Le docteur Hyacinthe Wendlarima Ouédraogo est enseignant-chercheur à l’Université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso. Il est le président du Mouvement conscience nouvelle et membre fondateur du Groupe d’initiative pour la refondation de la Patrie (GIRP) créé le 16 décembre 2021. Dans cette interview accordée à www.minute.bf, il est revenu sur le retour de Blaise Compaoré au Burkina Faso dans le cadre de la rencontre initiée par le président Paul-Henri Sandaogo Damiba avec les anciens présidents. Aussi, la gestion du président Damiba et la question de la réconciliation nationale étaient-elles sur la table des échanges ce lundi 11 juillet 2022.
Minute.bf : Comment avez-vous apprécié le retour de Blaise Compaoré au Burkina Faso ?
Hyacinthe Wendlarima Ouédraogo : Son retour, je crois que j’ai des avis partagés là-dessus. Cette initiative s’inscrit dans la dynamique de la réconciliation nationale. C’est une initiative louable. Il est très important de travailler à trouver les voies et moyens pour réconcilier les Burkinabè. C’est la préoccupation de l’heure.
Même avant lui, le président Kaboré en avait fait un axe majeur de sa politique. Comment réconcilier les Burkinabè pour nous permettre de triompher des maux, surtout, du terrorisme ? Cette initiative est bonne et salutaire. Mais c’est l’approche ou la manière de faire, avec ce passage en force de l’ancien président Blaise Compaoré qui est sur le coup d’un mandat d’arrêt ; qu’il puisse venir au Burkina Faso de façon libre puis repartir, cela connote avec l’impunité, avec le laxisme de notre justice et c’est cela qui est dommage.
Minute.bf : Le président Damiba a rassuré que ce n’est pas une prime à l’impunité mais une rencontre de concertation entre les anciens présidents sur la situation nationale…
Hyacinthe Wendlarima Ouédraogo : Je pense que le président Damiba a largement tort, parce qu’avec le retour de Blaise Compaoré, pour moi, c’est bien une prime à l’impunité. Pour la conscience de la plupart des Burkinabè, c’est un laxisme de notre justice ou du moins, on est en train de prouver que notre justice est une coquille vide ou un instrument que les politiques peuvent manipuler à leur guise.
Je crois qu’on pouvait trouver d’autres formats pour consulter Blaise Compaoré et recueillir ses avis sans violer la constitution, sans violer les décisions de justice. Cette manière de faire prouve qu’il n’y a pas d’indépendance de la justice. Si nous sommes vraiment dans une démocratie et une République, on doit respecter la séparation des pouvoirs. L’exécutif n’a pas à influer sur la justice. Le président du Faso n’a aucune prérogative pour faire rentrer et faire ressortir comme il veut du Burkina Faso, un condamné de justice. Le message laissé par le président Damiba est que nous ne sommes pas dans une République sérieuse ; que la justice n’est pas indépendante et elle peut être manipulée par les politiques et pire, nous avons une justice à deux vitesses. Une justice laxiste pour certains individus et une justice prompte à réagir quand il s’agit d’autres personnes.
Blaise Compaoré n’a pas été le seul à être condamné dans le dossier Thomas Sankara. Pourquoi certains peuvent se retrouver en prison et d’autres comme lui, peuvent venir et repartir comme ils veulent ? C’est une prime à l’impunité. C’est un signal fort que nous ne sommes pas dans une république sérieuse, que nous sommes dans un État de déliquescence. Nous ne sommes pas dans une démocratie.

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Minute.bf : Le président Damiba avait dit que c’est un symbole de revenir sur la terre de ses ancêtres pour faire cette concertation afin de rechercher des solutions pour la situation nationale…?
Hyacinthe Wendlarima Ouédraogo : L’initiative est bonne. Le fait de vouloir rassembler et compter sur l’expertise des anciens chefs d’État pour trouver une solution à l’impasse sécuritaire est à louer. A cette question même de la cohésion sociale, je crois que l’initiative est bonne. Mais ils sont allés vite en besogne. On aurait pris plus de temps pour échanger et passer par des concertations pour trouver des voies et moyens qui respectent notre justice et les fondamentaux de la république.
J’estime que la rencontre a été un fiasco. Sur 5 anciens chefs d’État attendus, il n’y avait que deux qui étaient présents. De mon analyse, je dis que c’était plus le besoin de faire revenir Blaise Compaoré, plus que le besoin de trouver des solutions à la situation. Sinon tout est allé très vite en une semaine. Il aurait fallu plus de temps pour permettre à Yacouba Isaac Zida de rentrer, permettre à Michel Kafando de recouvrer sa santé avant de fixer la date. Pour le président Kaboré, c’est une semaine après sa libération, même moins que cela. Je pense qu’on aurait dû lui permettre de reprendre ses esprits, d’être dans ses états, avant qu’on ne parle de ce sommet. Un ou deux mois pour qu’il soit prêt. Il fallait aussi associer tous les acteurs, la justice, l’exécutif et tous les acteurs pour qu’on puisse trouver la formule adéquate pour un sommet qui sert à la cohésion sociale et la réconciliation nationale.
