La population de la ville de Tenkodogo, chef-lieu de la région du Centre-est, a vibré au rythme de la musique au cours d’un concert dans la nuit du samedi 4 novembre 2023. Cela a été rendu possible par les Rencontres musicales africaines (REMA) 2023, à travers la mise en œuvre du projet « Nos Voix Pour la Paix ». Laquelle initiative a été pilotée par l’artiste burkinabè Alif Naaba, en collaboration avec l’Union européenne.
Il est 9 heures ce samedi matin quand le convoi embarque. Direction Tenkodogo, capitale de la région du Centre-est. Pour la paix, il faut que cesse le crépitement des armes au Burkina Faso. Le silence précurseur de cette paix a régné dans le car jusqu’à Zorgho. Après une pause, le convoi reprend de plus belle le beau périple pour la cohésion sociale. Le soleil est bien au zénith quand le convoi arrive à destination. Nous voici à Tenkodogo après plus de 3 heures de route.
Là, le cap est mis directement au palais du roi de Tenkodogo. Le dima de Tenkodogo nous accueille pour des bénédictions. Naaba Guiguem-Pollé est avec le Gouverneur de la région de Centre-est, Aboubou Karim Lamizana. Les deux autorités nous accueillent chaleureusement. Après le briefing, Naaba Guiguem-Pollé, est heureux de nous annoncer l’adhésion des ancêtres pour le projet. Le roi renvoie l’équipe avec des bénédictions afin que l’œuvre de paix qui nous envoie à Tenkodogo prospère dans tout le Burkina Faso. Après cette étape, le convoi part à la rencontre de jeunes de Tenkodogo pour prêcher la paix et ses bienfaits.
Avec les jeunes, Alif Naaba et ses accompagnants sensibilisent les jeunes de Tenkodogo à œuvrer pour le retour de la paix. Prenant la parole, Alif Naaba explique à la frange jeune la raison de leur venue sur leur territoire régional. L’artiste, promoteur des REMA, confie aux jeunes qu’autant les militaires se battent sur le front avec des armes pour la reconquête du territoire national, les artistes se battent et chantent pour la paix. Et chaque jeune doit aussi œuvrer par ses actes quotidiens au retour de la paix. Chose qui justifie le projet : « Nos voix pour la paix ».
« Nos voix pour la paix », c’est un projet qui va parcourir huit villes du Burkina Faso à travers une caravane pour porter des messages de paix, de cohésion sociale et de réconciliation nationale en vue de contribuer à la lutte contre l’insécurité au pays des Hommes intègres.
La culture dernier rempart pour la paix !
L’artiste slameuse Malika la Slamazone, a expliqué aux jeunes le rôle des artistes dans ces moments difficiles que traverse le Burkina Faso. Selon elle, l’artiste par sa popularité doit passer des messages de paix et d’amour. Malika a insisté sur le fait qu’il ne reste que la culture pour faire le pont là où la politique divise. Malika la Slamazone a invité les jeunes à toujours mettre le Burkina Faso au-dessus de tout intérêt personnel. « Quels que soient vos intérêts personnels, penser au Burkina Faso d’abord ! », a-t-elle demandé. « La culture, c’est tout ce qui reste quand la politique nous divise. La musique pour nous, c’est le meilleur moyen de faire passer le message de paix, des sensibilisations de paix. C’est un moyen pour dire ce que nous devons faire pour un Burkina Faso meilleur. La paix, il faut qu’on pose des actions pour la retrouver. Elle est en nous, sortons-la. Venez ce soir pour faire sortir cette paix et qu’elle prenne le dessus sur la guerre et la haine », a-t-elle exhorté.
Pour la paix, le public a surpris !
La nuit est tombée. Peu à peu après le coucher du soleil, la place de la nation de Tenkodogo se remplit. Dès 20h30, la place de la nation refusait du monde. Les populations se sont massivement mobilisées pour chanter la paix. L’hymne national du Burkina Faso est chanté en cœur par le public, avec vigueur, émotion et joie, témoignant de l’amour, de leur attachement à la mère patrie, le Faso. Les hostilités peuvent commencer.
Souleymane Zamané, un artiste « local », est le premier annoncé sur scène, histoire de mettre le public en jambe. L’artiste Zara prend le relais. Il est 22 heures. Les petits plats sont mis dans les grands pour un moment inoubliable à Tenkodogo.
Les artistes font le show !
Malika la Slamazone est annoncée. Le single « Le Faso d’abord ! », est entonné pour rappeler au public l’intérêt général qui doit surpasser les intérêts personnels. 22 heures 30 minutes, le prince aux pieds nus est sur scène. Alif Naaba met le chaud et le boom dans le cœur du public par sa musique apaisante. Hugo Boss, Fleur, Pamika, Kayawoto, montent sur scène pour encore procurer plus de joie dans le cœur du public de Tenkodogo, jusqu’aux environs de 2 heures du matin.
Pour le gouverneur de la région du Centre-est, Aboubou Karim Lamizana, la caravane de Tenkodogo fut une réussite totale. La population a compris le message de paix et la paix reviendra bientôt, a-t-il dit avec optimisme. « Je crois que l’étape de Tenkodogo est une réussite totale. Il y a eu de la mobilisation, les jeunes sont sortis. Les gens ont montré que la population de Tenkodogo est résiliente. Je crois que la paix reviendra bientôt parce que la population a compris le message. Je suis entièrement satisfait de cette étape. Les artistes contribuent à leur manière pour le retour de la paix. Ils ont démontré par A+B qu’ils peuvent apporter la joie dans les cœurs des populations. C’est une belle expérience », a-t-il exprimé.
La caravane de Tenkodogo était magique, loue pour sa part, Alif Naaba. « Nous sommes très heureux de l’étape de Tenkodogo. Ça a été fou-fou. On a eu l’impression que toute la ville de Tenkodogo s’est déplacée pour le concert de ce soir. Je voudrais remercier les autorités locales de Tenkodogo et la cour royale qui nous a accueillis et bénis ; remercier toute la population qui est sortie massivement pour ce spectacle magique avec une jeunesse débout pour la paix », s’est-il satisfait. À en croire le prince aux pieds nus, après trois étapes, le constat est clair : « La jeunesse est prête pour embrasser le retour de la paix et le vivre-ensemble ».
Pour l’heure, après l’étape de Ouagadougou et Kaya, Tenkodogo a clairement pris le dessus en terme de mobilisation. Pô, dans la région du Centre-sud, accueillera la 4e étape de la caravane « Nos voix pour la paix ».
Mathias Kam
Minute.bf