Le Mouvement conscience nouvelle (MCN) était à Ouahigouya le 6 février dernier pour s’entretenir avec les populations de la capitale de la région du Nord autour une conférence publique sur le thème : « La conscientisation, un défi incontournable pour le développement du Burkina Faso ». Cette conférence a réuni les autorités de la région, les proviseurs des lycées, des professeurs, des élèves et étudiants, des représentants des directeurs régionaux de la jeunesse et de la culture. Ce sont des centaines de personnes qui ont effectué le déplacement au Centre d’écoute pour jeunes de Ouahigouya pour prendre part à cette conférence publique axée sur la conscientisation, la révolution des mentalités pour un développement inclusif du Burkina Faso.
Aucun répit pour le Mouvement conscience nouvelle (MCN) tant que le Burkina Faso ne reparte pas sur de meilleures bases pour son développement. Le Mouvement dirigé par Dr. Hyacinthe Ouédraogo poursuit ses actions de conscientisation et a même pour ambition de toucher toutes les régions du pays où il installera des bases qui lui serviront de relais dans ses différentes actions. Après Ouagadougou, Koudougou, Bobo Dioulasso, etc., c’est au tour de Ouahigouya de recevoir ce mouvement qui milite pour la prise de conscience de la jeunesse, voire de toutes les populations burkinabè, pour travailler à porter le Burkina Faso à la destination de développement qu’avait voulu impulser le père de la révolution d’Août 1983, Thomas Sankara, durant ses 4 années de règne (Août 1983-15 octobre 1987).
Pour ce mouvement, le développement implique des avancées au plan moral, intellectuel, sociétal, la cohésion sociale, la paix, la justice, l’intégrité mais aussi le développement économique, financier, matériel, infrastructurel, bref le bien-être de tous à tous les niveaux dans un pays. « On parle alors de développement intégral », précise Dr. Hyacinthe Ouédraogo, président du Mouvement. Il note que le développement dont il est question est loin d’être celui que l’on a l’habitude de nous présenter. « Il est évident que depuis les indépendances (1960), le Burkina Faso a connu une évolution dans les infrastructures routières. La richesse financière s’est accrue. La connaissance s’est développée avec l’apparition de plusieurs cercles d’intellectuels. Des gratte-ciels, des échangeurs ont poussé, le luxe, l’urbanisation, le modernisme sont bien visibles. Mais tout cela fait-il le vrai développement ? », interroge-t-il. Ainsi, en matière de développement, consent-il, la vision africaine diffère de celle européenne. La vision européenne, explique M. Ouédraogo, tend à mettre l’accent sur l’avoir que sur l’être. « Elle se focalise sur l’équipement, l’obsession des libertés individuelles au détriment du groupe », dit-il. Cependant, pour les Africains, poursuit-il, « le vrai développement ne saurait être un accroissement de richesses financières et matérielles au détriment des valeurs morales et humanistes ». Il prend pour exemple, une société sans solidarité, où les enfants convoquent les parents en justice, où l’avortement, l’homosexualité, la prostitution sont légalisés. « Peut-on parler de développement dans cette société ? Les dépravations des mœurs et l’exploitation de l’homme par l’homme peuvent-elles rimer avec développement ? », questionne-t-il. Pour lui, « les sociétés humaines doivent être différentes d’une jungle où c’est la prédation, la loi du plus fort qui règne. Le développement intégral doit pouvoir conjuguer divers facteurs, s’intéresser aux valeurs intrinsèques de l’homme pour être un développement réel et durable ».
« La morale agonise au Faso »
Le conférencier a fait une autopsie sévère de la société burkinabè. Il estime que cette société a perdu les valeurs ancestrales d’intégrité, d’amour, de tolérance, de respect des anciens, etc. « La société baigne dans la corruption et les crises sociales : c’est une société sans justice, sans intégrité, sans amour, sans altruisme, sans humanité, sans crainte du Créateur, sans confiance, où l’argent et le sexe sont les maître… », martèle le président du MCN qui, paraphrasant Arsène B. Yé, ancien ministre d’Etat, estime que « la morale agonise au Faso ». Et plus que l’agonie, souligne M. Ouédraogo, « de nos jours, la morale est morte aux pays des hommes intègres, les faits de tous les jours prouvent que la société est au bas de l’échelle ». Il revient sur ces faits dans son livre « Le rêve burkinabè » où il y a fait le diagnostic de la mentalité des Burkinabè. « Le constat est amer », note-t-il.
Il faut donc une prise de conscience générale pour repartir sur des bonnes bases et réveiller en chaque Burkinabè son « intégrité qui s’effrite de jour en jour ». La prise de conscience, pour le MCN, est le point de départ de la révolution interne dans la vie d’un homme. Elle pousse l’homme au refus des vices, de la corruption, de la violence, de la vengeance, de tout comportement indigne. La prise de conscience est aussi, pour ce mouvement, le point de départ de la combativité et de la réussite individuelle. Dans son intervention devant toutes ces personnes mobilisées pour la conférence publique, Hyacinthe Ouédraogo a fait savoir que « la conscientisation accouche d’hommes équilibrés, réconciliés avec eux-mêmes, leur famille et avec la société, des gens enthousiastes, serviables, altruistes et non égoïstes ». La prise de conscience est la clé de la réussite personnelle, à l’entendre. La conscientisation impacte positivement le développement personnel. Un homme conscientisé, de son entendement, est un homme imbattable, infatigable, incorruptible. « Si la conscience des Burkinabès changes, en une décennie, tout le Burkina Faso changera au grand bonheur de tous », conclut-il.
Minute.bf