Minute.bf : Roch Marc Christian Kaboré a affirmé avoir été empêché par des manifestants qui ont encerclé son domicile dans la matinée de la rencontre. Quelle lecture en faites-vous?
La réponse dans cette vidéo…
Minute.bf : Vous dites que la rencontre des anciens chefs d’Etat a été un fiasco. Pensez-vous comme une certaine opinion que Blaise Compaoré a été humilié par cette rencontre ?
Hyacinthe Wendlarima Ouédraogo : Oui, moi je crois qu’ils n’ont pas vu venir la chose mais pour moi c’est une double humiliation. Une humiliation d’abord pour son image, une humiliation physique de voir ce président déjà fatigué, n’étant pas dans tous ses états, ses esprits dépassés par les évènements, se retrouver presque seul sauf la présence du président Jean-Baptiste Ouédraogo.
Pour moi, on a encore prouvé au président Compaoré que son histoire est tellement sale qu’il ne peut pas servir grandement à résoudre la situation que lui-même a contribué à faire pourrir durant ses 27 ans de mal gouvernance. Quand on le voit ainsi, même en marchant, c’est une forme d’humiliation physique.
Sur le plan moral, c’est une humiliation parce que Blaise Compaoré nous prouve ici que jusqu’à présent il est en train de fuir son passé, son histoire ; il n’est pas prêt pour s’assumer. Quand on a été président d’un pays, chef d’un État, on doit, à quelque part, accepter s’assumer. Pourquoi il refuse de venir au Burkina Faso dans les conditions normales et il faille attendre qu’on fasse entorse à la justice du pays qu’il dit aimer pour revenir ? Un pays où le défaut de justice est aussi la cause des maux que nous vivons.
Donc pour moi, c’est une humiliation. Il est en train de nous montrer qui il est. Il est toujours prêt, malgré son âge, à fouler aux pieds les fondamentaux de la république pourvu que, lui, son égo soit satisfait. C’est ce qui s’est passé depuis 1987. On a accepté de tourner une page glorieuse de l’histoire du Burkina Faso pour nous entraîner dans une sorte de rectification qui ne l’a jamais été et jusqu’à présent ce sont des passages en force. Blaise Compaoré a été humilié physiquement, son image a été ternie davantage et sur le plan moral, il a prouvé que jusqu’à présent il n’est pas prêt à assumer son passé. Il fuit son passé.
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Minute.bf : Mais durant les 27 ans de Blaise Compaoré, il y avait une sorte de stabilité sécuritaire. Ne pensez-vous pas qu’il a son mot à dire aujourd’hui face au terrorisme qui menace les fondements de la nation ?
Hyacinthe Wendlarima Ouédraogo : Je crois que le président Compaoré a son mot à dire. Mais en tout, il y a des préalables pour que Blaise Compaoré soit un interlocuteur fiable dans cette situation de crise sécuritaire. Les préalables, c’est que lui-même reconnaisse son rôle majeur dans l’assassinat de Thomas Sankara et dans la mal gouvernance (durant sa gestion de 27 ans, ndlr). Si ce rôle majeur et prépondérant n’a pas été reconnu, s’il n’accepte pas ce tort, qu’est-ce qu’il peut faire ? C’est vouloir forcer encore une journée de pardon comme en 2001, ce qui n’a pas marché. En 2001 on a voulu parfaire une journée de pardon et forcer les choses. Où sont les résultats ? Ce sont les mêmes erreurs que nous sommes en train de commettre.
Aussi, je pense qu’il faut relativiser sur les 27 ans de stabilité du pouvoir Compaoré. Bien avant l’insurrection, il y avait des signes avant-coureurs de la fébrilité de son pouvoir dès 2011. D’ailleurs, le terrorisme a commencé sous Blaise Compaoré. Les attaques n’ont pas commencé avec lui mais les premiers enlèvements étaient sous Blaise Compaoré. On savait qu’on était la base arrière du terrorisme. Tôt ou tard, soit on allait être toujours des alliés des terroristes pour être à l’abri de leurs frappes, ou, un jour, il fallait que l’Etat s’assume, comme Etat responsable qui s’oppose au terrorisme. Ce sont des compromissions qui ont permis d’avoir cette paix relative. Malheureusement, ce n’était pas une paix sur un socle, c’était simplement une paix fondée plus ou moins sur des compromis. Dès que ces compromis allaient être levés, la paix allait aussi être compromise. Pour moi, ça n’a pas été 27 ans de stabilité, ça été 27 ans d’une fuite en avant. On faisait la politique de l’autruche, et c’est ce qui explique que juste après Blaise Compaoré, le chaos est intervenu.
