Face à la presse le lundi 29 avril 2019 à Ouagadougou, Clément P. Sawadogo, coordonnateur de l’Alliance des partis affiliés à la majorité présidentielle (APMP), 2e vice-président du parti au pouvoir (Mouvement du Peuple pour le Progrès), n’a pas manqué d’égratigner le mouvement syndical au Burkina Faso. Il estime que « le mouvement syndical burkinabè est l’un des mouvements les plus teigneux, les plus durs… du monde entier ».
Au cours de cette conférence de presse, l’APMP est revenue sur le compris qu’il y a eu entre le gouvernement et les agents du Ministère de l’Economie, des Finances et du développement (MINEFID) permettant la levée du mouvement d’humeur qui paralysait les activités économiques au Burkina Faso. Le coordonnateur de ce groupement de partis a indiqué que l’accord passé avec les agents du MINEFID ne remet pas en cause les conclusions de la conférence nationale sur le système de rémunération des agents de la fonction publique tenue l’an dernier, mais vise, selon ses dires, à lever des obstacles dressés par ces agents à l’application sereine des nouvelles dispositions.
Ainsi, à en croire Clément P. Sawadogo, la décision prise par le gouvernement dans la résolution de la crise étant une mesure d’accompagnement en faveur des agents des finances limitée dans le temps, elle devrait permettre à son terme de retomber sur l’application radicale de ces nouvelles modalités de rémunération des agents de l’Etat. L’APMP a, en effet, déploré les « réactions radicalistes d’autres acteurs sociaux et d’une frange de l’opinion, enclins à ouvrir de nouveaux fronts d’agitation sur la base de comparaison mécaniques et d’une insuffisance analyse de la situation ».
L’APMP lance un appel pressant au calme à l’ensemble des travailleurs de l’Etat, en particulier à leurs organisations syndicales, et les invite à « faire preuve d’objectivité en renonçant aux prétentions exagérément comparatrices et égoïstes ». La prise en otage intempestive de l’économie nationale, des années scolaires ou de la santé des populations, ou encore de la justice, pour des motifs catégoriels est inadmissible, concède Clément P. Sawadogo qui a rappelé qu’ « aucun pays du monde ne peut évoluer positivement dans ces conditions ».
Lire aussi: Grogne sociale : Il faudra renoncer aux revendications exagérées selon l’APMP
« A 90%, le peuple burkinabè est outragé par ce que font les syndicats »
Le coordonnateur de l’APMP a apporté son jugement à l’action syndicale du Burkina Faso. Il estime que « le mouvement syndical burkinabè est l’un des mouvements les plus teigneux, les plus durs, les plus difficiles, du monde entier ». « Citez-moi un régime qui n’a pas eu maille à partir avec le mouvement syndical, qui dans sa radicalité est prêt à tout s’il n’obtient pas tout et tout de suite. (…) Ce régime-là est celui qui a le plus négocié avec les syndicats et qui a fait le plus de concessions aux syndicats (…). Lancez un sondage et vous verrez qu’à 90% le peuple burkinabè est outragé par ce que les syndicats font. Personne ne comprend cela. (…) Même si vous prenez tout le budget pour le leur partager ils continueront à revendiquer », s’offusque le 2e vice-président du MPP.
Revenant sur les primes de motivation octroyées aux agents du MINEFID qui font toujours jaser, M. Sawadogo a expliqué qu’il ne s’agit là que d’une simple mesure d’accompagnement, insistant sur le fait que « le FC est effectivement supprimé ». Ces agents auraient pris des prêts à environ 70 milliards de FCFA sur le fonds commun parce que les textes les y autorisaient. « Quelque part il ne faut pas aussi, les yeux fermés, dire on s’en fou, débrouillez-vous ! Il y a une banque à qui les agents devaient à elle seule plus de 28 milliards. Si on ferme les yeux à cela, c’est dire que déjà cette banque est liquidée et les autres banques auront aussi des problèmes », a-t-il expliqué.
D’autres points ont été abordés à cette conférence de presse. Ainsi, sur la question des négociations supposées au sommet de l’Etat avec des Djiadistes qui a beaucoup fait l’actualité la semaine dernière, l’APMP, rappelant que le journal qui a livré cette information « n’apporte pas des détails sur le contenu et le déroulement des supposés échanges, et reste laconique », a indiqué que ce n’est pas au moment où l’engagement déterminée des forces de défense et de sécurité avec la collaboration des populations produit des résultats visibles que le président du Faso serait enclin à changer de stratégie.
L’APMP dit être surprise de voir des leaders de l’opposition se livrer à « une danse de mauvais goût » autour de cette affaire. « Notre surprise est d’autant plus grande que paradoxalement, les mêmes sont les amis et alliés politiques et stratégiques des militaro-politiciens de l’ancien régime déchu qui ont dealé au grand jour en son temps et continuent certainement de dealer dans l’ombre avec ces seigneurs de la mort », a avancé le coordonnateur de l’APMP, qui doute cependant de la sincérité de la main tendue de l’ex président Blaise Compaoré dans la lutte contre le terrorisme. « Nous sommes attaqués depuis trois ans. Blaise Compaoré savait bien qu’il pouvait nous aider. Pourquoi attendre d’être dénoncé par le président Roch Marc Christian Kaboré avant de venir offrir ses services ? Pour moi, c’est un aveu quelque part… », conclura Clément P. Sawadogo.
Armand Kinda
Minute.bf