne sont pas confrontés aux risques que l’on prend lorsqu’on doit traverser 300 kms pour aller rendre visite à ses parents au village », a-t-il déclaré faisant remarquer également que les populations des zones sous emprises terroristes n’ont pas la même conception de la liberté que celles qui sont dans les villes où les autres zones non encore touchées.

Dr Seydou Dramé, expert en droit des médias

Pour Dr Dramé, activistes et professionnels des médias devraient, dans ces moments que traversent le pays, « se responsabiliser et s’auto-censurer », afin de faire en sorte que les différentes informations diffusées ne servent pas la cause de l’ennemi. « Le conseil, c’est que par leurs activités sur les réseaux sociaux, ils ne donnent pas des informations utiles à ceux qui combattent notre patrie. C’est pour cela qu’ils ne doivent pas fournir par les écrits, leurs photos diffusées des informations utiles à l’ennemi. Les informations diffusées ne doivent pas accroître la douleur des parents par l’exposition des photos de ceux qui sont tombés au front », a conseillé le Dr Seydou Dramé.

Pour animer la seconde communication aux côtés du Dr Dramé, c’est l’ancien député à l’Assemblé législative de Transition, Dr Arouna Louré qui a servi de conférencier.

Débutant son analyse, il a d’abord invité les citoyens burkinabè à faire la distinction entre « communication, journalisme et propagande ». Pour ce médecin anesthésiste, « la communication, son rôle c’est d’embellir quelque chose. Ça peut être dans le sens positif tout comme ça peut être dans le sens négatif. Quand je dis que je suis communicant, je communique pour quelque chose ».

Dr Arouna Louré, ex-deputé ALT, conférencier

En ce qui concerne le journalisme, d’après lui, c’est un métier professionnel qui est censé donner les faits tels qu’ils sont, selon une déontologie, des textes et des lois existants en la matière.

La propagande, elle, de l’avis de Dr Louré, est une « exagération de la communication » qui consiste à embellir les choses quitte à rogner certains angles.

S’exprimant sur la question de la liberté d’expression au Burkina Faso, l’ex-député à l’ALT a fait remarquer qu’elle est le fruit de longues luttes. « Certaines personnes ont dû payer de leur vie pour arriver à cette liberté, notamment le journaliste Norbert Zongo. Le Burkina a connu des périodes sombres de 1987 à 1989 où tu pouvais être chez toi à la maison et parce que tu as dit quelque chose on vient de soulever. Et puis progressivement nous avons appris à avoir cette liberté d’expression, cette liberté d’opinion qui est désormais consacrée par notre constitution », a-t-il détaillé.

« La liberté de la presse est le baromètre de toutes les autres libertés... »

Pour l’ancien député, tout le monde ne peut pas se muer en communicateur du jour au lendemain. Il faut, dit-il, laisser la latitude aux professionnels de ces domaines de faire ce pour quoi ils ont été formés. « On voudrait que tout le communique, alors que la communication n’est pas le métier de tout le monde. Il y a des gens formés pour cela », a-t-il lancé.

A l’en croire, le gouvernement actuel sollicite l’accompagnement des hommes de médias en terme de communication sans pour autant mettre du contenu dans cette communication qu’il attend des journalistes.
« Aujourd’hui, nous assistons à ce qui n’est pas un Etat de droit. Actuellement si le Burkina Faso adopte une loi qui dit que nous devons tous porter un pantalon sauté, nous allons tous porter un pantalon sauté parce que c’est ce que demande notre Etat de droit et parce que nous l’avons voté. Mais le problème actuel, c’est qu’on demande aux journalistes et communicateurs d’accompagner les autorités sans pour autant mettre du contenu dans ce qu’on demande. Aussi en même temps qu’on dit de ne pas faire ceci ou cela, on permet à d’autres personnes de le faire sans qu’il n’y ait problème. Ça c’est pas le principe d’un Etat de droit. Et quand nous prenons l’histoire du monde, aucun pays ne s’est forgé en faisant fi de l’Etat de droit », a-t-il affirmé, invitant les autorités à définir de façon claire, leurs attentes envers les hommes de médias en terme de communication.

Une vue des participants

L’ancien député a aussi appelé les populations à ne pas accepter tout, au nom de la guerre. « Est-ce qu’au nom de la guerre, nous devons tout accepter, est-ce que au nom de la guerre nous devons taire les détournements, ou la fainéantise dans les services. Est ce qu’au nom de la guerre, nous devons nous taire lorsqu’il y a des exactions quelque part ? Au nom de la guerre, nous ne devons pas tout accepter parce que la liberté de la presse est le baromètre de toutes les autres libertés », a-t-il martelé.

Jean-François SOME (Stagiaire)

Minute.bf

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