Minute.bf : Vous parlez de compromissions, le président Damiba est dans une logique de dialoguer avec les terroristes qui désirent déposer les armes, selon ses propres mots. Est-ce que vous pensez que le dialogue peut aider à sortir le pays de cette crise ?
Hyacinthe Wendlarima Ouédraogo : Le dialogue peut aider. Mais, il faut que les militaires soient au-dessus des politiques. Aujourd’hui, tout le monde parle du dossier Thomas Sankara. Mais moi-même je me pose la question si c’est vraiment la justice qui intéresse les gens ou si c’est une affaire qu’on est en train de politiser. J’arrive à la conclusion que c’est une affaire qu’on est en train de politiser. Alors qu’aujourd’hui, on sait qu’il s’agit d’une crise entre le Congrès pour la Démocratie et le Progrès et le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP). Toute cette colère, cette vengeance, c’est un a trahi l’autre, un a terrassé l’autre. Voilà pourquoi la situation se cristallise. Aujourd’hui, que ce soit le camp du CDP ou celui du MPP, est-ce qu’il y a un qui s’inquiète pour la justice pour Sankara ? Moi je ne vois pas. Chacun se sert de ce dossier pour faire prévaloir ses intérêts, sinon, les deux camps ont travaillé ensemble de 1987 jusqu’en 2014 sans que le dossier Sankara ne bouge d’un seul pion. Pour moi, aujourd’hui, le peuple est pris en otage autour de ce dossier. Quand vous observez la situation, c’est comme si on nous pose une formule : soit vous choisissez la justice pour Thomas Sankara ou vous choisissez la réconciliation et la paix. Quand c’est comme cela, la formule est mal posée. On n’a pas à choisir entre les deux. Non ! En tant que Burkinabè intègres et normaux, nous devons prendre les deux. Nous voulons la justice pour Thomas Sankara en même temps que nous voulons la paix et la réconciliation nationale.
Pour répondre à votre question directement, ce que je vais dire, les militaires pouvaient instaurer ce dialogue si eux-mêmes, ils se mettaient au-dessus de la mêlée de cette bataille de chapelle entre les politiciens.
Je crois que j’ai été reçu par vous (interview avec www.minute.bf) ici en décembre bien avant le coup d’Etat et en janvier juste après, et j’avais dit qu’il nous fallait une révolution sincère. J’avais dit que le président Damiba devrait s’assumer. Il n’a pas consulté quelqu’un pour faire son coup d’Etat, il ne faudra pas qu’il s’inscrive dans une logique de supporter un camp et de laisser d’autres. Malheureusement, c’est ce qu’on est en train de voir au point où certains se posent la question si la restauration concerne toute la république ou un clan politique. Et quand les gens se posent cette question et que les faits sur le terrain sont en train de nous prouver que ce n’est pas la restauration de la république mais celle d’un clan politique, d’un ordre ancien qui avait été chassé en 2014, alors, ces mêmes militaires et le président Damiba ne sont plus en mesure d’instaurer ce dialogue. Parce que, c’est comme si on les soupçonnait de ne pas être les gens impartiaux mais d’avoir déjà leur côté, leur clan. Et moi je vais finir en disant que je ne crois même pas que les politiciens veulent la réconciliation nationale.
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Minute.bf : Quelle appréciation faites-vous de la gestion de Damiba ?
La réponse dans cette vidéo…
Minute.bf : Quel sens, vous, au Groupe d’Initiative pour la Refondation de la Patrie, donnez à la réconciliation nationale au Burkina Faso, quand on sait que cela a fait partie des programmes politiques pendant les campagnes électorales passées ?
Hyacinthe Wendlarima Ouédraogo : Le sens que le Groupe d’initiative pour la Refondation de la Patrie donne à la réconciliation, c’est qu’il faut partir de la vérité, partir de la justice pour apaiser les cœurs et dès que les cœurs seront apaisés, ils se rapprocheront sans problème. La réconciliation, c’est le rapprochement entre les gens, mais, pour qu’il y ait cela, il faut qu’on sache qui a fait quoi contre qui. Il faut qu’on parte de la vérité. Tant qu’il n’y aura pas de vérité dans l’histoire du Burkina Faso, je crois qu’on va toujours tourner en rond. On part de la justice.
