vendredi 22 novembre 2024
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Burkina : Le cordon pierreux et la bande enherbée, ces pratiques agroécologiques qui luttent contre l’érosion

A Panamasso, David Sanou et son confrère Alexis Soungalo Sanou sont de bons élèves de l’agroécologie. Dans cette localité située à une vingtaine de kilomètres au nord de Bobo-Dioulasso, la Ville de Sya, ces deux agriculteurs ont décidé de développer leurs productions agricoles à travers la rotation des semences, sur des sols restaurées grâce aux pratiques agroécologiques. Nous sommes allés à leur école le mercredi 16 octobre 2024.

Le changement climatique a un impact très négatif sur les productions agricoles. La rareté ou mauvaise répartition des pluies, couplée aux différentes inondations, à la sécheresse, ont détruit une bonne partie des terres exploitables pour l’agriculture au Burkina Faso, comme dans plusieurs pays du monde.

Les effets du changement climatique ont fait perdre au Burkina Faso chaque année, entre 2002 et 2013, en moyenne 460 950 hectares de terres. Entre 1992 et 2014, le pays a ainsi perdu 47,5% de son domaine forestier, soit près de la moitié de celui-ci, en seulement 22 ans. Ces chiffres proviennent du rapport sur la neutralité en matière de dégradation des terres au Burkina Faso. Ces pertes de forêts ont un grand impact sur les terres arables, alors que la population du pays est composée à 80% d’agriculteurs.

Pour lutter contre la sécheresse qui avance à grand pas et qui alerte sur le risque d’insécurité alimentaire dont peuvent être victimes les populations burkinabè, des chercheurs et producteurs ont décidé d’adopter des méthodes agroécologiques, loin de l’utilisation de certains produits chimiques qui pourraient encore exacerber la perte des terres.

Une vue d’un cordon pierreux qui permet de ralentir l’eau dans sa course, luttant ainsi contre l’érosion

Lire aussi ➡️ Burkina : Des journalistes à l’école du changement climatique

Le cordon pierreux ou la bande enherbée pour réduire l’érosion

Pour restaurer leurs terres qui avaient été appauvries par l’érosion, David Sanou et son confrère Soungalo Alexis Sanou, ont décidé de suivre les conseils des chercheurs agroécologiques.

En effet, plus de l’utilisation du composte pour alimenter le sol, ils ont mis en pratique certaines méthodes de rétention d’eau dans les champs. Parmi elles, le cordon pierreux et la bande enherbée. Ces méthodes permettent de ralentir l’eau qui ruissèle dans les champs, lorsqu’il pleut.

Pour le cordon pierreux, il s’agit d’ériger des pierres sur les passages de l’eau afin de réduire sa vitesse et permettre de contenir une bonne partie dans le champ pour alimenter les productions. Dans cette dynamique, le labour est aussi fait en position opposée au ruissèlement de l’eau. Lorsqu’il pleuvra, l’eau va heurter ces différentes buttes, ce qui va ralentir sa vitesse et permettre au sol d’accueillir une bonne partie.

Vue d’une bande enherbée dans le champ de David Sanou pour lutter contre l’érosion

En ce qui concerne la bande enherbée, les herbes sont plantées sur les courbes de niveau qui sont perpendiculaires à la pente. L’eau, dans son ruissèlement, va se heurter à ces courbes, ce qui va ralentir et surtout amoindrir l’impact érosif de l’eau sur les sols cultivables.

Dans les champs de David Sanou et d’Alexis Soungalo Sanou que nous avons visités à Panamasso, deux variétés sont utilisées pour les bandes enherbées. Il s’agit de l’Andropozon Gayanus et du Vetiveria Nigritana. Ces plantes ont été choisies, selon les explications de Baba Ouattara, chercheur à l’INERA/Farakoba, à cause de leur système racinaire. « Ce sont des herbacés qui ont un système racinaire assez puissant. Il y a beaucoup de racines et elles sont puissantes. Cela permet de fixer le sol. Lorsqu’on les plante, ça va retenir le sol pour résister contre la force de l’eau », a-t-il fait savoir. Les racines de ces herbacés, poursuit-il, fracturent le sol et permettent une infiltration rapide de l’eau. « Dans les autres zones, l’infiltration de l’eau sera un peu difficile. Mais là, dans sa course, l’eau sera retardée par ces bandes, et elle va séjourner un peu sur ces espaces où une partie va rentrer dans les sols et l’autre partie va continuer sa course, mais avec une vitesse amoindrie. Donc, la force érosive va être assez faible et le sol ne pourra pas être emmené par les eaux », a-t-il expliqué.

Lire aussi ➡️ Burkina : Les chercheurs du CEDRES analysent l’impact des changements climatiques sur l’agriculture

Des plantes à usage multiple

David et Alexis produisent du manioc, du sésame et du maïs dans une rotation de culture dans leurs champs

En plus de stopper l’eau pour irriguer les sols, ces herbacés ont un usage multiple. Ce sont des herbes fourragères, beaucoup consommées par les animaux, ce qui facilite l’élevage dans ces zones. L’andropozon gayanus, par exemple, est beaucoup utilisée dans l’artisanat. On l’utilise dans la confection de nattes, de seccos, etc.

Cette utilité se retrouve également dans le Vetivéria, qui, en plus de ce qui a été susmentionné, permet aussi de donner un autre parfum à l’eau de boisson. Certaines recherches lui confèrent même des vertus aphrodisiaques.

Ainsi, avec ces pratiques, David et Alexis ont pu restaurer leurs terres qui avaient été détruites par l’érosion, à cause de leur position pentée en direction d’un cours d’eau situé à un jet de pierre de leurs champs.

Dans le champ de David, le manioc venait d’être récolté. Il y a semé du sésame. Après la récolte dudit sésame, il envisage d’y produire du maïs. Cette rotation de cultures est aussi une pratique agroécologique qui permet d’accroître la productivité et d’aider au renforcement nutritif des sols. Alexis, quant à lui, avait du manioc a maturité dans son champ. Il entend d’y produire après du sésame, puis du maïs, ainsi de suite.

David et Alexis parlent de leur expérience dans cette vidéo ⬇️

Lire aussi ➡️ Lutte contre le changement climatique : La solution pas se par un « comportement éco-citoyen » de tous!

Armand Kinda

Minute.bf

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