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jeudi 18 avril 2024

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Burkina: L’avortement autorisé sous certaines conditions

La Communauté d’Action pour la promotion de la Santé sexuelle et reproductive (CAPSSR) mène depuis un certain nombre d’années des actions dans le sens de la promotion de la santé maternelle et reproductive notamment en ce qui concerne l’avortement sécurisé au Burkina. Dans un passé récent, elle a initié une formation en clarification des valeurs et transformation d’attitudes face à l’interruption sécurisée de grossesse au Burkina Faso, du 22 au 24 octobre 2020 à Kombissiri au profit des journalistes. Leur combat est d’aider à l’ouverture d’esprit vis-à-vis de l’avortement sécurisé afin que dans certains cas les conséquences néfastes de l’avortement clandestin cessent.

L’avortement est légalisé au Burkina Faso en vue de préserver la vie et la santé de la femme, en cas de malformation grave du fœtus et en cas de grossesses issues de viol ou de relations incestueuses. La loi 025 portant code pénal ainsi que la loi sur la santé de la reproduction adoptée en 2005 spécifient que deux médecins doivent attester de la nécessité thérapeutique d’un avortement, alors qu’un procureur public doit établir un lien de causalité dans le cas du viol.

En effet, l’avortement constitue une problématique au Burkina Faso. A en croire Aoua Yanogo, coordonnatrice de la CAPSSR, les avortements clandestins de façon spécifique avec leur lot de conséquences sur la santé et la vie de la femme sont légion au Burkina Faso. Cela, du fait de la non pratique de l’avortement sécurisé tel que prévue par la loi burkinabè en cas de viol, d’inceste, de malformations congénitales ou en cas de dangers pour la vie de la mère. Elle fait noter à cet effet que « l’avortement constitue la troisième cause de décès chez la femme au Burkina Faso ».

Aoua Yanogo, Coordinatrice de la CAPSSR

Aussi, la CAPSSR par la voix de Aoua Yanogo, pour arriver à inverser la tendance, pense qu’une synergie d’action s’impose. C’est dans cette optique que la CAPSSR organise régulièrement des formations au profit des journalistes et rédacteurs en chef des médias et bien d’autres acteurs de la société afin que ceux-ci puissent appréhender la problématique de l’avortement au Burkina Faso.

A l’entendre, l’idée c’est que l’opinion puisse comprendre la problématique de l’avortement afin de réduire la mortalité liée à l’avortement clandestin. De son avis, le problème se situe à plusieurs niveaux. Il s’agit du fait que bon nombre de personnes ignorent que l’avortement est légal au Burkina en cas de viol, d’inceste, de malformations congénitales, et en cas de dangers pour la vie de la mère. Le second aspect du problème, c’est la « diabolisation de l’avortement » quel qu’en soit le motif par la société. Le troisième aspect du problème c’est le retard des décisions de justice autorisant l’avortement. « En cas de viol par exemple une décision de justice peut trainer pendant 05 ou 10 ans et pendant ce temps la grossesse suit son cour car un médecin ou une sage-femme ne peut pas procéder à l’avortement issu de cet viol sans le quitus du juge », déplore-t-elle. De sa lecture, le dernier aspect du problème réside dans le fait que, d’une manière générale, au Burkina Faso, les mentalités sont opposées à l’avortement quel qu’en soit le motif. La preuve, « bon nombre de femmes n’arrivent pas à bénéficier de l’avortement nonobstant le fait qu’elles remplissent souvent les conditions légales pour se faire avorter », révèle-t-elle.

Tableau statistique sur l’avortement clandestin au Burkina

Joseph Bélélé Ido, membre de la CAPSSR fait noter que selon une étude menée en 2012 par l’Institut Supérieur des Sciences de la population rattaché à l’université Joseph Ki-Zerbo, 105 000 cas d’avortements ont été enregistrés au Burkina Faso. « Ce chiffre, nous en sommes sûrs, a considérablement augmenté de nos jours car il n’y a pas eu de grande évolution dans les textes et les mentalités », a-t-il cependant regretté.
Le ministère de la Santé affirme que plus d’un quart (25 %) de la mortalité maternelle au Burkina Faso est imputable à l’avortement non sécurisé, une proportion extrêmement élevée, particulièrement si on la compare au taux mondial de 13 %.

Joseph Bélélé Ido, membre de la CAPSSR

La Coordinatrice de la CAPSSR appelle à « revoir les textes, changer les paradigmes vis-à-vis de la perception de l’avortement dans nos sociétés à travers la clarification des valeurs, et à travers la communication visant à sensibiliser les femmes en ce qui concerne leur droit en matière d’avortement».

« Lorsqu’une femme en arrive à vouloir interrompre une grossesse qu’elle même porte, il est parfois difficile, voire impossible de lui faire changer d’avis. Et refuser de lui offrir un avortement sécurisé lorsqu’elle remplit les conditions, c’est la pousser vers l’avortement clandestin avec son lot de conséquences sur sa santé, sa vie et par ricochet sur la vie de la nation toute entière », a regretté Aoua Yanogo.

Vidéo- Aoua Yanogo explique la problématique de l’avortement sécurisé au Burkina Faso

Hamadou Ouédraogo
Minute.bf

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