Que les coupables reconnaissent leur tort. Il n’y a pas de demi-dieu. Tout le monde se trompe. C’est humain de reconnaitre son tort. Je crois que les principaux dossiers pendants étaient celui de Thomas Sankara et celui Norbert Zongo. Il y a d’autres crimes de sang mais si sur ces deux dossiers-là, les auteurs qui sont plus ou moins connus acceptaient de reconnaitre leur tort, je ne pense pas aujourd’hui que la famille Sankara ou Zongo ou même le peuple burkinabè a le cœur dur pour refuser le pardon d’un certain Blaise Compaoré. Même lors du procès, ce n’est pas seulement rendre le verdict le problème mais le peuple veut aussi savoir ce qui s’est passé. Les gens ont donné leur témoignage que les avocats de Blaise Compaoré ont banalisé. Si les coupables acceptent de reconnaitre leur tort, de dire : « c’est nous qui avons fait ceci et que nous demandons pardon aux familles des victimes, au peuple burkinabè », tout le monde sera d’accord pour un pardon sincère. Personne ne veut aujourd’hui voir Blaise Compaoré croupir en prison. D’ailleurs même dans d’autres pays, on a connu des gens qui ont commis des choses comme cela mais leur image est toujours conservée. Cela fait partie aussi de l’honneur du Burkina Faso. Blaise Compaoré peut revenir s’il accepte cela ; il sera pardonné et on ira facilement à la réconciliation.
Au sein du GIRP, nous pensons que la réconciliation est fondamentale parce que, notre maitre mot c’est la refondation. Il n’y a pas de refondation sans union de tous les fils et filles du Burkina Faso. Cette union passe par la réconciliation politique qui cristallise les populations alors qu’elle ne concerne même pas tous les Burkinabè mais plutôt la classe politique.
Minute.bf : Quel message avez-vous à l’endroit du peuple Burkinabè dans le cadre de la réconciliation ?

Ce que moi je peux dire, il ne faut pas qu’on oublie que notre identité c’est l’intégrité. Nous sommes au Burkina Faso et ce nom Burkina Faso est déjà évocateur. C’est tout un projet, c’est toute une vision, notre définition c’est l’intégrité. Que chaque citoyen dans ses actes de tous les jours, dans ses revendications, dans ses manifestations, intègre cette notion de l’intégrité dans sa vie parce que si aujourd’hui moi je vais me définir comme un « Sankariste », l’autre va se définir comme étant un « Blaisiste », l’autre va se définir comme étant un partisan de Roch, on va plus réfléchir dans la dimension de l’intérêt national ou dans la dimension de l’intégrité qui nous définit. Aujourd’hui, je vais dire surtout à la jeunesse Burkinabè qu’il ne faudra pas qu’on se laisse leurrer par des politiciens qui ont pris le peuple en otage. Le peuple n’est même pas divisé, ce sont les politiciens qui divisent le peuple. Je souhaite que chaque jeune ait une conscience, un sens élevé du patriotisme pour refuser d’être pris en otage, d’être manipulé par des politiciens mais de voir la dimension supérieure qui est donc l’intérêt de la nation.
Il ne faut pas que les gens pensent aujourd’hui qu’on peut aller à la réconciliation et à la victoire contre le terrorisme en sautant les étapes principales de la vérité et de la justice. C’est vrai, beaucoup ont dit sur les réseaux sociaux que la nation prime sur la justice, que la paix prime sur la justice. Oui, je suis d’accord. La nation prime sur la justice pour une famille ou des victimes mais ce qu’on oublie, cette nation qui nous est tous chère a besoin de la justice et de la vérité pour être stable, pour avoir un socle. Et comme quelqu’un le disait : « la paix est un arbre qu’on arrose avec une eau qui s’appelle la justice ». Aujourd’hui les gens disent qu’ils veulent la paix. Ce sera une paix conjoncturelle, une paix superficielle. Aujourd’hui, même si on fait le passage en force et on aboutit à une forme de réconciliation, à une forme de paix, je vous assure, ça ne sera pas durable tant qu’on aura sauté les étapes principales de la justice et de la vérité. Mais si on commence par la justice et la vérité, on apaise les cœurs, nous aurons eu les matériaux nécessaires pour bâtir une nation solide. Cela va prendre du temps, peut-être 5 ans, 10 ans ou 20 ans, mais petit à petit on va y arriver. Aujourd’hui quel africain n’est pas fier du Rwanda ? Mais nous n’avons pas vécu pire que le Rwanda. Le Rwanda a vécu pire que nous avec le génocide. Nous n’avons pas connu cela. C’est pour dire que si le Rwanda a pu ressortir du gouffre, nous pouvons aussi remonter la pente.
Propos recueillis par A. Kinda et Mathias Kam
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